09.03.2016
Il va falloir s’y faire : quoiqu’il arrive, le nombre de décès va augmenter dans les prochaines années. C’est l’INED qui délivre mercredi cette mauvaise nouvelle, après en avoir déjà annoncé une autre en novembre dernier, évoquant déjà une progression non négligeable du nombre de décès l’an passé. Ça va continuer, expliquent ses chercheurs, selon lesquels on devrait passer de 547 000 décès en 2015 à près de 770 000 par an à l’horizon 2050.
Qu’on se rassure : cette régression démographique est surtout l’effet des lois de la statistique. Il ne faut donc pas chercher dans la résistance aux antibiotiques, l’émergence de nouvelles pathologies ou la pollution croissante les raisons de cette contre-performance... Gilles Plison et Laurent Toulemon avancent au contraire deux facteurs explicatifs tirés de l'évolution de la pyramide des âges. Ce sont d’abord la disparition des « classes creuses » liées aux guerres : à partir du début des années 80, ces générations déjà âgées mais peu nombreuses ont expliqué une partie de la baisse de la mortalité. Or les derniers survivants ont disparu en 2010. A ce phénomène, se conjugue surtout l’arrivée à des âgées avancées des classes du baby-boom. Dans les années à venir, elles vont intégrer progressivement nos Ehpad, les derniers survivants ne s’éteignant que dans la décennie 2060…
Certes, les démographes estiment que parallèlement, l’espérance de vie continuera de progresser en France, tablant même sur 7,6 ans supplémentaires sur les 50 prochaines années, faisant passer l’espérance de vie à la naissance tous sexes confondus de près de 81 ans à presque 89 ans entre 2007 et 2060 ! Ils admettent d’ailleurs que les gains de longévité pourraient être supérieurs, visiblement instruits de prévisions passées sur l’espérance de vie, toutes démenties les unes après les autres : en 1979, les projections annonçaient ainsi 0,8 an seulement de progression entre 1975 et 1980… et « le gain a été en réalité de plus de 6 ans » !
Mais aux yeux des chercheurs de l’IRDES quoiqu’il arrive, ce n’est pas cette variable qui changera demain la croissance inexorable de la mortalité. « Même dans un scénario improbable où des innovations majeures en matière de lutte contre le vieillissement biologique permettraient à l’espérance de vie de faire un bond rapide de 10 à 20 ans, on n’échapperait pas à une forte hausse du nombre de décès quand viendrait le moment de la mort pour les baby-boomers, leurs propres décès n’étant alors retardé que d’une à deux décennies, » concluent-il en effet.
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