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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

lundi 17 février 2020

"C'était mieux avant"... et ça fait 2 000 ans que ça dure !

Par Hélène Combis   17/02/2020

Le passéisme, ça vous parle ? C'est cette certitude que le monde tournait bien mieux avant, que l'humain avait de plus hautes aspirations, que l'intelligence n'avait pas encore capitulé... Contrairement à ce que pourrait laisser croire notre époque, le passéisme ne date pas d'aujourd'hui.
Une personne regardant avec nostalgie une photographie
Une personne regardant avec nostalgie une photographie Crédits : WIN-Initiative/Neleman - Getty
"Les jeunes n'ont plus aucun respect et plus rien ne les intéresse", "La fin de l'humanité est pour bientôt et c'est tant mieux", "Le QI de la population est en baisse", etc.
Qui n'a jamais entendu (ou ne s'est jamais laissé aller à...) ces récriminations ? Les temps semblent plus que jamais angoissants à l'aune (bien concrète) du changement climatique et des inquiétudes sociales... mais le sentiment prégnant que "c'était mieux avant" a probablement agité nos ancêtres avant nous.
De fait, le poète latin Horace en témoignait déjà il y a presque 2 000 ans, dans son _Art poétique (_v. 173-174) : "Mille incommodités assiègent le vieillard… Quinteux, râleur, vantant le temps passé, quand il était gosse, toujours à censurer les jeunes…" Parmi de nombreuses imprécations antiques et atemporelles, nous pouvons aussi citer celles de Valerius Caton dans ses Poetae minores (v. 178-182.) : "Est-ce ma faute si nous n’en sommes plus à l’âge d’or ? Il m’aurait mieux valu naître alors que la Nature était plus clémente. Ô sort cruel qui m’a fait venir trop tard, fils d’une race déshéritée !" ; ou encore les lamentations de Juvénal, dans ses Satires (v. 69-70) : "Déjà du temps d’Homère notre race baissait. La terre ne nourrit plus aujourd’hui que des hommes méchants et chétifs."

Quand un psychiatre revisite la Bible

Publié le 17/02/2020


On se souvient du livre que Françoise Dolto publia en 1977, en collaboration avec Gérard Sévérin, un ancien prêtre devenu (je n’ose pas dire « converti ») psychanalyste[1]. Ce livre, L’Évangile au risque de la psychanalyse, jetait un pont entre des préoccupations de type religieux et d’ordre psychologique.

Dans un esprit comparable, le psychiatre britannique George Stein propose aujourd’hui un ouvrage (évoqué par le chroniqueur du British Journal of Psychiatry) consacré à « la psychiatrie cachée dans l’Ancien Testament » : The Hidden Psychiatry of the Old Testament, chez Hamilton Books. L’auteur suggère de considérer ce texte (l’un des plus célèbres de l’humanité) comme « un réservoir précieux de connaissances psychiatriques. » Pour conforter cette thèse, il s’appuie à la fois sur des parties de la Bible décrivant « les sentiments et les dilemmes de personnages-clés » (Job, Jérémie, Ezéchiel, Saül…) et sur « un large éventail de sources psychiatriques. » On peut évoquer par exemple « les épisodes ‘‘maniaques’’ du roi Saül, les sentiments ‘‘paranoïaques’’ de Job, les hallucinations ‘‘schizophréniques’’ d’Ezéchiel. L’auteur propose ainsi de rapprocher certaines descriptions bibliques (comme « la manie chez Saül, la dépression et la culpabilité chez Job, la panique et le dégoût de soi chez Jérémie, et les comportements psychotiques et hallucinations d’Ezéchiel ») avec les références actuelles du DSM !...

Avoir la conviction délirante d’être enceinte



© Flickr
C’est l’histoire d’une quadragénaire hospitalisée pour un délire de grossesse. Elle est absolument convaincue d’être enceinte depuis neuf mois, alors qu’elle ne présente aucun signe objectif de grossesse.

