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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mercredi 25 mars 2020

"Ne soyons pas les oubliés de cette épidémie": l'appel de la directrice de l'établissement psychiatrique Sainte-Marie à Nice

PAR AXELLE TRUQUET Mis à jour le 24/03/2020



La directrice de Sainte-Marie, l’établissement psychiatrique niçois, en appelle à la raison. Manque de moyens, personnels à bout de souffle, patients à risque, le pire pourrait bien être à venir
La directrice de Sainte-Marie, l’établissement psychiatrique niçois, en appelle à la raison. Manque de moyens, personnels à bout de souffle, patients à risque, le pire pourrait bien être à venir Photo E.O.

La directrice de Sainte-Marie, l’établissement psychiatrique niçois, en appelle à la raison. Manque de moyens, personnels à bout de souffle, patients à risque, le pire pourrait bien être à venir.

"On court à la catastrophe." Stéphanie Durand, directrice du centre hospitalier psychiatrique Sainte-Marie de Nice, ne mâche pas ses mots.
"Les premiers cas de patients diagnostiqués Covid-19 sont apparus ce week-end et ce n'est qu'un début. Manque de moyens, manque de personnel... Les soignants sont inquiets et moi aussi. J’ai alerté les pouvoirs publics mais la psychiatrie en France semble être délaissée. Ne soyons pas les oubliés de cette épidémie."
Comment expliquer à une personne lourdement handicapée psychiquement qu’il faut respecter des mesures de distanciation sociale ? Comment gérer les patients chez qui monte l’angoisse? Comment les soigner sans masques?
A Nice, le CHU et le CH Sainte-Marie se sont coordonnés afin de limiter les hospitalisations pour éviter les risques de contagion du Covid-19. Cela a permis notamment de diminuer un peu le flux aux Urgences psychiatriques. Mais quid des malades hospitalisés?

Le HCSP précise les conditions de levée du confinement pour les soignants infectés

Publié le 24/03/20

Les critères cliniques permettant une levée des mesures de confinement des personnes cas Covid-19 ont évolué depuis le début de l'épidémie. Le HCSP se focalise sur le cas particulier des personnels de santé dans le souci d'une continuité des soins.
Dans un avis rendu le 5 mars sur la prise en charge des cas confirmés d'infection au virus Sars-Cov-2, le Haut Conseil à la santé publique (HCSP) avait retenu des critères pour autoriser la sortie de secteur d'isolement d'un patient cas confirmé de Covid-19. Pour un patient non traité, il préconisait la disparition des symptômes associés à l’infection et deux tests de dépistage (RT-PCR) sur des prélèvements naso-pharyngés négatifs réalisés à 48 heures d'intervalle. Mais "la situation épidémiologique actuelle", avec le passage au stade 3 de l'épidémie au 14 mars, ne rend "plus applicables" ces recommandations, estiment les experts dans un nouvel avis rendu le 16 mars.

Les Ehpad dans la crainte de l’hécatombe

Par Catherine Mallaval Sylvain Mouillard Marie Piquemal et Virginie Ballet — 
Dans un Ehpad toulousain le 20 février.
Dans un Ehpad toulousain le 20 février. Photo F. Scheiber. Hans Lucas

Depuis le début de l’épidémie, plusieurs établissements pour personnes âgées auraient déjà enregistré leurs premiers morts du coronavirus. Alors que le matériel et les personnels manquent dans de nombreuses structures, tous redoutent un bilan terrible faute de protocole dédié.

    «Nous avons le regret de confirmer, à ce jour, 20 décès en lien possible avec le Covid-19.» Dans un communiqué commun, l’agence régionale de santé (ARS) et la préfecture des Vosges ont fait état lundi de la situation dramatique dans un Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) de Cornimont, commune de 3 000 habitants à une vingtaine de kilomètres de Gérardmer. Désormais, la présence du coronavirus dans plusieurs maisons de retraite un peu partout en France ne fait plus de doute. Avec parfois une issue fatale pour certains résidents, même si le lien avec le Covid-19 est probable mais pas sûr à 100 %, les tests n’étant pas effectués post mortem. Depuis le début de l’épidémie, quinze personnes sont mortes dans un établissement de Thise (Doubs), sept à Sillingy (Haute-Savoie), cinq à Mauguio (Hérault)… Lundi, l’ARS d’Ile-de-France indiquait que 124 Ehpad de la région comptaient au moins deux cas diagnostiqués.

