Grâce aux témoignages de patients et de proches, on en sait plus sur des troubles du comportement, jusque-là très hermétiques.
C'est comme un nouveau continent qui apparaît. Cette terre dont on a encore du mal à dessiner les concours, c'est la maladie mentale, désormais dévoilée par les nombreux patients qui depuis quelques mois racontent dans leur livre le vécu quotidien avec des troubles relevant de la psychiatrie.
Jusque-là, celles-ci terrorisaient autant qu'elles désespéraient. Vous disiez «maladie mentale» et venaient à l'esprit des images d'Hôpitaux Psychiatriques, de camisole de force et autre Vol au-dessus d'un nid de coucou. Désormais, la schizophrénie décrite - entre autres! - par Polo Tonka (Dialogue avec moi-même, Éd. Odile Jacob) ou la Norvégienne Arnhild Lauveng (Demain j'étais folle, Éd. Autrement), l'autisme raconté par Hugo Horiot (L'empereur, c'est moi, Éd. L'Iconoclaste) ou labipolarité restituée par Marie Alvery et Hélène Gabert (J'ai choisi la vie, Éd. Payot), viennent donner des couleurs concrètes à ce qui était toujours décrit «de l'extérieur».
Une aide pour les soignants autant que les parents
Le premier impact de tels récits est sur les soignants. Dominique Willard, psychologue au Centre référent en remédiation et réhabilitation psychosociale du service hospitalo-universitaire du professeur Marie-Odile Krebs du CH Sainte-Anne (Paris), estime que «si les malades ont toujours décrit leurs souffrances, aujourd'hui, on leur prête encore plus attention». C'est alors toute la clinique qui s'en trouve changée. «Dans notre manière d'écouter les patients, nous évoluons, explique-t-elle. Exemple, nous savons désormais que des troubles cognitifs (mémoire, concentration…) se manifestent parfois avant même l'apparition de la maladie et perdurent même lorsque celle-ci est stabilisée. Nous nous positionnons donc différemment pendant l'entretien: si un jeune n'arrive pas à faire ses fiches en cours ou a d'importants oublis dans sa vie quotidienne, nous le notons car cela permet de repérer où il en est.»
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