Première femme à exercer la médecine au Canada, Emily Stowe fut aussi une suffragette convaincue et son acharnement aboutira à la création du premier collège de médecine spécifiquement réservé aux femmes.
Née en 1831 dans une famille de fermiers quakers de l’Ontario, Emily est, dès l’âge de 15 ans, institutrice dans une petite école. Son combat pour la cause des femmes va débuter alors qu’elle a 21 ans lorsqu'elle fait une demande d'admission au Collège Victoria de Cobourg et se voit refusée en raison de son sexe. Elle est cependant acceptée à l'école normale du Haut-Canada, à Toronto, la seule école d'études supérieures ouverte aux femmes en Amérique du Nord britannique et y obtient brillamment son diplôme en 1854.
Une vocation médicale provoquée par la tuberculose de son mari
Devenue première femme à être directrice d’une école publique au Haut-Canada, Emily épouse un Anglais originaire du Yorkshire, John Stowe, qui lui donne trois enfants. Peu après la naissance du dernier, John contracte la tuberculose et pour le soigner elle se décide à explorer les domaines de l’homéopathie et des herbes médicinales. Dans la foulée, elle décide d’entamer des études de médecine et de s’inscrire à l’école de médecine de Toronto qui lui refuse l’admission. « Les portes de l'Université ne sont pas ouvertes aux femmes, et je suis certain qu'elles ne le seront jamais », lui déclare le recteur de l'Université.
Emily Stowe n’a d’autres ressources donc que de s’installer à New York pour intégrer le collège de médecine pour femmes où l’on enseigne principalement l’homéopathie. Après avoir obtenu son diplôme en 1867, la jeune femme canadienne rentre à Toronto. Et, même si elle n’a pas obtenu le permis d’exercer, elle y ouvre un cabinet. En effet, à l’époque, au Canada, les médecins homéopathes et les médecins formés aux États-Unis sont contraints de suivre un cursus au Canada afin d’avoir l’autorisation de pratiquer.
Humiliations à l’université
Emily Stowe devra batailler pendant cinq ans avec l’université de Toronto avant que celle-ci accepte qu’elle suive les cours de médecine. Elle a pour condisciple Jenny Trout et les deux femmes vont aller d’humiliations en humiliations, aussi bien de la part des professeurs que des élèves. Devant ce déchaînement de haine, Emily Stowe renonce à passer les examens et retourne exercer à son cabinet, permis ou pas.
Cette difficulté à être reconnue par la communauté médicale va faire d’Emily Stowe une suffragette enragée et elle participe activement en 1877 à la foundation la Confrérie littéraire des femmes de Toronto, un organisme très influent, premier groupe de suffragettes du Canada à se battre pour les droits des femmes et pour de meilleures conditions de travail. L’association va vite connaître ses premiers succès, les études supérieures étant enfin accessibles aux femmes de Toronto.
Parallèlement à son activité féministe, Emily poursuit sa pratique se spécialisant dans les soins des femmes et des enfants. En 1879, on l'accuse d'avoir effectué un avortement sur une de ses patientes. Elle doit subir un long procès au cours duquel on examine ses compétences et on appelle des membres d'établissements médicaux de Toronto à la barre pour témoigner de son tempérament, de ses capacités et de sa conduite professionnelle. Elle est finalement acquittée.
En 1880, après bien des vicissitudes donc, Emily Stowe obtient finalement son permis d'exercice de la médecine du Collège des médecins et des chirurgiens de l'Ontario et devient ainsi la deuxième femme médecin à exercer officiellement au Canada. En 1883, Emily Stowe sera aussi à l’origine de la création du collège de médecine des femmes de l’Ontario.
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