    «On va vers une hécatombe dans les Ehpad», a alerté lundi sur RTL Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France, se faisant l’écho des craintes exprimées par de nombreux professionnels. La semaine dernière, plusieurs d’entre eux alertaient le ministre de la Santé, Olivier Véran, redoutant la mort de plus de 100 000 personnes âgées dépendantes. Pour tenter de faire face, le gouvernement a d’abord demandé aux Ehpad d’activer leur «plan bleu», dispositif né après la canicule de 2003. Depuis le 11 mars, toutes les visites extérieures sont suspendues. Mais la propagation du Covid-19 semble difficile à enrayer.

« On a tout fait et ça n’a pas suffi » : le traumatisme des soignants de l’Ehpad de Saint-Dizier face aux seize victimes du coronavirus

L’établissement de Haute-Marne avait mis en place les mesures de confinement, sans parvenir à empêcher le Covid-19 d’atteindre ses résidents.
Par  Publié le 25 mars 2020
Dans un Ehpad du sud de la France, le 12 mars.
Dans un Ehpad du sud de la France, le 12 mars. Frantz Bouton / PHOTOPQR/NICE MATIN/MAXPPP
Jérôme Goeminne, le directeur du Groupement hospitalier de territoire cœur Grand Est, commence sa conférence de presse sur le ton froid et maîtrisé d’un technicien. Il annonce seize décès consécutifs à l’Ehpad le Chêne de Saint-Dizier (Haute-Marne), qui est sous sa supervision. Autour de la table, une petite dizaine de médecins et cadres de santé sont en renfort pour expliquer « en toute transparence une situation catastrophique ».
« Seize personnes sont mortes, alors que nous avions pris avant tout le monde, en amont du temps national, toutes les mesures de confinement. On était superfiers d’être les bons élèves, on avait compris l’Italie, on avait compris l’Alsace, on savait qu’on serait les suivants, on a tout fait et ça n’a pas suffi. » Et le directeur d’égrener, comme pour parer à toute critique, la liste des dispositifs mis en place : « Le 5 mars on a limité les visites, le 8 mars on a isolé les résidents dans leur chambre, le 11 on a interdit les visites, le 13 mars masques pour tout le monde, et le 15 mars premier décès. » Les deux premières victimes sont évacuées à l’hôpital tout proche et testées : le Covid-19 est entré dans l’établissement. « Résident ? agent ? visite familiale ? on a aucune idée de qui est responsable de ce cauchemar collectif. »

« De nombreux patients ne seront plus soignés » : le désarroi des hôpitaux psychiatriques face au coronavirus

Le secteur de la santé mentale s’organise comme il peut, dans l’urgence, afin de maintenir les soins pour les cas les plus difficiles et éviter la propagation du Covid-19 au sein des établissements.
Par  Publié le 25 mars 2020
OLIVIER BALEZ
Pas de masques, nulle part ou presque. Pas même au Groupe hospitalier universitaire (GHU) psychiatrie et neurosciences de Paris, qui regroupe les hôpitaux Sainte-Anne, Maison-Blanche et Perray-Vaucluse – soit 70 000 patients par an et un millier de lits. « Dans la distribution, nous avons tout simplement été oubliés par les autorités sanitaires, constate le docteur Raphaël Gaillard, chef de pôle à l’hôpital Sainte-Anne. Comme si la psychiatrie était une spécialité accessoire, un luxe que l’on peut se permettre en temps de paix. » Dans le secteur de la santé mentale, parent pauvre d’un système hospitalier lui-même dégradé, la crise sanitaire actuelle suscite les pires inquiétudes. Pour les soignants, et plus encore pour les malades.
Partout, que ce soit dans les services de psychiatrie des hôpitaux généraux ou dans les établissements psychiatriques de secteur, le confinement en vigueur depuis le 17 mars entraîne les mêmes réorganisations. Avec deux objectifs : éviter au maximum le rapprochement des personnes et libérer des lits. La sortie des patients dont l’état est jugé satisfaisant est accélérée, la plupart des consultations reportées ou effectuées par téléphone. « J’avais entre 70 et 100 patients à voir dans les trois prochaines semaines, j’ai demandé à seulement deux d’entre eux de venir », précise Matthieu Gasnier, du service de psychiatrie de l’Hôtel-Dieu (Paris). On s’adapte dans l’urgence. Et non, parfois, sans une certaine amertume.

