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mardi 28 avril 2015

Besoin de stratégies préventives en santé mentale


Des recherches menées en Australie dans les années 1990 ont confirmé la fréquence importante des maladies mentales qui touchent environ une personne sur cinq, mais restent souvent non traitées. Et malgré un renforcement de l’offre de soins en psychiatrie, on n’observe depuis vingt ans «aucune amélioration notable » dans la santé mentale des Australiens. Le seul progrès perceptible a été obtenu dans la réduction du taux de suicide, effective dans ce pays depuis la fin du vingtième siècle.
Ce constat s’explique sans doute par le fait que l’Australie a consacré prioritairement ses ressources à la réduction de la durée des affections psychiatriques, en promouvant les traitements, mais a omis parallèlement de « réduire leur incidence en renforçant la prévention. » Cette situation incite à rééquilibrer les efforts en psychiatrie vers la prévention des troubles mentaux, plutôt que d’allouer presque tous les moyens aux seuls services de soins.

Une étude sur la santé mentale et le bien-être (réalisée en Australie en 1997) a montré que « 41% des sujets atteints de troubles affectifs ne reçoivent aucun traitement, de même que 62 % des sujets souffrant de troubles anxieux et 76 % des patients avec une addiction. » Connu sous le nom évocateur de « déficit thérapeutique », ce problème se retrouve dans tous les pays où des statistiques similaires existent, et préoccupe l’OMS qui a proposé en 2001 « dix recommandations pour réduire cet écart de traitement » dans le domaine de la santé mentale.
En parallèle à ces insuffisances dans la prévention, le dépistage, et les soins précoces, on constate un recours « dramatiquement élevé » aux médicaments psychotropes dont la fréquence augmente dans de nombreux pays, en particulier pour les prescriptions d’antidépresseurs. L’auteur déplore que la recherche en matière de prévention ne constitue pas une priorité du gouvernement (australien), mais cette carence du secteur public pourrait être compensée par des financements privés. Et s’il n’existe pas de «barrière technique » pour promouvoir une « stratégie nationale de prévention des maladies mentales », la fixation de cet objectif exige une « volonté politique. » Or celle-ci semble encore faire défaut, dans la mesure où les résultats de la prévention ne surviennent qu’à long terme, alors que les décideurs privilégient au contraire les traitements curatifs aux effets plus rapides.
Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
Jorm AF : Why hasn’t the mental health of Australians improved? The need for a national prevention strategy. Aust N Z J Psychiatry, 2014; 48: 795–801.

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