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jeudi 29 octobre 2015

Coup de bec du « Canard » sur des DU de facs de médecine « sans assise scientifique »

Coline Garré
| 28.10.2015
Le « Canard enchaîné » épingle dans son édition du 28 octobre certains diplômes universitaires s’éloignant de la médecine par les preuves, proposés à des prix élevés par les universités.

Le journal cite, pêle-mêle : le diplôme de psychothérapeute EMDR, psychotraumatologue et compléments psychopathologies, 3 200 euros pour 145 heures à Metz, la méditation pleine conscience, pour 1 845 euros à Limoges, la programmation neurolinguistique à Rennes, la réflexothérapie plantaire à Papeete, ou encore la naturothérapie à l’université catholique de Guingamp, facturée entre 2 200 euros en formation initiale et 3 220 euros en continue.


« Le Canard » brocarde « les thérapies les plus aléatoires prétendant lier corps et âmes », qui donnent lieu à des DU « sans véritable assise scientifique »« Sur la liste de 90 DU, les deux tiers sont obtenus dans des facs de médecine », lit-on.

La raison : « Cette réorientation marketing constitue une planche de salut pour les universités devenues autonomes depuis la loi Pécresse et désormais à la recherche de tous les moyens pour combler leurs déficits », explique le « Canard ».

La lettre sans réponse des médecins

L’hebdomadaire révèle l’envoi d’une lettre le 3 mars aux ministres de la Santé et de l’Éducation nationale, signée par une douzaine de sommités médicales et scientifiques, dont le prix Nobel de Chimie Jean-Marie Lehn, le président de la commission médicale de l’AP-HP, le Pr Loïc Capron, un membre de l’Académie nationale de médecine, ou encore l’ancien doyen de la faculté de Necker, le Pr Philippe Even. Ils réclamaient la suppression « de ces diplômes universitaires se rapportant au domaine médical, mis en place localement et donc sans évaluation nationale ». Le courrier est resté lettre morte.

Joint par « le Quotidien », le Pr Capron réitère sa ferme opposition depuis des années à ces « éléments non scientifiques » pour lesquels il n’a pas de mots assez durs. « Il existe une continuité entre ces pseudo-thérapies et les sectes, qui peuvent pénétrer par cette voie dans l’hôpital. En tant que responsable de la qualité et de la sécurité des soins, je lutte contre tout ce qui n’est pas "evidence based" », explique-t-il. Le président de la CME englobe dans son combat les médecins complémentaires. En 2012, l’AP-HP avait tenté de mettre en place un comité hospitalo-universitaire pour les médecines complémentaires (CHUMC). « J’ai mis en veilleuse cette instance, comme j’ai brisé toute velléité sur ce sujet au sein de la CME », assume le Pr Capron.

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