Cette fois, ce sont les psychiatres qui aimeraient pouvoir s’allonger dans un divan afin d’être écoutés et entendus. Les équipes de psychiatrie du Centre hospitalier Sud francilien (CHSF), qui couvrent les secteurs de Corbeil-Essonnes, Evry, Vigneux-sur-Seine et Yerres, soit un bassin de 500 000 habitants (*), disent être à bout.
En cause, un manque de moyens humains de plus en plus criant.
« Nous subissons des suppressions de postes depuis 15 ans. Nous avions déjà prévenu que nous arrivions à la limite. Cette fois, elle est dépassée », dénonce Paul Brétecher, médecin psychiatre à Corbeil. Et ce, alors que lacrise économique touche « les populations les plus pauvres, les plus précaires, qui sont les plus demandeurs de soins en psychiatrie », pointent les médecins. Ils ont listé les manques à une quinzaine de postes dont au moins six psychiatres, trois psychologues, quatre infirmiers pour les adultes et une vingtaine de postes pour les enfants. Les médecins craignent que cela aboutisse à des délais d’attente pouvant atteindre les neuf mois. Ils s’alarment également des recours aux CDD, empêchant le suivi des patients. Tout cela au nom de la « logique économique implacable de l’administration qui exige le rétablissement de l’équilibre financier du CHSF (NDLR : le déficit devrait être d’environ 15 M€ en 2015 contre 35 M€ en 2012), sachant que la psychiatrie est un secteur bénéficiaire. »
Difficultés de recrutement
Le chef du pôle psychiatrie, Jean-Charles Galopin, nuance. « C’est vrai que les conditions d’exercice sont compliquées. Le CHSF a un retour à l’équilibre imposé avec un cahier des charges difficile. Les manques actuels sont dus à un retard dans la compensation des postes. Ceux qui partent ne sont pas immédiatement remplacés. Mais nous avons, nous aussi, des choses à retoiletter dans nos pratiques. »
La direction du CHSF affirme que « les équipes de psychiatrie ne sont pas particulièrement affectées » par les mesures d’économies, et explique avoir du mal à recruter sur les postes actuellement vacants. Elle fait aussi valoir les investissements qui ont été réalisés avec la création de 52 lits supplémentaires, l’ouverture d’un accueil de crise et d’urgence, la création de deux hôpitaux de jour… Et prévoit encore l’ouverture d’un hôpital de jour de 15 places à Evry en 2017. Mais les médecins assurent que tout cela a été fait à moyens constants.
(*) Corbeil, Saint-Germain-lès-Corbeil, Saint-Pierre-du-Perray, Tigery, Villabé ; Evry ; Vigneux, Montgeron, Crosne ; Yerres, Brunoy, Quincy-sous-Sénart.
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