Les prescriptions de psychotropes chez les personnes présentant un handicap mental sont-elles toujours justifiées ?
C’est la question que se pose une étude réalisée au Royaume-Uni et concernant les données de plus de 33 mille patients présentant une déficience intellectuelle. Ces derniers ont plus souvent que la population générale des troubles du comportement mais leur présentation parfois atypique, les difficultés de communication ou d’accès aux soins peuvent poser des problèmes de diagnostic. Par ailleurs, la prescription des psychotropes augmente régulièrement depuis plusieurs années et, si des recommandations ont été édictées pour la rationnaliser, il n’est pas certain qu’elles soient toujours respectées.
C’est ce qu’a voulu savoir une équipe londonienne. Les données des patients, tous atteints de handicap mental, ont été examinées sur 5,5 ans. Au total 21 % des sujets de la cohorte ont un diagnostic de maladie mentale dès le début de la période d’observation (il s’agit d’une maladie mentale grave pour 7 %), 25 % des troubles du comportement (conduites agressives, d’auto-mutilation, d’agitation, stéréotypies, etc.) et 49 % une prescription de psychotrope. Mais alors que les taux par personne-année de maladie mentale sévère et de prescription d’antipsychotiques ou de stabilisateurs de l’humeur déclinent au cours du suivi, les nouvelles prescriptions d’antipsychotiques dépassent significativement la proportion de patients diagnostiqués comme ayant une pathologie psychiatrique. Elles sont notamment plus fréquentes dans des indications de troubles du comportement (IRR 2,08 ; intervalle de confiance à 95 % [IC95]: 1,90 à 2,27), d’autisme (1,79 ; 1,56 à 2,04) ou de démence (1,42 ;1,12 à 1,81), ainsi que chez les patients les plus âgés.
Selon Rory Sheehan et coll., cela pose le problème de l’efficacité et de la sécurité d’emploi des psychotropes chez ces patients atteints de handicap mental sans maladie psychiatrique décelée, et plus particulièrement quand ils sont prescrits dans l’indication de troubles du comportement.
Dr Roseline Péluchon
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