La vente sans ordonnance ne fait pas des médicaments un produit de consommation comme les autres. C’est ce que vient nous rappeler une étude nationale menée par des pharmacologues de l’hôpital de Toulouse et des pharmaco-épidémiologistes Inserm (UMR 1027, Toulouse) au sujet de la consommation de médicaments psychoactifs sans ordonnance. Les antalgiques associant paracétamol et codéine ainsi que les somnifères antihistaminiques font l’objet de mésusage, d’abus et de dépendance de la part des consommateurs.
Les chercheurs ont fait participer 145 pharmacies réparties sur l’ensemble du territoire français. Il était demandé aux pharmaciens de proposer un questionnaire aux 12 premières personnes se présentant pour acheter spontanément un de ces médicaments. Un groupe témoin était constitué parmi les clients venant acheter du paracétamol. Au total 915 questionnaires ont été distribués.
Une prise quotidienne sur plus de 6 mois
Il ressort de cette étude que les niveaux de mésusage et de dépendance sont élevés pour les deux types de médicaments, à savoir de 6,8 % et 17,8 % pour les antalgiques codéinés. Pour les antihistaminiques, le mésusage est encore plus élevé, puisque 72,2 % des consommateurs de doxylamine en prennent quotidiennement et 61,5 % depuis plus de 6 mois pour une durée recommandée inférieure à 5 jours... Pour les antalgiques codéinés, 19,5 % des utilisateurs prennent ce type de médicament tous les jours depuis plus de 6 mois, principalement pour des céphalées chroniques.
Pour le Pr Anne Roussin, responsable de l’étude, ces résultats montrent qu’une « dépendance s’installe effectivement chez de nombreux utilisateurs. Cela pose plusieurs problèmes. D’abord, l’efficacité des antihistaminiques sédatifs a été évaluée sur du court terme et rien ne garantit leur efficacité au-delà de quelques jours ou quelques semaines. Pour les antalgiques codéinés, on sait même qu’au contraire, l’abus ou l’usage persistant contribue à l’installation de céphalées quotidiennes chroniques. Par ailleurs, ces deux types de médicaments entrainent des problèmes de vigilance. Ces prises prolongées posent donc la question d’un risque accru d’accidents de la route ou de la vie quotidienne ».
› Dr I.D.
PLOS ONE, publié en ligne en octobre 2013
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