San Francisco, le samedi 31 octobre 2015 – Des doigts de pied peints. Et un chat. C’est une photo comme on peut en voir des dizaines sur les blogs de femmes et de mères, qui aiment à évoquer leur quotidien avec leurs enfants, leurs interrogations, leurs moments de pause (comme une pédicure). Pourtant, l’auteur américain de ce blog n’est peut-être pas tout à fait une mère de famille comme les autres. Elle a 45 ans, élève ses trois enfants de moins de sept ans, et vit avec eux et son époux dans une banlieue sans problème de San Francisco. Elle poursuit une carrière professionnelle intéressante dans la santé publique et assure mener une existence parfaitement confortable comme elle le raconte elle-même. Mais penchons nous un peu plus sur les écrits de son blog. Tracey Helton évoque donc sa dernière séance de pédicure : « Tandis que je me faisais masser les pieds, je me suis surprise à penser "C’est meilleure qu’un shoot d’héroïne" ». Comparaison un peu osée d’une blogueuse qui ne recule pas devant l’exagération ? Pas tout à fait, car Tracey Helton sait parfaitement ce qu’est un shoot d’héroïne.
Les mensonges des adultes et la promesse de la Vicodin
En 1999, ce n’est pas sur internet que Tracey évoquait sa vie, mais sur la chaîne HBO qui diffusait un reportage réalisé entre 1995 et 1998, consacré à cinq toxicomanes vivant dans les rues de San Francisco, intitulé « Black Tar Heroin : The Dark End of te Street ». Tracey, 25 ans, de beaux cheveux noirs, des yeux bleus étincelants était l’une des héroïnes de ce glaçant documentaire, révélant sans nuance le quotidien de ces jeunes toxicomanes. Devant la caméra qui la montre en train de s’injecter sa dose quotidienne dans le haut de sa cuisse, elle explique avec simplicité : « J’avais entendu parler de l’héroïne, et je me suis dit qu’en prendre devait être une expérience intéressante. J’ai toujours dit que je voulais tout essayer au moins une fois dans ma vie ». Sa première « expérience » avec la drogue remonte à l’époque où elle n’était qu’une lycéenne : de la Vicodin lui avait été prescrite après le retrait de ses dents de sagesse. « Je suis tombée amoureuse de l’effet provoqué par les opiacées. Mes soucis semblaient comment envolés sous son influence. Dès lors j’ai recherché à retrouver ce sentiment ». Les discours maintes fois entendus dans son entourage sur la dangerosité de la drogue n’ont aucune prise sur elle. « A sept ans j’avais déjà vu mon père ivre mort à de nombreuses reprises. J’avais déjà surpris des personnes plus âgées sous l’emprise de la drogue » raconte-t-elle. Très tôt, elle constate l’incommensurable fossé entre les déclarations de bon aloi des adultes et leur comportement. « J’ai compris qu’ils mentaient ».
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