Cette femme s’est présentée aux urgences gynécologiques pensant faire une « grossesse extra-utérine intra-abdominale rompue avec treize fœtus en intra-thoracique ». L’emploi d’un vocabulaire médical s’explique par le fait qu’elle a été infirmière pendant plus de dix ans. Son cas est rapporté par Julie Meudal, Olivier Sabbagh et Michel Lejoyeux (groupe hospitalo-universitaire Maison-Blanche Bichat, Paris) dans un article publié dans le numéro de janvier 2020 de la revue L’Encéphale.
Totale adhésion au délire

Le délire de la patiente obéit à une logique sans faille. En d’autres termes, les déductions de la patiente sont inébranlables. Lorsque les psychiatres lui font remarquer que les dosages hormonaux de la bêta-HCG (hormone chorionique gonadotrope humaine), l’hormone de la grossesse, sont négatifs, la jeune femme leur déclare que c’est parce  qu’elle a reçu « une transfusion de sang d’homme ». Quand les cliniciens lui indiquent que son utérus est vide, la patiente leur affirme que sa grossesse est extra-utérine. Enfin, si le scanner thoraco-abdomino-pelvien ne montre pas d’image de fœtus, c’est que « les images prouvant la grossesse ont été supprimées ».

Biographie de Camille Froidevaux-Metterie




© DR
Camille Froidevaux-Metterie est professeure de science politique et chargée de mission égalité-diversité à l'Université de Reims Champagne-Ardenne. Ses recherches sont consacrées aux mutations de la condition féminine portées par les luttes et la pensée féministes. Avec en toile de fond une analyse historique des recompositions du partage privé-féminin/public-masculin, elle réfléchit au sens que revêt le corps des femmes dans la période contemporaine. Dans ses travaux actuels, elle pense les implications de la corporéité tant sur le plan subjectif de l’expérience vécue que sur le plan collectif des normes sexistes et des structures de domination.

Au pied des coteaux de la Citadelle, la volière aux oiseaux blessés

DH Les Sports+

Jean Bernard
   Publié le 
Au pied des coteaux de la Citadelle, la volière aux oiseaux blessés

Pour marquer le demi-millénaire de l’installation des frères cellites sur les Coteaux de la Citadelle, expositions, concerts et conférences sont au menu jusqu’au 4 avril.

Il est de ces lieux en Belgique marqués par l’assistance qui fut apportée aux plus déshérités. Ces lieux, souvent créés par des congrégations religieuses, ont conservé leur vocation à travers les âges, se laïcisant avant d’être supplantés par des institutions modernes. Si le Oud Sint-Jan (Bruges) ou l’hôpital Notre-Dame à la Rose (Lessines) sont les plus célèbres de ces lieux, pour les maladies psychiatriques, on retiendra l’actuel musée du Dr Guislain à Gand, ancien hospice fondé par les Frères de la Charité au début du XIXe siècle.
À Liège, c’est dès 1519 que la congrégation charitable des Frères cellites arrive aux Coteaux de la Citadelle, sur le versant dénommé "en Volière". Il en subsiste l’ancien couvent réhabilité et sa chapelle Saint-Roch, fort abîmée aujourd’hui et que des passionnés sont bien décidés à restaurer. Il est vrai que Saint-Roch en Volière ne manque pas d’atouts pour devenir un haut lieu du tourisme à Liège, vu son histoire, ses richesses d’architecture et d’ornementation, son orgue classé patrimoine exceptionnel de Wallonie.
Il faut savoir que si les frères commencèrent leur travail auprès des plus faibles dès l’année qui suivit leur installation, d’abord suite à une épidémie de peste et ensuite auprès des "insensés", c’est toujours dans les environs immédiats qu’aujourd’hui encore, l’Intercommunale de soins spécialisés de Liège (ISoSL) poursuit le rôle social des frères cellites par sa vocation psychiatrique dans la promotion de la santé mentale.

Programmes de soins en psychiatrie : état des savoirs, regards sur les pratiques

CAIRN.INFO : Chercher, repérer, avancer.


La loi du 5 juillet 2011 a introduit la possibilité de soins ambulatoires sans consentement dans le cadre de programmes de soins. Un premier bilan statistique réalisé par l’Irdes fait apparaître qu’en 2015 près de 37 000 personnes auraient été prises en charge selon cette modalité de soin, soit 40 % des personnes ayant reçu des soins sans consentement cette année-là [1]. Si ce chiffre peut inquiéter au regard des enjeux de privation de liberté, notamment parce que cette mesure ne s’accompagne pas de contrôle systématique par le juge de liberté et de la détention, il doit aussi nous interroger sur l’origine de son « succès ». 


Programmes de soins en psychiatrie Entre déprogrammation et reprogrammation

CAIRN.INFO : Chercher, repérer, avancer.



