Exorciser la souffrance des élèves... littéralement
L. est arrivée dans la vie scolaire en pleurs, du noir sur ses joues. J’étais en entretien avec une autre élève qui elle aussi faisait couler son rimmel. Je n’ai donc pas pu la voir tout de suite. Les surveillants l’ont accompagnée boire un coup et se passer un peu d’eau sur le visage. Elle ne voulait rien leur dire. Quand je suis sortie de mon bureau, elle avait décidé de repartir en classe. Je suis donc allée vers la salle de cours pour prendre de ses nouvelles et lui dire que j’étais à sa disposition si elle le souhaitait.
Arrivée dans le couloir, je me retrouve nez à nez avec un groupe de filles dont L., en train d’échanger vivement. L. pleure, éructe même, je demande donc à ses camarades, en les remerciant de leur soutien, de retourner en classe. Je souhaite accompagner L. à l’infirmerie qui est à quelques pas pour qu’elle se calme dans un lieu sécurisé, silencieux; ses amies me disent qu’elles ont voulu le faire mais qu’elle refuse… Je finis par la convaincre et nous arrivons dans l’infirmerie, autour d’une table ronde. D’une voix hachée, elle parle enfin. Et nous voilà entrées, elle, l'infirmière et moi, dans la quatrième dimension.
- Laissez L. tranquille, je suis son ange gardien, lance-t-elle.
On a de temps en temps, dans notre boulot quotidien, des petits moments de grâce. Là, c’était, comment dire, un moment exceptionnel en termes de découverte professionnelle… Je dis ça bien sûr avec du recul. Sur le moment, je n’en menais pas large. Ma collègue infirmière non plus d’ailleurs.
Nous n’avons pas pu nous empêcher de rouler des yeux dans le genre « qu’est ce qu’on fait là, mon dieu?»
- L., L., pourquoi tu dis ça ?
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