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mardi 15 octobre 2013

Les urgentistes ne veulent plus passer leur temps à chercher des lits

LE MONDE | Par 
Ils tiennent tous à le préciser : ils ne sont pas en grève. Les urgentistes ont démarré, mardi 15 octobre, un mouvement pour protester contre la mauvaise organisation de leur temps de travail.
A l'initiative de SAMU-Urgences de France et de l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF), ils vont arrêter de prendre en charge les appels téléphoniques vers les autres services pour trouver un lit à leurs patients, une tâche administrative qui leur prendrait environ 30 % de leur temps de travail. Un temps qui gagnerait à être consacré aux patients, plaident ces organisations.

Plus précisément, ils appelleront un seul correspondant dans l'unité adaptée au besoin du malade, mais, si aucune solution n'est trouvée, ils délégueront désormais la suite de la recherche, qui peut souvent s'avérer longue, au directeur ou à une personne désignée. Celle-ci peut-être un "bed manager", ces "gestionnaires de lits" en contact avec tous les services, qui doivent fluidifier l'organisation des hospitalisations.

"LAISSER LES URGENTISTES FAIRE LEUR TRAVAIL"
"On pense souvent que les causes de l'engorgement des urgences se trouvent en amont, et on veut fermer le robinet des arrivées, regrette Marc Giroud, président de SAMU-Urgences de France. Or, le vrai souci se trouve en aval : il faut organiser différemment les urgences et laisser les urgentistes faire leur travail." Avec ce mouvement, M. Giroud espère avant tout créer une "prise de conscience". Il en est persuadé, les patients gagneraient à ce que les directeurs se chargent eux-mêmes, pendant un temps, de cet aiguillage. "Ils verront là où ça bloque, et surtout ils auront les leviers que les urgentistes n'ont pas pour débloquer des situations", affirme-t-il.
D'autant que, selon lui, le temps trop important passé sur un brancard en attente de lit va de pair avec l'augmentation de la mortalité. "C'est un risque pour le patient, et une cause de frustration pour l'urgentiste qui aura consacré presque la moitié de son temps à des tâches administratives", résume M. Giroud.
Face à cette demande de réorganisation, certains services d'urgences ont pris les devants. Au centre hospitalier régional de Metz-Thionville, "les pratiques ont été modifiées depuis mai", assure le docteur François Braun, responsable du service des urgences. A cette date, une cellule de "gestion des lits" a été créée. Quatre personnes, dont trois infirmiers, se relaient tous les jours de l'année pour gérer les quelque 40 à 45 lits susceptibles d'être libérés. "On pourrait aller encore plus loin, tempère le docteur Braun. Mais il faudrait que cette phase de diagnostic s'étende dans toutes les urgences." Dans sa réflexion sur l'aval, le CHR a également mis en place un "salon de sortie". Une pièce transitoire entre l'hôpital et l'extérieur, où le patient peut attendre tout en ayant accès à la lecture, à la télévision... mais surtout en libérant son lit.
"CHANGER LA CULTURE FRANÇAISE DE L'HÔPITAL"
L'hôpital Saint-Antoine, à Paris, a lui "déjà mis en place une gestion globale", explique Dominique Pateron, responsable du service des urgences. Depuis un an, un correspondant unique par service y est chargé de la relation avec les urgentistes. L'"unité d'aval des urgences" comprend une "zone tampon", d'où les patients sont redirigés vers les différents services. Dans un hôpital, poursuit-il, les urgences ont un taux de fréquentation très stable et prévisible, contrairement au reste des services."C'est donc aux autres de devenir les variables d'ajustement pour les lits, pas l'inverse", peste M. Pateron. Pour lui, il faut "changer la culture française de l'hôpital", qui place les urgences au second plan. Les leaders du mouvement affirment déjà qu'il est très suivi. Mais le premier rapport d'étape sera rendu public le 15 décembre.
"On ne peut pas régler le problème des urgentistes, si on ne répond pas aux maux des urgences dans leur ensemble", s'inquiète Patrick Pelloux, président de l'AMUF. Les "bed managers" ne sont pas une "alternative crédible""Ils sont présents aux heures ouvrables. Ça ne colle pas avec le fonctionnement des urgences, en continu", dit-il. Pour M. Pelloux, la seule solution est d'aller "contre la tendance actuelle" et d'augmenter le nombre de lits. "Parce que, si vous n'avez pas de lit disponible, vous pouvez avoir dix "bed managers", ils ne serviront à rien."

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