| 27.01.2016
Suite à une année 2015 marquée par l'assouplissement de la loi Evin, la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) entend bien prendre sa revanche sur le lobby de l'alcool en 2016.
« Nous sommes sortis victorieux de la lutte contre le lobby du tabac mais nous restons modestes, rien n'est jamais acquis, il n'est pas un jour sans que je ressasse notre échec face aux industriels de l'alcool », a reconnu sa présidente, Danièle Jourdain Menninger, lors des vœux annuels de la mission. La loi Evin ayant été, selon elle, « vidée de son sens ».
Afin de préparer les futures politiques de prévention et de lutte contre l'alcoolodépendance, la MILDECA rédige, en ce moment, une lettre de saisine destinée à l'alliance nationale Aviesan pour les sciences de la vie et de la santé, pour réclamer une expertise collective rassemblant les connaissances scientifiques concernant l'alcool. Cette démarche s'inscrit dans la mise en oeuvre du plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les conduites addictives 2013-2017. En 2014, un travail similaire avait été réalisé sur les vulnérabilités des adolescents à l’usage des substances psychoactives.
Réunion au sommet de l'ONU
En avril prochain, une session extraordinaire de l'assemblée générale des Nations unis se tiendra sur le thème de la lutte contre les drogues. D'ici là, la MILDECA tient une série de réunions pour clarifier la position de la France. La prochaine se tiendra le 2 février autour du thème « Pourquoi se drogue-t-on ? »
L'assemblée générale de l'ONU doit tomber d'accord sur un texte de consensus. Un exercice qui s'annonce compliqué. « Il y a actuellement 3 gros blocs dans le monde », explique au « Quotidien » Danièle Jourdain Menninger : « L'Europe adopte une position humaniste, tandis que l'Amérique du Sud ne veut plus entendre parler de guerre contre la drogue et mise sur la dépénalisation. Le troisième bloc est constitué des pays qui appliquent toujours des peines très lourdes à l'encontre des consommateurs de drogue. »
Pour la MILDECA, l'année 2016 sera aussi celle du début de l'expérimentation des salles de consommation à moindre risque. Concernant la lutte contre le tabac, si elle se félicite des avancées de la loi de santé et notamment de l'arrivée du paquet neutre an mai prochain, Danièle Jourdain Menninger estime « que nous ne sommes pas encore allés assez loin », et appelé de ses vœux une politique plus agressive sur le prix des cigarettes.
Enfin, la MILDECA prépare actuellement un cahier des charges pour aider ses chargés de mission à évaluer les projets de prévention postulant à l'obtention d'un financement de sa part. La MILDECA distribuera ainsi une enveloppe de 9 millions d'euros en 2016.
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