L’académie de médecine dénonce les actes médicaux abusifs
11 avril 2013
Dans un rapport, l'instance s'interroge notamment sur l'utilité des bilans de santé gratuits proposés par la Sécu, et suggère des pistes pour éviter les dérives.
Trop d’échographies, d’examens biologiques, de bilans de santé, d’ordonnances de médicaments, de recours à l’imagerie «lourde», voire à des interventions chirurgicales, sont réalisés de façon abusive et sans discernement, déplore l’Académie nationale de médecine.
Dans son rapport «Améliorer la pertinence des stratégies médicales» qu’elle vient de rendre public, l’académie dresse un bilan sans concession de ces dérives, source «d’inflation de dépenses» pour la collectivité, sans pour autant apporter de bénéfices aux patients.
«Il n’y a pas de prescription faite en dehors d’un docteur en médecine (ou en dentaire), ce qui souligne la responsabilité du corps médical dans les dérives», assène cette instance conseillère des pouvoirs publics, qui avance des pistes pour y remédier (valorisation de la qualité des soins, amélioration de la formation initiale des médecins...).
L’académie regrette en particulier que l’examen clinique minutieux du patient, qui fait partie, avec l’interrogatoire (prises de médicaments, antécédents...), de la stratégie de prise en charge du patient, soit insuffisamment pris en compte, y compris dans les études médicales. Le peu de temps qui lui est consacré, le principe de précaution, le risque de judiciarisation (multiplication d’actes pour se «couvrir» en cas de plaintes), le consumérisme médical («j’ai payé, j’y ai droit») expliquent bien des excès, selon l’académie.
Elle questionne l’utilité des bilans de santé gratuits proposés par l’Assurance maladie. Environ 600 000 personnes s’y soumettent tous les ans, avec notamment des analyses biologiques pour mesurer de nombreux paramètres dans le sang et les urines. «Or, une étude très récente, publiée par la Cochrane Library et portant sur 182 880 cas, conclut que cette pratique ne réduit pas la morbidité et la mortalité, ni globalement, ni pour les pathologies cancéreuses, ni pour les maladies cardiovasculaires.»
L’Assurance maladie, consciente de ces critiques, oriente désormais ces bilans vers des populations ciblées par l’âge et les conditions sociales ou dans des études épidémiologiques organisées, note-t-elle toutefois. Parmi d’autres exemples, l’académie s’étonne que l’Assurance Maladie rembourse la répétition abusive, et potentiellement nocive, de mammographies effectuées en dehors du cadre du dépistage organisé du cancer du sein. Autres pratiques à proscrire, les répétitions inutiles d’analyses, les «prescriptions floues» style «bilan thyroïdien» ou «bilan hépatique», et les«analyses redondantes», consistant à prescrire un nouveau dosage sanguin, ou un nouvel examen, considéré comme plus performant sans pour autant abandonner l’ancien, et ce, sans bénéfice pour le patient.
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