Peu de jours avant la Journée Mondiale du Sida, l’OMS publie sesrecommandations : « VIH et adolescents : Recommandations pour le dépistage, les conseils de prévention et pour les soins à délivrer chez les adolescents vivant avec le VIH. » (HIV and adolescents : Guidance for HIV testing and counselling and care for adolescents living with HIV). Ce sont les premières recommandations s’adressant à cette tranche sensible de la population, composée non seulement de ceux qui sont touchés par l’infection, mais aussi plus largement de ceux qui en sont indemnes.
Le sort des adolescents est un sujet majeur de préoccupation de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) et de l’UNICEF (United Nations Children’s Fund). Car faute d’avoir reçu les soins et services adéquats, un accroissement de 50 % des décès liés au VIH est constaté dans ce groupe entre 2005 et 2012, à l’inverse de la population générale, où ces décès ont au contraire été réduits de 30 %.
Plus de 2 millions d’ados touchés
Dans le monde, « plus de 2 millions d’adolescents entre 10 et 19 ans vivent actuellement avec le VIH, et une bonne part d’entre eux ne reçoit pas les soins et l’attention nécessaires pour qu’ils demeurent en bonne santé et préviennent la transmission ». Environ une nouvelle infection sur sept survient chez les adolescents.
De plus, un grand nombre d’adolescents est ignorant de son statut vis-à-vis du VIH. Par exemple en Afrique sub-saharienne, seulement 10 % des jeunes hommes et 15 % des jeunes femmes (18-24 ans) connaissent leur statut VIH. Dans certaines régions les données sont fragmentaires et les accès aux tests et aux soins sont connus pour se situer à un niveau très bas.
Par ailleurs, en Afrique sub-saharienne, un grand nombre de sujets infectés à la naissance atteignent l’adolescence. « En plus des transformations de l’adolescence, ils doivent faire face au défi d’une infection chronique, aux problèmes de confidentialité sur leur statut et à la question de la prévention de la transmission aux partenaires sexuels », note le rapport.
« Les adolescents connaissent des difficultés et souvent des pressions sociales au moment du passage à l’âge adulte », rappelle Gottfried Hirnschall (directeur du département VIH à l’OMS).
« La probabilité d’être testé pour le VIH est moindre chez les adolescents que chez les adultes. Et ils ont besoin de plus de soutien que les adultes pour adhérer au suivi et aux traitements. »
Des freins à l’accès aux soins
Les risques de contracter l’infection par le VIH sont plus élevés dans certaines catégories d’adolescents, où une vigilance plus grande s’impose donc : les jeunes filles, les jeunes hommes qui ont une sexualité avec d’autres hommes, ceux qui usent des drogues injectables, ainsi que ceux qui sont objets de contraintes ou d’abus sexuels.
Non seulement la probabilité de rencontrer le VIH est plus forte, mais ils ont de plus à faire face à divers problèmes sociaux ou légaux, de discrimination, d’inégalité et de stigmatisation. « Des freins à l’accès aux dépistages et aux soins », souligne Craig McLure (directeur du programme sur le VIH à l’UNICEF).
L’OMS « recommande aux gouvernements de revoir leurs lois pour faciliter l’accès des adolescents aux tests de dépistage, sans nécessité du consentement des parents ».
Les recommandations suggèrent des voies par lesquelles les services de santé peuvent améliorer la qualité des soins et les supports sociaux pour les adolescents. Elles soulignent l’intérêt d’impliquer les adolescents eux-mêmes pour créer une approche centrée et des services qui soient opérants dans leur classe d’âge.
« Nous avons observé au Zimbabwé qu’un développant des services bien ciblés pour les adolescents, il est possible d’améliorer les couvertures thérapeutiques. »
En janvier 2014, l’OMS va lancer un outil en ligne destiné à aider les travailleurs de la santé sur les programmes destinés notamment aux adolescents.
› Dr BÉATRICE VUAILLE
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