La Haute Autorité de santé (HAS) a lancé le 10 septembre 2019 les travaux pour élaborer un guide de bon usage des programmes de soins en réunissant lesdites « parties prenantes » concernées par le sujet avant que le groupe de travail proprement dit ne se réunisse trois ou quatre fois en considérant que ce nombre restreint de réunions suffira à cerner une question éminemment complexe


Comment j'ai caché mon autisme pour m'intégrer





  • 16 FÉVR. 2020
  •  
  • PAR 
  •  
  • BLOG : LE BLOG DE JEAN VINÇOT
  • Eloise Stark a cherché à comprendre pourquoi elle se sentait différente, jusqu'à un diagnostic d'autisme à 27 ans. Des chercheurs mettent au point un outil pour reconnaître les pratiques de camouflage pour s'intégrer, et faciliter ainsi le diagnostic.
Eloise a été victime de harcèlement et de crachats à l'école parce qu'elle se comportait différemment de ses camarades © Eloise StarkEloise a été victime de harcèlement et de crachats à l'école parce qu'elle se comportait différemment de ses camarades © Eloise Stark
Eloise Stark s'est efforcée de comprendre pourquoi elle se sentait différente jusqu'à ce qu'on lui diagnostique un autisme à l'âge relativement tardif de 27 ans, après avoir caché ses "bizarreries" toute sa vie. On espère qu'un nouvel outil développé par les chercheurs aidera les professionnels à reconnaître plus rapidement ceux qui ne savent pas qu'ils sont atteints de cette condition et les astuces qu'ils utilisent pour s'intégrer.
Je me suis rendu compte que j'étais différente quand j'étais à l'école primaire. Je parlais de choses qui m'intéressaient, mais ce n'était pas ce qui intéressait tout le monde. Par exemple, j'aimais la psychologie et j'en parlais et tout le monde parlait des garçons. J'avais juste des intérêts mal assortis et je me sentais toujours plus à l'aise pour parler aux adultes qu'à mes pairs. Je ne savais pas vraiment comment devenir le meilleur ami de quelqu'un ou comment jouer à ce que les autres jouaient.
J'étais vraiment maltraitée. Quelqu'un m'a craché dessus une fois, alors que d'autres réagissaient en se mettant en colère. Je répondais en disant "c'est une violation de la loi sur le comportement criminel" ou quelque chose comme ça. Ce n'était pas la façon dont les gens s'attendaient à ce que vous réagissiez.
Mes stratégies ont commencé à l'école primaire - je voulais m'intégrer. Beaucoup de personnes autistes sont hypersensibles aux expériences sensorielles, par exemple [certains] n'aiment pas porter de chaussettes parce qu'ils se sentent serrés aux chevilles, ou ils n'aiment pas les lumières vives ou les bruits forts.
À l'école, nous devions avoir les cheveux attachés, mais je détestais cette sensation, alors je les enlevais et j'avais des problèmes, les gens pensaient que j'essayais juste d'être cool. Je portais les mêmes vêtements que tout le monde, mais c'était toujours un peu symbolique parce que je ne comprenais pas le raisonnement profond qui les poussait à les porter. Je me débattais toujours entre le confort et l'attente.
Eloise a réalisé qu'elle était différente lorsqu'elle est allée à l'école primaire © Eloise StarkEloise a réalisé qu'elle était différente lorsqu'elle est allée à l'école primaire © Eloise Stark
Les années d'adolescence ont été atroces parce que vous ne voulez pas de celui qui se démarque. La pression est beaucoup plus forte pour que les filles se conforment et fassent partie d'un groupe social. Si un garçon joue tout seul, il est considéré comme indépendant, mais si une fille le fait, les gens disent que quelque chose ne va pas.
Je me suis adaptée pour essayer de m'intégrer. J'ai appris dès mon plus jeune âge que l'on est censé établir un contact visuel, puis j'ai lu qu'en fait, les gens ne gardent pas un contact visuel constant et cela a été pour moi une sorte de révélation. J'ai donc commencé à détourner le regard pendant deux secondes pour chaque quatre phrases d'une conversation. Je sais que si quelqu'un fait une blague, on s'attend à ce que je rie, que je trouve ça drôle ou pas.
Socialiser, c'est un peu comme être au milieu d'une foule de gens et tout d'un coup, on oublie comment on marche. Tout le monde autour de vous marche nonchalamment et vous devez réfléchir à tous les aspects de la séquence motrice pour rester debout et passer d'un pied à l'autre. C'est souvent ce que l'on ressent lorsqu'on est autiste mais que l'on essaie de s'intégrer. Il faut de l'énergie, de la réflexion, et même si vous semblez marcher comme tout le monde, il faut beaucoup plus d'efforts pour paraître normal. Il m'arrivait parfois de rentrer à la maison et de m'effondrer parce que j'étais tellement fatiguée de devoir garder un contact visuel.
La jeune Eloïse et une amie - Elle a dit qu'elle avait des intérêts différents de ceux des autres enfants © Eloise StarkLa jeune Eloïse et une amie - Elle a dit qu'elle avait des intérêts différents de ceux des autres enfants © Eloise Stark
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Schizophrène, Christopher Tihy veut être « l’ambassadeur » des malades psychiques aux handicaps invisibles

