Coline Garré
Depuis le Baby-Boom, la proportion de femmes sans enfants n'a cessé d'augmenter en Europe pour atteindre 14 % (une femme sur sept nées après 1970) révèle l'enquête du numéro de janvier 2017 de Population et Sociétés de l'Institut national d'études démographiques (INED). Si elle s'est stabilisée en Europe de l'Ouest autour de 15 % et du Nord autour de 18 %, cette proportion continue de s'accroître en Europe du Sud, où jusqu'à 20 % des habitantes de Grèce, d'Italie et d'Espagne nées au début des années 1970 n’ont pas procréé.
Depuis le Baby-Boom, la proportion de femmes sans enfants n'a cessé d'augmenter en Europe pour atteindre 14 % (une femme sur sept nées après 1970) révèle l'enquête du numéro de janvier 2017 de Population et Sociétés de l'Institut national d'études démographiques (INED). Si elle s'est stabilisée en Europe de l'Ouest autour de 15 % et du Nord autour de 18 %, cette proportion continue de s'accroître en Europe du Sud, où jusqu'à 20 % des habitantes de Grèce, d'Italie et d'Espagne nées au début des années 1970 n’ont pas procréé.
11.01.2017 Rarement un choix, des difficultés économiques pesantes
Cette infécondité est rarement choisie, commentent les auteurs Éva Beaujouan et coll. En France (comme aux États-Unis) seulement 3 à 5 % des femmes font le choix de n'avoir pas d'enfant. En dehors des femmes qui souffrent de problèmes de stérilité (2 à 4 %), cette situation s'explique par une combinaison de facteurs personnels – avec un report indéfini du moment de devenir mère, résultant en partie de la difficulté à trouver le « bon partenaire » – et surtout économiques et sociales. L'INED explique l'augmentation récente du taux d'infertilité par un marché du travail hostile, perclus d'emplois précaires, des politiques familiales parcimonieuses, ou encore une offre de gardes d'enfants et congés parentaux inadaptée au développement du travail à temps plein des femmes. « Les pays du Sud, qui cumulent les difficultés les plus importantes sur le marché de l'emploi et les inégalités de genre les plus marquées, sont aussi ceux où l'infécondité a progressé récemment le plus vite », lit-on.
Un pic d'infécondité chez les générations nées en 1900
Aussi haut soit-il, le taux d'infécondité n'atteint pas encore le pic qui a touché les femmes nées au début du XXe siècle, qui sont entre 17 % et 25 % à n'avoir pas enfanté. En cause : le célibat féminin, à la suite de la Première Guerre mondiale qui a décimé une génération de jeunes hommes, ou encore de l'émigration des forces de travail des pays les plus pauvres d'Europe du Sud, du centre et de l'Est, vers des contrées plus riches.
Le taux d'infécondité a ensuite baissé chez les femmes nées dans les années 1930 et 40, en lien avec la forte croissance économique qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, le plein-emploi, la protection sociale mise en place par l'État providence, ou encore la pression sociale (époque du Baby-Boom). Ces générations dépassent même le seuil de remplacement (de 2,1 enfants par femmes). Seule une femme sur 10 ne devient pas mère.
Puis le taux d'infécondité remonte d'abord à l'Ouest, chez les femmes nées dans les années 1940 (avec la montée de l'individualisme, du souhait de se réaliser soi-même, d'une plus grande tolérance envers des vies moins conventionnelles) puis à l'Est, chez celles nées dans les années 1960 (non sans lien avec les changements politiques de 1989-1990, la transition brutale vers le capitalisme, les incertitudes de l'emploi).
Parmi les autres facteurs, l'INED cite également le développement d'une contraception efficace, une vie de couple plus tardive, une instabilité plus grande des unions. Enfin, les femmes diplômées du supérieur sont le plus souvent celles qui n'ont pas d'enfants.
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