Prise en charge de la dépression : une idée pour améliorer l’accès aux soins ?
Publié le 21/03/2013 |
La prise en charge des patients dépressifs est, dans certains systèmes de soins, organisée par niveaux. La majorité des patients bénéficient en première intention d’interventions de « faible intensité », basées sur les principes de la thérapie cognitivo-comportementale et délivrées via des documents écrits ou par les moyens modernes d’information. Les professionnels interviennent de façon très limitée. Le second niveau, prise en charge plus « classique », consiste en 12 à 16 cessions d’entretiens avec un thérapeute, lesquelles ne sont proposées que lorsque l’intervention de faible intensité paraît inappropriée ou en l’absence d’amélioration avec cette dernière. Ce système réduit considérablement les délais d’attente et facilite l’accès aux professionnels pour les cas les plus graves.
Une des clés de ce système est donc le « tri » qui s’effectue dès la première prise de contact. Jusqu’à présent, le déterminant pour le choix de l’intervention est la sévérité initiale de la dépression. Le seuil où intervient ce choix est toutefois variable, et basé sur des études observationnelles et des expériences cliniques plutôt que sur des faits issus d’études cliniques de qualité. La relation entre la sévérité initiale de la dépression et la réponse aux deux types d’intervention n’est pas établie avec certitude.
C’est la raison pour laquelle une méta-analyse a été menée par une équipe internationale. Les auteurs se sont fixé comme objectif de vérifier si la sévérité initiale de la dépression influençait réellement la réponse à l’intervention de premier niveau, de « faible intensité ». Seize ensembles de données ont été étudiés, regroupant 2 470 patients dépressifs à qui a été proposée une intervention de premier niveau. La sévérité de la dépression est évaluée par l’échelle BDI (Beck Depression inventory) et le score CES-D (Center for Epidemiological Studies-Depression).
Il s’avère que de nombreux patients désignés pour l’intervention de premier niveau ont des scores évoquant des dépressions modérées à sévères. Contrairement à ce qui semblait attendu, ceux dont la dépression est la plus sévère au moment de la prise en charge répondent au moins aussi bien au traitement que les patients présentant une dépression légère.
Les auteurs en concluent que le système des deux niveaux d’intervention est légitime et efficace. Ils ne conseillent pas toutefois d’abandonner pour le moment le critère de sélection que constitue la sévérité initiale de la dépression, tant que qu’autres travaux n’auront pas confirmé les résultats de cette méta-analyse. Ils estiment en revanche que le premier niveau d’intervention peut être proposé à des patients présentant une dépression relativement sévère, à condition qu’ils soient motivés pour une telle prise en charge.
Dr Roseline Péluchon
Bower P et coll. : Influence of initial severity of depression on effectiveness of lowintensity interventions: meta-analysis of individual patient data.
BMJ 2013; 346: f540. doi: 10.1136/bmj.f540
BMJ 2013; 346: f540. doi: 10.1136/bmj.f540
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