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mardi 8 mars 2016

Autisme : le rapport 2016 de l’Académie

Alain Dorra
| 08.03.2016
Un rapport de l’Académie de médecine sur l’autisme en France intitulé "Autisme, aux confins de la psychiatrie du développement et de la neurologie, évolution des modèles et des pratiques",  coordonné  par les Prs Catherine Barthélémy et Marie Christine Mouren, a été présenté à la presse à l’occasion d’une journée de l’Académie consacrée à l’Autisme.

Ce documdent est issu des travaux menés depuis un an,  par la commission psychiatrie de l’Académie nationale de médecine (présidée par le Pr J.P Olié), afin de répondre aux questions se posant  sur la  démarche clinique, et  les outils applicables  dans l’autisme, l’apport de la  recherche et le partenariat avec les familles.  

Tout d’abord, le rapport insiste d’abord sur la place du médecin référent dans le réseau de soins et le repérage précoce. Son rôle n’est pas seulement de confier son malade aux spécialistes. C’est sur la base de son examen clinique psychique et somatique  que s’appuieront le diagnostic et la mise en place des soins spécialisés. Le médecin dispose pour le repérage dans la tranche de 0 à 3 ans, du carnet de santé de l’examen somatique et neurologique (poids,  taille, périmètre crânien)  complété de l’examen de la vision et de l’audition. Les signes de l’autisme précoce peuvent être repérés à 18 mois au moyen  de l’échelle CHAT.


Dès que la suspicion se confirme, l’enfant doit être orienté vers une équipe médicale neuro pédiatrique et pédopsychiatrique compétente en autisme.

De 3 à 15 ans, les échelles ADIR et ADOS fournissent une aide au diagnostic et à la mesure de l’intensité de l’autisme. La formulation du diagnostic doit s’accompagner d’une recherche des comorbidités neuropsychiatriques très fréquents : déficience intellectuelle, TDAH, troubles du langage, tics et maladie de  Gilles la Tourette, TOC, troubles du sommeil, troubles anxieux , etc. Il conviendra d’évaluer les divers secteurs du développement de l’enfant (langage, motricité, fonctionnement intellectuel) en consultations spécialisées.

A l’âge adulte, une comorbidité psychiatrique concerne 10 à 15% des patients. 40 à 70% des autistes ont un retard mental.  5 à 40% sont porteurs d’une épilepsie.  Et 17% des autistes sans déficit intellectuel s’intégreraient socialement.

 Deuxième grand domaine : la recherche.


Les données de la science ont mis en évidence une grande hétérogénéité des facteurs génétiques. Des mutations identifiées concernent des  gènes synaptiques NLGN3 et NLGN4x intervenant dans la synaptogénèse et SHANK 2 et 3, jouant un rôle dans l’échafaudage post-synaptique. D’autres gènes participant au fonctionnement synaptique ont été proposés comme candidats :  SynGAP et DLGAP2. 

Mais on estime à plus de 1000 le nombre de gènes facteurs de risque de troubles autistiques.
Les études d’imagerie fonctionnelle ont, elles , mis en évidence une diminution significative du débit sanguin cérébral au niveau du lobe temporal. D’autres indiquent une diminution de la connectivité fonctionnelle au sein d’un réseau d’aires fronto-temporales.
Sur le plan de la recherche thérapeutique, plusieurs travaux ont dégagé un effet favorable du bumétanide (un diurétique réduisant le chlore intra cellulaire) et de l’ocytocyne  (hormone de la sociabilité), effets qui demandent à être confirmés.
Fillette de trois ans

Sur le plan thérapeutique, et bien qu’il n’existe pas de médicament curatif de l’autisme, le rapport recense différents mode de prise en charge ayant leur utilité : programmes psycho-comportementaux, groupes d’habiletés sociales, rééducation du langage, traitements médicamenteux (neuroleptiques atypiques comme la risperidone, pour les troubles du comportement associés, méthylphénidate pour les troubles de l’attention).

Enfin, le rapport insiste sur l’importance du partenariat avec la famille. Tout au long de l’évolution de l’enfant, les parents restent en effet  les informateurs des médecins notamment pour repérer les troubles somatiques, particulièrement complexes chez l’autiste.

Le document  préconise aussi que le ministère de la santé et les ARS élaborent une structuration des différents niveaux d’intervention : repérage de niveau 1 (médecins de première ligne, généralistes, médecins de PMI), centres spécialisés ou niveau 2 (pédopsychiatres et psychiatres, pédiatres), cenre hospitalo- universitaire ou niveau 3 pour les situations diagnostiques ou thérapeutiques particulières et la recherche.

Sur un plan plus sociétal, le Pr Olié a par ailleurs  pointé du doigt « le scandale que constitue en France, la situation des autistes adultes » ; Selon lui, les psychiatres français se sont défaussés des soins lourds que constituait la prise en charge des autistes en préconisant auprès des pouvoirs publics  une prise en charge ambulatoire, inadaptée. Situation qui aboutit à des séjours d’autistes adultes en Belgique, dans  des structures répondant à leurs besoins, s’accompagnant d’une  prise en charge par la sécurité sociale française. 

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