Les suicides de deux étudiantes en médecine françaises de la faculté de Cluj-Napoca, en Roumanie, et la tentative de suicide de deux autres de leurs camarades, en mars dernier, mettent en lumière les graves difficultés rencontrées par ces jeunes expatriés qui souhaitent à tout prix devenir médecin.
Environ un millier d’étudiants français ont contourné le numerus claususet sont actuellement en formation à Cluj en médecine, pharmacie, odontologie ou médecine vétérinaire.
Cette vague d’actes suicidaires d’étudiantes de 4e, 5e et 6e années inquiète fortement les autorités roumaines et françaises. L’université de Cluj a ouvert une cellule psychologique et les carabins de la faculté ont mis en place une ligne d’écoute téléphonique, accessible 24 heures sur 24, pour répondre à d’éventuels appels de détresse de carabins français, a révélé « le Monde ».
Prudence du ministère de la Santé
Contacté par « le Quotidien », le ministère de la Santé adopte la plus grande prudence sur ce sujet sensible. « Par respect pour les personnes concernées et leurs familles, nous veillons à examiner les circonstances, forcément complexes, de ces drames, explique-t-on avenue de Ségur. L’État français a envoyé un médecin pour effectuer un suivi psychologique auprès des étudiants français qui poursuivent leurs études de médecine dans ce campus. »
Une réunion associant les ministères des Affaires étrangères, de la Santé et de l’Éducation nationale s’est tenue en fin de semaine pour tenter d’éclaircir les circonstances de ces récents drames.
Une vie étudiante normale
Dimitri Moulu, président de la corporation de médecine de la faculté roumaine, prend également ses précautions. « Les quatre personnes concernées ne se connaissaient pas et n’avaient pas de lien entre elles, explique-t-il. La vie à Cluj se passe bien et les études n’y sont pas plus stressantes qu’en France. »
Le rythme de travail ne serait pas plus élevé dans cette faculté roumaine. « Les étudiants vont en stage le matin et en cours l’après-midi, de 30 à 35 heures par semaine », explique Dimitri Moulu.
Tous les cours sont dispensés en français, il n’y a pas de barrière de la langue. « Nous sommes loin de chez nous mais nous vivons bien ici, nous avons accès aux projets de santé publique, des tournois de foot sont organisés avec les Roumains et les Anglais, nous avons une vie étudiante normale ».
Difficile préparation aux ECN
Les étudiants français de Roumanie doivent cependant se préparer à distance aux épreuves classantes nationales (ECN), examen pour lequel ils ne sont pas directement formés. L’an dernier, une vingtaine de candidats français de Cluj ont passé les épreuves classantes nationales (ECN) mais ils seront plus nombreux à partir de cette année.
L’informatisation des ECN (le passage des épreuves sur tablettes), qui entrera en vigueur l’an prochain, inquiète les carabins français exilés. La corporation de Cluj a même récemment interpellé les pouvoirs publics pour tenter de trouver les meilleures conditions de retour au pays des futurs médecins. Les étudiants de Cluj réclament de pouvoir accéder au système informatique de préparation aux épreuves (SIDES) et de pouvoir participer aux ECN blancs organisés par le CNG. Les candidats européens souhaitent également rapidement savoir dans quelle ville ils devront plancher lors des ECN 2016.
Une prochaine rencontre réunira avant l’été les différents acteurs roumains et français concernés par la préparation aux ECN, annonce le ministère de la Santé.
Christophe Gattuso
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