Pau : une unité Covid-19 de 24 lits mise en place à l’hôpital psychiatrique

Par Gabriel Blaise. 
Le Centre hospitalier des Pyrénées a repensé, en quelques jours seulement, toute son organisation. Un cas avéré, sans gravité, est déjà en surveillance.

"Les patients nous arrivent par vagues. On a eu des psychotiques décompensés, en tout début de semaine dernière, des toxicos en manque, des alcooliques qui décompensent à domicile, des personnes âgées qui craquent…" Pour ce soignant du Centre hospitalier des Pyrénées, les premiers effets du confinement sur les esprits se sont fait ressentir au bout de quelques jours seulement. Mais l’hôpital psychiatrique palois "fait face" et est prêt à accueillir les patients grâce à une mobilisation "extraordinaire" de tous ses collègues, assure-t-il.
Les patients en psychiatrie sont "particulièrement fragiles, et présentent souvent des critères de comorbidité qui les rendent potentiellement plus sensibles au virus", rappelle Thierry Della, chef de service en psychiatrie. Mais comment accueillir des besoins grandissants, avec moins de personnels pour cause de confinement ?

Moins de personnel, moins de contacts

Dans le contexte du passage au stade 3 de l’épidémie, le CHP a repensé, en un temps record, toute son organisation. "On a dû réinventer une nouvelle psychiatrie en trois jours, à partir de lundi dernier ; le mercredi, on était en ordre de marche", résume Thierry Della, encore "bluffé" par l’élan d’énergie des équipes qui ont dû accepter le mot d’ordre "rentrez chez vous".

L’Observatoire « Covid-19 éthique » apporte son aide

PAR 
COLINE GARRÉ - 
 
PUBLIÉ LE 24/03/2020

Comment préserver notre éthique face à la crise sanitaire du Covid-19, qui met à mal le système de santé, la cohésion sociale et la démocratie ? L'Espace éthique de la région Ile-de-France a mis sur pied l'observatoire « Covid-19 Éthique & société », qui a déjà produit trois documents portant sur la réanimation, le handicap et les précarités, et les Ehpad et le domicile.
Comment maintenir une équité nationale, alors que certains Samu sont saturés ?
Comment maintenir une équité nationale, alors que certains Samu sont saturés ?
Crédit photo : Phanie
« Loin d'être prescriptifs, nos documents cherchent à identifier des points de vigilance et donner des pistes d'approche », explique Emmanuel Hirsch, professeur d'éthique médicale (université Paris Saclay) et directeur de l'espace éthique de la région Ile-de-France. Ce dernier a installé, en partenariat avec l’Espace national de réflexion éthique maladies neuro-dégénératives et le Département de recherche en éthique de l’Université́ Paris-Saclay, l'observatoire « Covid-19 Éthique & société ». 

mardi 24 mars 2020

Raphaël Gaillard : « Que les Français sachent que des soignants feront tout leur possible pour les sauver mais vivront des dilemmes terribles »

Chef de pôle à Sainte-Anne, à Paris, ce professeur de psychiatrie témoigne, dans une tribune au « Monde », de ce que vivent les soignants, rempart dressé devant la catastrophe mais manquant cruellement de moyens, notamment de masques, et contraints à des choix déchirants.


