La chute du « rideau de fer » après 1989 a entraîné une convergence progressive des modes de vie entre les pays occidentaux et ceux de l’ex-bloc communiste. Cependant, des divergences psychosociales subsistent, comme le montre une enquête comparative à laquelle ont collaboré des chercheurs du Royaume-Uni et de République Tchèque.
Cette étude a évalué les attitudes face à la stigmatisation à l’égard des malades mentaux dans des échantillons représentatifs (méthode des quotas) de 1 797 sujets en République Tchèque et 1 720 en Angleterre. Dans ces deux pays, l’âge des participants va de 16 ans à plus de 65 ans, et la répartition par sexe des personnes sondées est identique (48 % d’hommes et 52 % de femmes). L’outil utilisé pour évaluer l’importance de la stigmatisation est le questionnaire RIBS [1], Reported and intended behaviour scale, échelle des comportements constatés (passés et présents) ou envisagés (dans le futur).
Selon la propagande communiste, rappellent les auteurs, il n’existait officiellement «aucun problème social dans les sociétés communistes, et les sujets avec des troubles mentaux se trouvaient systématiquement mis à l’écart de ces sociétés dans des asiles psychiatriques. » Dans ces conditions de déni constant et d’occultation générale, les questions de stigmatisation et de déstigmatisation ne se posaient donc pas à l’époque communiste et ne commencent que depuis peu à préoccuper les pays européens de l’ex-bloc communiste. La comparaison des résultats de ce sondage entre les deux pays montre la persistance d’une stigmatisation « préoccupante » en République Tchèque, avec des taux de défiance vis-à-vis des malades mentaux « beaucoup plus élevés » qu’en Angleterre, en particulier une moindre « bonne volonté pour accepter quelqu’un ayant des problèmes de santé mentale. »
Ce constat incite à « poursuivre les recherches sur ce thème afin de mieux comprendre les comportements de stigmatisation pour les réduire », et à développer des programmes anti-stigmatisation dans les pays de l’ex-bloc communiste, sur le modèle des interventions ayant déjà fait preuve d’une certaine efficacité dans des pays occidentaux.
Dr Alain Cohen
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