À l’occasion de l’inauguration du bâtiment Jean Delay, à l’hôpital Sainte Anne, mercredi 24 septembre, la ministre de la Santé Marisol Touraine a présenté les grandes lignes de sa politique en santé mentale et psychiatrie, ébauchée en partie dans l’article 12 du projet de loi santé.
Elle a d’abord insisté sur la nécessaire déstigmatisation du « monde de la psychiatrie », patients comme professionnels, marquant ainsi sa distance à l’égard du discours d’Anthony prononcé par Nicolas Sarkozy en 2008. « Une personne sur cinq sera touchée par une maladie psychique au cours de sa vie » et 10 000 personnes se suicident chaque année en France, a rappelé la ministre.
Un secteur, un chef de secteur
Elle a surtout réaffirmé l’existence d’une mission de « psychiatrie de secteur », très attendue des psychiatres et qui s’inscrit, via le projet de loi santé, dans le cadre du service territorial de santé au public (STSP).« Elle contribuera à la prévention et à l’insertion des personnes avec les autres acteurs du territoire » libéraux, sociaux, et médico-sociaux, a-t-elle déclaré. « La psychiatrie de secteur est pour moi indispensable dans l’égalité d’accès à des soins spécialisés de proximité », a-t-elle ajouté.
Répondant aux inquiétudes de la profession, elle a évoqué l’existence d’un chef de secteur, et affirmé que le principe de l’appartenance d’un établissement de santé à un seul groupement hospitalier de territoire (GHT) ne s’appliquera pas aux structures spécialisées en santé mentale, qui pourront adhérer à plusieurs GHT. En outre, ces « GHT n’empêcheront pas les services de psychiatrie des hôpitaux généraux de coopérer avec d’autres établissements dans le cadre d’un projet médical, y compris en dehors de ce Groupement », a-t-elle promis.
Une nouvelle mission confiée à un DG d’ARS
La ministre de la Santé a par ailleurs ébauché quelques pistes pour remédier à la crise démographique des psychiatres hospitaliers publics : favoriser la prolongation d’activité des professionnels en exercice et travailler sur l’attractivité du début de carrière, développer l’exercice infirmier en santé, et renforcer le rôle des psychologues cliniciens ou des assistants sociaux.
Marisol Touraine a confié à Michel Laforcade, directeur général de l’Agence régionale de santé d’Aquitaine, une mission sur la psychiatrie et la santé mentale, qui pourrait nourrir des amendements au projet de loi, examiné début 2015. Elle porte sur le décloisonnement entre secteurs sanitaire, médico-social et social, les parcours de soins et de vie (Marisol Touraine a notamment réaffirmé l’importance des conseils locaux de santé mentale ou des conseils locaux de santé), sur les métiers de demains, et sur la citoyenneté.
Un « bon discours »
« C’est le contrepoint total des discours stigmatisants du passé », a réagi le Dr Norbert Skurnik, président de la CME commune de la CHT. Il s’est notamment félicité de la création d’un chef de secteur, disparu depuis la loi HPST, de l’ouverture des services psychiatries à plusieurs GHT, et des mesures pour résorber la crise démographique.
Sur la même longueur, le Dr Michel Triantafyllou, président du syndicat des psychiatres d’exercice public, également présent dans la salle, a salué un discours globalement satisfaisant.
Mais ni l’un ni l’autre ne retirent leur appel à la grève le 14 octobre. « Ce n’est pas un discours sur la psychiatrie qui règle tous les problèmes de la loi de santé », affirme le Dr Skurnik.
Coline Garré
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