LE MONDE | | Par Antoine Flandrin
Des Françaises acclamant les GI, quand elles ne les couvrent pas de baisers. Cette image a contribué à faire de la Libération une fête où les civils français et les militaires alliés communièrent dans la joie. Depuis une dizaine d’années, les travaux des historiens permettent de nuancer ce récit idyllique. A la lumière de ces éclairages, le réalisateur Xavier Villetard lève le voile sur de nombreuses zones d’ombre.
Longtemps, les viols commis par les GI furent attribués aux troupes de soutien, le plus souvent composées de soldats noirs. Une centaine d’entre eux furent condamnés, parfois à la peine de mort. L’historienne américaine Mary Louise Roberts, auteure de Des GI et des femmes (Seuil, 2014), explique que l’armée américaine a « racialisé » ces viols pour ne pas porter atteinte l’image des GI. Il y eut également une part de racisme parmi les Françaises qui portèrent ces accusations. Certaines le regrettèrent amèrement.
Pour motiver ses soldats, l’armée américaine leur vendit l’image d’une France charnelle aux femmes faciles qui n’attendaient qu’eux. 80 % des soldats américains fréquentèrent des prostituées françaises pendant leurs permissions. Mary Louise Roberts va jusqu’à qualifier ce phénomène de « tsunami de luxure ».
Cette affirmation s’ajoute à la liste des dérapages commis par les soldats américains dans l’Hexagone que dresse ce film. Avant d’être les héros du monde libre, les GI formèrent, il est vrai, une armée comme les autres. Mais en insistant sur leur comportement de conquérants, on finit presque par oublier leur rôle de libérateurs.
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