En français, nous parlons surtout de « neuroleptiques » pour désigner la classe de médicaments connue sous le terme anglais « antipsychotics. » Mais cette appellation des « antipsychotiques » semble désormais obsolète, car certains neuroleptiques se révèlent utiles contre la maladie bipolaire (MB), même en l’absence d’une véritable dimension psychotique (laquelle n’est pas toujours présente dans la MB et ne constitue pas alors, de toute façon, la cible principale du traitement).
D’autre part, rappellent deux psychiatres exerçant à Milan (Italie), ce mot « antipsychotique » demeure porteur de stigmatisation, et il arrive que des malades bipolaires reprochent à leur psychiatre une prescription de médicaments associés à l’image de la psychose (et en particulier à celle de la schizophrénie). Vécue de façon péjorative, cette connotation négative incite ces patients à réagir contre les implications d’une telle « étiquette », notamment en n’observant pas leur traitement.
Changer cette terminologie contestée par les usagers eux-mêmes permettrait peut-être de renforcer leur compliance au traitement et, en conséquence, d’améliorer vraisemblablement le pronostic à long terme. Mais comment renommer les « antipsychotiques » ? Pour mieux désigner cette « classe hétérogène de médicaments », il serait judicieux de remplacer ce terme litigieux par une dénomination plus générale ne limitant pas leur rôle au seul domaine de la psychose. Mais malgré l’intérêt des neuroleptiques dans la MB, on ne saurait pour autant les ranger stricto sensu parmi les produits de type normothymique (mood stabilisers). Les auteurs proposent donc une expression (« stabilisateurs multidimensionnels ») qui sonne moins bien que le mot « antipsychotiques », certes, mais qui permettrait enfin de souligner leurs possibilités d’action au-delà des psychoses, dans des indications plus diverses.
Dr Alain Cohen
Altamura AC et Dragogna F: Should the term « antipsychotic » be changed to « multidimensional stabiliser » in bipolar disorder? Towards a new denomination for « atypical antipsychotics » ? Aust N Z J Psychiatry, 2013; 47: 707–709.
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