La dépression, on peut la prévenir et la traiter autrement…
En France, chaque année, trois millions de personnes sont terrassées par la dépression, principalement des femmes.
La dépression est une maladie qui se soigne et surtout qui peut se prévenir : Si la dépression est légère ou modérée, une psychothérapie suffit. «Encore faut-il qu’elle soit accessible et remboursée», souligne par exemple le Pr Pierre-Michel Llorca, psychiatre au CHU de Clermont-Ferrand.
Et si aujourd’hui l’entreprise pouvait offrir un accès à ce type de soins à ses salariés par un co-financement ?
Extrait de l’article du Figaro Santé du 20 mars 2013 sur Les traitements de la dépression
Quand les antidépresseurs sont inefficaces, d’autres traitements sont possibles.La dépression est une maladie qui se soigne. Les patients doivent le savoir, car leur état pathologique ne leur permet de voir le monde qu’en noir. Mais dans 20 % à 30 % des cas, cette dépression résiste aux antidépresseurs. «Chez ces patients qui ne répondent pas bien aux traitements classiques, nous cherchons une stratégie d’optimisation des antidépresseurs en associant un autre médicament», explique le professeur Jean-Pierre Olié, psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne (Paris). «Cela peut être du lithium, des hormones thyroïdiennes ou encore des neuroleptiques atypiques.»
Une synthèse de plusieurs études cliniques, publiée la semaine dernière sur le site de Plos One Medicine, s’est intéressée plus particulièrement aux neuroleptiques atypiques. Selon cette synthèse, ces médicaments se révèlent modérément efficaces sur les symptômes de la dépression et c’est au prix d’effets secondaires importants (prise de poids, sédation…).Un résultat que les psychiatres tiennent à nuancer. «Les antipsychotiques ont leur place dans certains types de dépressions», insiste le Pr Chantal Henry, psychiatre au CHU Albert-Chenevier de Créteil, qui raconte avoir vu des dépressifs revivre grâce à ces molécules. «La dépression est une constellation hétérogène», remarque le Pr Pierre-Michel Llorca, psychiatre au CHU de Clermont-Ferrand. Il est donc difficile de déterminer à l’avance quelle personne va réagir positivement à une stratégie thérapeutique donnée et, jusqu’à présent, ces traitements sont administrés de façon plus ou moins empirique. «Nous allons progresser sur ce sujet car nous avons lancé de grandes études de cohorte qui vont nous permettre d’affiner les caractéristiques cliniques des dépressions», explique Chantal Henry. Cette connaissance de la maladie devient indispensable lorsque l’on sait qu’en 2020, pour l’OMS, elle sera la pathologie la plus invalidante dans le monde, après les troubles cardiaques.Une maladie potentiellement mortelle
En France, chaque année, trois millions de personnes sont terrassées par la dépression, principalement des femmes. Et près de 20 % des Français de 15 à 75 ans (soit près de 9 millions de personnes) ont vécu ou vivront une dépression au cours de leur vie. Cette maladie, dont les signes cliniques sont répertoriés, n’a rien à voir avec la déprime ou un mal-être passager. «La dépression est une maladie potentiellement mortelle», met en garde le Pr Michel Lejoyeux, psychiatre à l’hôpital Bichat (Paris). Ainsi, 70 % des personnes qui se suicident souffrent d’une dépression, le plus souvent non diagnostiquée ou non traitée.C’est le paradoxe français: nous nous déclarons d’humeur morose, nous consommons toujours trop de psychotropes, principalement des benzodiazépines, mais nous ne nous soignons pas lorsque nous sommes dépressifs. «La moitié des dépressifs sont insuffisamment traités», estime le Dr Florian Ferreri, psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine (Paris) et auteur de La Dépression. 100 questions pour comprendre et guérir. Le sentiment d’être assez «fort» pour surmonter ces difficultés, la crainte de ce que penserait l’entourage, la peur d’être hospitalisé, la peur de l’éventuel traitement… Autant de raisons pour ne pas faire appel aux médecins.Pour Michel Lejoyeux, les raisonnements médicaux font également souvent défaut: «Les critères objectifs de la dépression ne sont pas assez acceptés en France. Nous finissons par passer à côté, par ne pas chercher le diagnostic.» Ce spécialiste rappelle les signes principaux de la dépression: la perte d’envie, le ralentissement, les signes physiques comme la perte de poids et de sommeil, la perte d’estime de soi, les idées noires… «Tant que vous estimez ne pas être assez payé, vous n’êtes pas dépressif. En revanche, si vous pensez ne pas mériter votre salaire, il faut s’inquiéter…», schématise le psychiatre. Ces signes doivent amener à consulter. Une fois la dépression diagnostiquée, la prise en charge est indispensable.Envisager la bipolarité
Si la dépression est légère ou modérée, une psychothérapie suffit. «Encore faut-il qu’elle soit accessible et remboursée», souligne Pierre-Michel Llorca. Il est souvent plus facile et moins coûteux pour le médecin traitant de prescrire un médicament. Face à une dépression sévère, le traitement par antidépresseur ne se discute pas. Ces médicaments vont mettre plusieurs semaines avant d’agir sur les symptômes. Un peu de patience est donc nécessaire avant de décréter que la dépression fait de la résistance. Quand elle a été bien diagnostiquée, elle sera déclarée résistante si elle ne répond pas à deux traitements antidépresseurs à la bonne dose et pendant la durée nécessaire.Pour Michel Lejoyeux, les résistances aux antidépresseurs trouvent souvent leur explication. «Si le patient ne répond pas au traitement, soit il ne prend pas correctement son antidépresseur, soit il n’est pas dépressif et souffre d’autre chose.» Ainsi 60 % des troubles bipolaires commencent par une dépression, souvent récurrente. «La non-réponse à un antidépresseur doit faire évoquer une bipolarité», explique Chantal Henry.Dans la majorité des cas, les antidépresseurs vont aider à restaurer le fonctionnement normal du sommeil, de l’appétit, à retrouver l’initiative, une perception positive de la vie… «La moitié des personnes vont cependant garder des symptômes cicatrisants de dépression comme un manque de confiance en soi, des troubles du sommeil ou de l’anxiété», avertit Jean-Pierre Olié. Impossible cependant de prédire qui, parmi ces dépressifs, rechutera ou entrera en résistance.
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