Publié le 23 mars 2020

« Il ne fait aucun doute que nos réanimations seront très vite saturées. Nos collègues soignants en réanimation ont fait tout leur possible pour élargir leurs capacités. Mais elles restent limitées par le nombre de respirateurs disponibles. Alors le plus tragique se jouera en dehors des réanimations »
« Il ne fait aucun doute que nos réanimations seront très vite saturées. Nos collègues soignants en réanimation ont fait tout leur possible pour élargir leurs capacités. Mais elles restent limitées par le nombre de respirateurs disponibles. Alors le plus tragique se jouera en dehors des réanimations » ANNE CHAON / AFP
Tribune. Nous consacrons 100 % de notre temps à cette crise sanitaire. Médecin psychiatre responsable d’un pôle dans un hôpital psychiatrique parisien, j’ai pris quelques minutes pour en témoigner au nom de tous les soignants, et pour prendre la mesure de ce qui nous attend. Nous sommes au tout début d’une catastrophe annoncée.
Les psychiatres n’ont pas à porter de jugement sur les décisions du gouvernement. Mais sous-mariniers de la société et de ses affres, nous en observons les tensions nouvelles. Je veux surtout décrire ce que vivent les soignants dès aujourd’hui. Ils sont le rempart dressé devant la catastrophe. Ils sont au cœur de la tempête.

Contagion et impréparation

Ce virus se propage à grande vitesse, il est très contagieux. La mécanique de ses conséquences est implacable. Pour une minorité de patients, ce virus conduit à des complications graves. Pour ceux-là, des soins en réanimation seront nécessaires pour soutenir leur fonction respiratoire défaillante. Si cette fraction de quelques pourcents s’applique à des millions de personnes, cette fraction représente beaucoup de monde.
Beaucoup trop de monde. Il ne fait aucun doute que nos réanimations seront très vite saturées. Nos collègues soignants en réanimation ont fait tout leur possible pour élargir leurs capacités, mais elles restent limitées par le nombre de respirateurs disponibles. Alors le plus tragique se jouera en dehors des réanimations.
C’est déjà le cas. Que faire d’un patient faisant une hémorragie méningée ou un infarctus du myocarde et nécessitant une prise en charge en soins intensifs ? Comment faire face à un afflux aux urgences des hôpitaux alors que l’aval est chroniquement insuffisant ? L’aval, c’est avant tout des lits permettant d’hospitaliser des patients. Les services hospitaliers ont en un temps record augmenté leurs capacités et fait sortir des patients encore trop fragiles afin de libérer des lits, ce qui a parfois été déchirant.

Claire Marin : « Face à la catastrophe, on se rassure en la considérant comme une parenthèse plutôt qu’un avertissement »

Dans un entretien au « Monde », la philosophe Claire Marin explique que la crise que nous vivons n’est pas une « guerre » mais une rupture, qui nous met à l’épreuve dans l’intimité de nos vies.
Propos recueillis par Nicolas Truong Publié le 24 mars 2020

YANN LEGENDRE

Claire Marin est philosophe et enseigne dans les classes préparatoires en banlieue parisienne. Membre associée de l’Ecole normale supérieure, elle dirige le Séminaire international d’études sur le soin (SIES). Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages consacrés aux épreuves de la vie et de la maladie : Violences de la maladie, violence de la vie (Armand Colin, 2008), Hors de moi (Allia, 2008), La Maladie, catastrophe intime (PUF, 2014). Après un texte consacré aux parcours de jeunes de banlieue (La Relève, Cerf, 2018), elle a publié Rupture(s) (L’Observatoire, 2019), un ouvrage remarqué. Elle-même atteinte d’une maladie auto-immune, Claire Marin analyse la rupture avec la normalité et la façon dont cette pandémie affecte et fragilise nos vies.

L’expression « Nous sommes en guerre », utilisée par le président de la République, est-elle appropriée à la situation que nous vivons ?

