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Olivier Truc (Stockholm, correspondance)
En annonçant la fermeture de cinq prisons, Nils Oberg, le directeur général de l'administration pénitentiaire suédoise, a suscité l'étonnement, les statistiques de la délinquance constituant, comme dans d'autres pays, une donnée sensible. Cette décision se présente comme étant parfaitement logique : si la Suède ferme quatre prisons et une maison d'arrêt, c'est parce que le nombre de prisonniers a baissé. En 2012, l'effectif de nouveaux détenus a reculé de 6 % par rapport à 2011 et l'on s'attend à une évolution identique en 2013, y compris pour le système de réhabilitation ouvert.
Une baisse qui fait suite à un jugement de la Cour suprême rendu en 2011 entraînant l'allégement des condamnations pour trafic de drogue. Ce jugement a depuis fait jurisprudence, entraînant un recul du nombre de condamnations à des peines de prison - notamment courtes. Résultat : près de 200 personnes en un an ont échappé à des peines. Avec la fermeture de ces établissements, quelque 260 places vont être supprimées. Il restera ainsi 47 prisons accueillant 4 800 personnes, tandis que 14 000 condamnés vivent en liberté surveillée.
PRÉVENTION DE LA RÉCIDIVE
La diminution des condamnations pour trafic de stupéfiants ne signifie toutefois pas son éradication, au contraire : avec 95 000 délits liés à la drogue déclarés en 2012, le Conseil de prévention de la délinquance signale une augmentation de 6 % par rapport à 2011. Un indicateur qui a doublé en une décennie. Sur les forums, des internautes avancent une autre hypothèse pour expliquer la baisse du nombre de prisonniers : en 2012, le nombre d'affaires résolues a chuté de 6 %.
Les pouvoirs publics soulignent que les prisons amenées à être fermées sont loin d'être les plus récentes. En évitant de les rénover, ils devraient économiser environ 13,4 millions d'euros par an. Une somme qui pourrait être investie ailleurs, notamment dans la prévention de la récidive. Dans l'année qui suit un délit, son taux est de 25 %, un chiffre stable au cours de la dernière décennie. Nils Oberg, à la tête de l'administration pénitentiaire, a toutefois lancé une mise en garde : si cela était nécessaire, des prisons pourraient tout aussi bien rouvrir. Un moyen pour le gouvernement conservateur en place depuis 2006 de ne pas donner prise aux accusations de laxisme. La Suède n'est pas la seule dans ce cas. Contrairement à la France, les Pays-Bas et les Etats-Unis voient aussi leur population carcérale diminuer.
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