L’assurance maladie va-t-elle essaimer en Suisse ? C’est en tout cas le sens d’un projet soumis au vote de la population helvétique, dimanche prochain. Suggérée par la gauche, la proposition prévoit la création d’une caisse d’assurance maladie d’État, un peu sur le modèle français, entraînant une reconfiguration du système basé sur des assurances privées. Actuellement, tout résident suisse, y compris étranger, doit s’assurer pour les soins médicaux de base, auprès de l’une des 61 caisses maladies. Individuelles et indépendantes des revenus, les cotisations varient en fonction de l’âge, de la région du domicile, de la caisse maladie choisie… Elles peuvent toutefois être allégées moyennant une limitation du choix du médecin ou une franchise élevée.
Pour les partisans du changement, seule une caisse publique mettrait fin à l’« explosion » des cotisations et garantirait leur utilisation efficace et transparente. Comme l’explique Michel Matter, président de l’association des médecins genevois, favorable à la fin du régime privé d’assurance santé, « en Suisse depuis 20 ans, les coûts de la santé ont augmenté de 80 %, les cotisations de 125 %, cela ne va plus, cela doit changer ». Les défenseurs de la mesure reprochent également aux assureurs de mettre les citoyens mauvais payeurs sur liste noire pour dissuader les médecins de les soigner. Et d’accuser les caisses privées, auxquelles la loi interdit de faire des bénéfices dans l’assurance maladie, d’utiliser les cotisations pour financer leurs campagnes publicitaires.
Du côté du gouvernement, du Parlement et de la droite, on considère non seulement que ce système de libre concurrence a fait ses preuves mais aussi qu’il n’engendre pas de dettes. « En Suisse, nous n’avons pas de déficit, c’est un système qui est sain. On peut effectivement dénoncer un manque de transparence de certaines caisses d’assurance maladie, mais ce n’est pas l’étatisation des caisses maladies qui va résoudre ces problèmes » veut croire Ivan Slatkine, vice-président du Parti Libéral-Radical (PLR, droite). De l’avis de la droite, l’augmentation des cotisations, inéluctable, doit être imputée à la hausse des coûts engendrés par le vieillissement de la population et l’utilisation de technologies toujours plus modernes. Un raisonnement qui semble convaincre les Suisses : selon les derniers sondages, 54 % d’entre eux rejettent la proposition, contre 34 % favorables. L’argument du rapprochement du modèle français d’assurance-maladie laisse encore 8 % de la population indécise.
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