A mon sens, il ne s’agit pas d’une guerre, parce qu’il n’y a pas d’ennemi. Nous sommes face à un phénomène qui s’inscrit dans la loi du vivant, laquelle se manifeste à la fois au travers de processus de création et de destruction. La maladie fait partie de la vie au sens biologique, comme la dégénérescence et la mort. Il n’y a pas d’ennemi quand il n’y a ni intelligence humaine ni intention de nuire. Il s’agit d’un phénomène biologique qui nous menace et nous met à l’épreuve, mais ce n’est pas une guerre.
Penser les maladies sur le modèle de la guerre, ce qui est courant, c’est se méprendre sur l’essence du vivant. Je ne suis pas sûre que cela aide ni à se la représenter ni à en comprendre le fonctionnement. D’autant plus qu’ici il s’agit non pas d’aller au contact, mais bien plutôt de l’esquiver comme un boxeur agile, qui refuserait de rendre les coups. Pour le moment, nous ne sommes pas en mesure de la détruire, ni par un traitement, ni par un vaccin, mais simplement d’essayer autant que possible de freiner sa propagation affolante. C’est très différent.

« Le combat contre l’épidémie ressemble davantage à la drôle de guerre qu’à la grande »

En paraphrasant Clemenceau, Emmanuel Macron a voulu unir toutes les forces de la nation, mais la société reste déboussolée par les injonctions contradictoires de l’exécutif, estime dans sa chronique Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde ».

Publié le 23 mars 2020

Emmanuel Macron, lors de son allocution télévisée du 16 mars.
Emmanuel Macron, lors de son allocution télévisée du 16 mars. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE POUR LE MONDE
A
u milieu de ce quinquennat qui se voulait vierge de tout passé, en rupture avec le vieux monde, a surgi un personnage historique chenu mais incontournable par temps de guerre : Georges Clemenceau. Certes, le président de la République n’a pas explicitement convoqué le Père la Victoire dans son allocution télévisée du 16 mars mais il n’a pas hésité à le paraphraser lorsqu’il a rendu hommage aux personnels soignants qui « ont des droits sur nous », comme naguère les poilus de la guerre de 14-18. Et il s’en est constamment inspiré lorsqu’il a martelé à six reprises et pour marquer les esprits : « Nous sommes en guerre. »

Quelles forces était donc parvenues à soulever l’homme âgé de 76 ans qui, appelé par Raymond Poincaré pour redevenir président du conseil, était monté à la tribune de l’Assemblée nationale le 20 novembre 1917 pour annoncer : « Nous nous présentons devant vous dans l’unique pensée d’une guerre intégrale » ? Le pays guerroyait alors depuis trois ans mais les très lourdes pertes humaines qu’il avait subies dans les tranchées entretenaient le défaitisme.
En prenant les rênes du gouvernement, le Vendéen n’était pas du tout assuré de remporter la guerre mais il en avait la farouche volonté et appuyait son action sur deux principes intangibles : l’exécutif devait être énergique et décidé, et toutes les forces de la nation devaient être unies contre l’ennemi. « Il faut que chaque citoyen, où qu’il soit, prenne sa part de responsabilité », avait-il lancé. Depuis le déclenchement des hostilités en 1914, le Tigre n’avait cessé de fustiger dans son journal L’Homme libre, devenu après la censure L’Homme enchaîné, « l’insouciance » des uns et « la mollesse » des autres.

«Véran est médecin, il est censé être notre capitaine»

Par Christian Lehmann, médecin et écrivain — 
Le ministre de la Santé Olivier Véran lors d'une conférence de presse sur le Covid-19 le 17 février à l'hôpital Bichat à Paris.
Le ministre de la Santé Olivier Véran lors d'une conférence de presse sur le Covid-19 le 17 février à l'hôpital Bichat à Paris. Photo Geoffroy Van Der Hasselt. AFP



Christian Lehmann est écrivain et médecin dans les Yvelines. Pour «Libération», il tient la chronique quotidienne d’une société sous cloche à l'heure du coronavirus.

