Qui sont les médecins qui s’installent en France avec un diplôme étranger ? Quels sont leurs parcours, leurs diplômes, leurs lieux d’installation ? Le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) a rendu publique, jeudi 27 novembre, une étude détailléesur les « flux migratoires et les trajectoires » de ces professionnels de santé qui représentent 8,2 % des 276 354 médecins inscrits au tableau de l’Ordre au 1er janvier.
Au total, en 2014, l’Ordre a recensé 22 568 médecins titulaires d’un diplôme européen ou extra-européen, parmi lesquels 19 044 exercent de façon régulière. Depuis 2007 – date qui a notamment marqué l’entrée de la Roumanie dans l’Union européenne –, ce nombre a connu une augmentation de 60 %. Pour l’organisme professionnel, cette hausse « a une forte probabilité de se confirmer d’ici à 2020 pour atteindre plus de 30 000 médecins titulaires d’un diplôme obtenu hors de France ».
Patrick Romestaing, le vice-président du CNOM, note une tendance déjà relevée en 2013 : près d’un quart des nouveaux médecins qui s’installent chaque année en France ont désormais un diplôme délivré par une université étrangère. Soit environ 1 700 par an. Un chiffre qui suscite des « interrogations » du côté de l’Ordre. « Pourquoi mettre un numerus clausus si celui-ci peut être détourné ? Est-on toujours dans le bon scénario ? », demande-t-il, en précisant toutefois qu’il ne faut pas « déréglementer » ce système mis en place en 1971.
« Débat éthique »
En 2005, une directive européenne a institué une reconnaissance automatique des diplômes européens. Sous réserve d’une« attestation de conformité », les médecins titulaires d’un diplôme européen relèvent donc de la libre circulation et peuvent à ce titre s’installer où ils le souhaitent. Des commissions universitaires doivent en revanche délivrer des autorisations d’exercice au cas par cas pour ceux qui ont un diplôme extra-européen.
Les deux tiers de ces médecins diplômés à l’étranger sont salariés (62,4 %) quand ce pourcentage n’est que de 43,6 % pour les titulaires d’un diplôme français. En majorité, ils choisissent de s’installer dans les régions déjà considérées à forte densité médicale comme l’Ile-de-France (qui regroupe 29 % d’entre eux), Rhône-Alpes, ou Provence-Alpes Côte-d'Azur. Ce qui fait dire à Patrick Romestaing que, « contrairement aux idées reçues, ces médecins ne répondent pas aux difficultés démographiques dans les territoires en tension ».
Autre enseignement de l’étude : 40,9 % des médecins titulaires d’un diplôme non français l’ont obtenu en Roumanie. Actuellement, 840 médecins généralistes exerçant en France sont nés en Roumanie. En 2020, ils devraient être plus de 2 700, estime l’Ordre. Pour Patrick Romestaing, les chiffres de cette étude devraient « lancer le débat au niveau de l’Union européenne sur les conséquences de ces migrations » et même, plus largement,« déboucher sur un débat éthique ». « En effet, dit-il, certains pays se trouvent aujourd’hui en difficulté parce que leurs propres médecins quittent le pays pour venir en France. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire