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mardi 8 mars 2016

A propos du traitement médicamenteux du trouble d’adaptation avec anxiété


Selon le DSM-5, le trouble d’adaptation avec anxiété est une réaction anxieuse disproportionnée survenant dans les trois mois suivant l’apparition d’un facteur de stress. Sa prévalence dans la population générale est estimée entre 0,9 et 2,3 %. Les médicaments de la famille des benzodiazépines sont le plus souvent prescrits par les médecins en dépit des risques à court et long terme de cette prescription (somnolence, troubles cognitifs, désinhibition…). L’étifoxine, anxiolytique disponible sur le marché français depuis 1979 aux effets secondaires limités, pourrait également avoir un intérêt dans cette indication. En effet, deux études qui ont comparé l’étifoxine au lorazepam (1) et à la buspirone (2) dans le TAA ont montré que l’efficacité anxiolytique de l’étifoxine était comparable à celle des deux autres produits avec des effets latéraux moindres. Un récent travail, paru dans Advances in Therapy, s’est à nouveau penché sur cette question en comparant l’étifoxine à l’une des benzodiazépines les plus prescrites, l’alprazolam.

Où le Stresam se compare au Xanax 

Cet essai de non infériorité contrôlé, randomisé, mené dans 17 centres en Afrique du Sud, entre 2011 et 2013, a inclus des patients présentant un trouble d’adaptation avec anxiété selon les critères du DSM-IV, avec un score sur l’échelle de Hamilton (Hamilton Anxiety Rating Scale) supérieur ou égal à 20. L’étifoxine à 150 mg par jour a été comparée en double aveugle à l’alprazolam 1,5 mg par jour, durant 28 jours. L’efficacité du traitement était évaluée par l’échelle de Hamilton à 7 jours, 28 jours (fin du traitement) et 35 jours (une semaine après l’arrêt du traitement).

Quels résultats ?

Deux cent un patients ont reçu le traitement au moins une fois. Les deux traitements étaient efficaces (diminution de l’anxiété à 29 jours de 72,5 % dans le groupe étifoxine et 79,7 % dans le groupe alprazolam). En ne prenant en compte que les 190 patients ayant participé à la première évaluation (95 dans chaque groupe), la non infériorité de l’étifoxine n’est pas démontrée à la fin du traitement (28 jours). En effet, l’intervalle de confiance à 90 % de la différence moyenne ajustée des scores de Hamilton entre les deux groupes était comprise entre 0,23 et 3,33, en faveur de l’alprazolam. A noter toutefois que la limite de 2,5 fixée par les évaluateurs pour considérer la non-infériorité n’est pas  « universellement » acceptée et qu’un seuil de 4 a été utilisé dans d’autres travaux sur les troubles anxieux. 
En ce qui concerne les critères secondaires, que ce soit l’auto-évaluation des symptômes de TAA, les scores CGI (Clinical Global Impression), le nombre de répondeurs, le sous score HAM-A psychique ou l’échelle SDS (échelle d'invalidité de Sheehan), aucune différence significative n’a été mise en évidence à J28 entre les deux traitements. 
Fait particulièrement intéressant, une semaine après l’arrêt du traitement, l’anxiété continuait à diminuer légèrement dans le groupe étifoxine alors qu’elle augmentait dans le groupe alprazolam (en rapport probablement avec un effet « rebond » bien décrit à l’arrêt des benzodiazépines). A J35, la différence moyenne ajustée des scores de Hamilton entre les deux groupes atteste de  la non infériorité de l’étifoxine par rapport à l’alprazolam. Il en est de même pour les critères secondaires.  

Quelle tolérance ?

Durant la période d’étude, 35 patients du groupe étifoxine ont rapporté un effet indésirable, contre 44 dans le groupe alprazolam (p = 0,214). Quatre évènements graves ont étés recensés, 2 dans chaque groupe, dont un surdosage d’alprazolam dans le groupe correspondant. Après l’arrêt du traitement, 16 évènements indésirables ont étés rapportés dans le groupe alprazolam, contre 4 pour l’étifoxine (p = 0,063). Le profil de tolérance (en particulier la somnolence) est ainsi favorable à l’étifoxine.
Quels facteurs prédictifs de la réponse au traitement ?
Aucun facteur prédictif significatif de la réponse aux traitements n’a été retrouvé que ce soit le score initial HAM-A ou différents critères socio démographiques et cliniques. 
Une alternative aux benzodiazépines
Selon l’auteur, l’étifoxine apparait ainsi représenter « une alternative intéressante dans la prise en charge du TAA ». 
Dr Isabelle Birden
RÉFÉRENCES
Stein DJ : Étifoxine versus alprazolam for the treatment of adjustment disorder with anxiety: a randomized controlled trial. Adv Ther 2015 ; 32 : 57–68.
1/Nguyen N et coll.: Efficacy of étifoxine compared to lorazepam monotherapy in the treatment of patients with adjustment disorders with anxiety: a double-blind controlled study in general practice. Hum PsychoPharmacol Clin Exp 2006 ; 21: 139-149.
2/Servant D et coll.: Traitement du trouble de l’adaptation avec anxiété : évaluation de l’efficacité et de la tolérance de l’étifoxine par un essai en double aveugle contre produit de référence. L’Encéphale 1998 : 569-574.

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