Au cabinet médical, le quotidien change. D’abord parce que les mesures d’hygiène sont chronophages, nécessitent une attention particulière dans un monde où elles avaient été peu à peu négligées, et qu’il faut réapprendre, éviter les erreurs d’inattention, faire avec la pénurie actuelle. Je suis passé une nouvelle fois à la pharmacie, sans y croire, juste pour vérifier, et bien entendu les masques promis depuis maintenant six jours ne s’étaient toujours pas matérialisés. Mais, surprise, la pharmacienne m’a ramené du fond de sa réserve un sachet plastique de 50 masques chirurgicaux : «On a fouillé dans tous les coins et on a retrouvé un carton datant de 2009.» Elle n’a pas voulu que je les paie. Cela me permettra de protéger un peu l’entourage immédiat de patients atteints. Une goutte d’eau par rapport à ce qu’il faudrait.

Stress, colère, anxiété… Ne pas négliger les effets de l'épidémie sur la santé mentale

Par Olivier Monod — 

Photo Christelle Calmettes. Hans Lucas

Une épidémie et un confinement massif ont des conséquences psychologiques. Les psys s'organisent eux aussi dans l'urgence et malgré le manque de moyens.

Derrière la crise sanitaire, la crise psychologique. Le confinement et l’épidémie de Covid-19 ont des impacts sur la santé mentale des Français à ne surtout pas négliger.
En premier lieu, ce sont les soignants qu’il convient d’aider. «Un soignant a aussi besoin qu’on lui accorde du temps. Pour parler, pour pleurer, pour se soigner aussi : il aura peut-être besoin de traitements pour tenir le coup et continuer de pratiquer dans les meilleures conditions», explique le psychiatre Bruno Boniface, dans Libération ce vendredi.

Coronavirus : “Il y aura beaucoup de morts”, les services psychiatriques sous tension



Par Agathe Tournoux.   Publié le 21/03/2020
La crise sanitaire, dûe à l'épidémie de coronavirus, frappe de plein fouet le monde hospitalier. Alors que les services des urgences et de réanimation sont sur le front, les dommages collatéraux dans les autres services commencent à se faire ressentir.

Bien qu'encore épargnés par l'épidémie de Covid-19, les hôpitaux psychiatriques se préparent. Dans des services qui manquent de tout, l'inquiétude monte chez le personnel soignant qui craint une dégradation rapide de la situation. 


Fermeture de lits



Des aménagements spécifiques pour les personnes atteintes du Covid19 ont été mis en place dans les services psychiatriques. Des unités réservées aux patients malades, mais aussi des fermetures de lits pour faire face à l'urgence. 


"On est obligé de fermer des lits pour aménager des espaces de confinement et isoler les patients contaminés. On en a eu un hier, il a été placé dans une chambre seul." Pour le psychiatre Mathieu Bellahsen, chef de pôle à l'hôpital spécialisé Roger Prévot à Asnières-sur-Seine, "fermer des lits" signifie mettre des personnes fragiles et souvent marginalisées dehors.

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Aujourd’hui, j’ai re

Coronavirus : quels sont les risques du confinement pour notre santé mentale ?



Yann Thompson   publié le 

Troubles de l'humeur, pensées suicidaires, symptômes post-traumatiques... Des chercheurs alertent sur les "coûts psychologiques" potentiels des mesures extrêmes prises pour stopper l'épidémie.

Gare aux dommages collatéraux. En pleine pandémie de Covid-19, une équipe de chercheurs britanniques met en garde les dirigeants de la planète face aux effets potentiellement "dramatiques" des mesures de confinement imposées pour freiner le coronavirus. En France, un tel dispositif est entré en vigueur, mardi 17 mars, à midi, pour une durée minimale de quinze jours – sans que la question de l'impact sur la santé mentale ait été clairement posée.
Dans un article publié le 14 mars dans la revue scientifique The Lancet (en anglais), sept membres du département de psychologie du King's College de Londres préviennent : "Les bénéfices potentiels d'une quarantaine massive et obligatoire doivent être évalués avec précaution au regard des possibles coûts psychologiques." Autrement dit, il ne faudrait pas que la lutte contre l'épidémie donne naissance à une autre épidémie, moins visible, touchant directement les esprits. "Il ne s'agit pas non plus d'exclure tout confinement", précisent-ils.