« À l’instar de la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, il est apparu qu’il existait des spécificités cliniques, psychopathologiques, et par la suite de prise en charge, de traitement et d’évolution, liées à l’âge » explique le Dr Cécile Hanon (coordinatrice d’un ouvrage collectif sur la psychiatrie du sujet âgé)[1]. Schématiquement, le champ de la gérontopsychiatrie concerne à la fois les « pathologies psychiatriques évoluant avec l’avancée en âge » (à peu près tout le spectre de la nosographie habituelle !) et celles «apparaissant plus tardivement » (comme les aspects psychiatriques des troubles d’involution cognitive). Mais comment définir objectivement le vieillissement, critère inhérent à cette sub-spécialité ?
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, il s’agit d’un « processus, lent et progressif, qui modifie la structure et le fonctionnement de l’organisme à partir de l’âge mûr et qui doit être distingué des manifestations des maladies ». Définition bien sûr contestable, car elle ne fait que déplacer le débat sur l’appréciation d’un présumé « âge mûr » et sur la distinction (parfois arbitraire) entre des altérations fonctionnelles d’ordre physiologique (liées à l’âge) ou pathologique (imputables à une maladie avérée).
Quoi qu’il en soit, l’auteur rappelle que la contribution de la psychiatrie dans l’offre de soins aux personnes âgées se révèle « pertinente », notamment grâce aux apports multidisciplinaires « dont elle sait s’enrichir : neurosciences, éthique, philosophie, sciences humaines et sociales. » Et le travail ne risque pas de manquer en la matière, puisqu’on observe depuis plusieurs décennies dans le monde une remarquable «explosion démographique de la population âgée », celle-ci comptant actuellement « plus de 800 millions de personnes de plus de 65 ans », les projections avançant une estimation de « 2 milliards en 2050. » Et les prévisions en France sont conformes à ce choc démographique, car ces personnes âgées devraient y constituer vers 2030 environ «28 % de la population dont près de 150 000 centenaires. » Nos décideurs sauront-ils tenir compte de cette réalité pour desserrer le numerus clausus professionnel et former plus de médecins, en particulier plus de spécialistes en gériatrie et en gérontopsychiatrie ?
1) Hanon C : Devenir vieux, les enjeux de la psychiatrie du sujet âgé. Coll. Polémiques, Éd. Doin (2012).
Dr Alain Cohen
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