Christophe, infirmier en psychiatrie, est l'auteur d'une série de nouvelles. Des histoires tristes et sombres, parfois plus légères. Nous publions une de ces nouvelles : "un pyjama vert".
Le risque de fugue était écarté car le service des hospitalisations sous contrainte était fermé à clef mais nous craignions grandement qu'il puisse se faire du mal.Le vieil homme nous avait suffisamment inquiété pour que nous décidions pour sa sécurité de le transférer ce soir là dans la chambre d'isolement.
Il nous y avait suivi sans difficulté, comprenait nos inquiétudes même s'il semblait révolté.
Nous lui expliquions ce qui allait se passer, et il s'apprêtait calmement à passer la soirée dans cette pièce sordide.
Curieusement, c'est quand nous lui avions demandé de retirer ses vêtements pour mettre le pyjama vert de l'hôpital qu'il s'était soudainement effondré en larmes, nous suppliant de ne pas lui infliger cette humiliation.
Les quatre murs sales de la petite pièce fermée lui étaient étonnamment plus acceptables que le pyjama que nous devions lui faire porter.
Dans le service, le protocole, à moins que ce ne soit l'habitude, nous imposait certaines règles dans la prise en charge des patients en chambre d'isolement. Par exemple, le patient devait être fouillé lorsqu'il intégrait ce lieu de soin pour éviter qu'il n'y introduise des objets dangereux. Les repas y étaient servis avec des couverts en carton ou en plastique, les soignants devaient intervenir toujours à deux, les briquets et autres objets dangereux étaient soustraits. Toutes ces règles de sécurité nous obligeaient à une discipline sans faille.
Et il fallait porter le pyjama vert.
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