Vincent LE GALLOIS   PUBLIÉ LE 









Tant qu’il y a de la vie

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Les centres de soins palliatifs sont pleins de vie. Car les mourants vivent. Ils célèbrent des anniversaires et des mariages, parfois même les leurs. Certains patients donnent du pain aux oiseaux, d’autres préfèrent l’art et la musique. « Et bien sûr, les gens ne sont pas moins intéressants parce qu’ils sont mourants », note la journaliste Cathy Rentzenbrink dans The Times, à propos de Dear Life, le second ouvrage de la médecin britannique Rachel Clarke qui « présente une foule de personnalités intéressantes ».



En Eglise, se former à la maladie psychique

RCF, La Joie se partage
Radio chrétienne francophone

Présentée par 10 FÉVRIER

Le 11 février, c’est la journée mondiale des malades. Des malades du corps, mais aussi ceux atteints de maladie mentale, ils ont besoin que l’Eglise prenne soin de leur vie spirituelle !

« Quand je ne suis pas bien, je ne suis que prière, de manière automatique - raconte Rosalie. Elle est bipolaire - Je récite des bribes de Je vous salue Marie... J’aime bien la prière de Job, ce cri de désespoir. À l’inverse, dit-elle - dans mes phases maniaques, la place de Dieu devient accessoire. Et entre les deux, j’essaie de rendre grâce… ».
Rosalie témoigne ainsi sur le site Lacroix.com. Elle explique comment sa relation à Dieu suit les hauts et les bas que sa maladie lui fait vivre. Ce n’est pas facile de discerner ce qui est de l’ordre du découragement spirituel ou de la dépression pathologique ! Alors elle a vraiment besoin d’un accompagnement spirituel, pour faire le tri et avancer. Cet accompagnement est difficile à trouver. Plus d’une fois, elle a senti le prêtre auquel elle s’adressait complètement perdu devant son chaos intérieur.
On l’imagine, la maladie psychique impacte la vie spirituelle des personnes malades. Les proches sont souvent déroutés. Ils deviennent vite méfiants devant une religiosité qui peut être parfois exacerbée.
Est-ce la maladie qui parle dans ce qui semble parfois si incohérent ou excessif ? Ou est-ce la personne ? Du coup, les personnes malades se sentent souvent mal accueillis en Eglise – c’est le cas de Rosalie. Et puis certains malades ont tellement peur du délire mystique, qu’ils ont déjà vécu, qu’ils s’en préservent en se fermant à toute vie spirituelle.

Hauts-de-Seine : quatre ans pour restructurer le centre hospitalier de Nanterre

Par Florence Hubin   l17 février 2020

D'ici 2024, le centre d'accueil et de soins hospitaliers (Cash) de Nanterre opérera une transformation complète pour se moderniser, se restructurer, mais aussi pour accueillir les patients du nord des Hauts-de-Seine suivis en psychiatrie.
 Nanterre. Le Cash de Nanterre, dont les premiers bâtiments ont ouvert il y a 133 ans, va subir une profonde transformation. Rénovations, restructurations et constructions sont au programme.
Nanterre. Le Cash de Nanterre, dont les premiers bâtiments ont ouvert il y a 133 ans, va subir une profonde transformation. Rénovations, restructurations et constructions sont au programme. LP/C-E.AK
Cet établissement public à caractère social et sanitaire, tel qu'il a été défini en 1989, regroupe un pôle sanitaire (avec l'hôpital Max-Fourestier) et un pôle social. Une double vocation héritée du passé de ce site, qui accueillait des détenus à son ouverture, en 1887, avant de développer le secteur médical.
Les grands travaux vont démarrer dans les prochains mois car le Cash de Nanterre doit vendre une partie de son site de 17 hectares. La parcelle cédée, qui comprend notamment le bâtiment historique (qui sera conservé), à l'entrée, fait partie d'un vaste projet de rénovation urbaine, où seront construits des logements, des services et un parc public.

Deux nouveaux bâtiments seront érigés d’ici quatre ans. LP/Service infographie
Deux nouveaux bâtiments seront érigés d’ici quatre ans. LP/Service infographie  

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Pour continuer à s’aimer une fois que l’enfant paraît, il faut mentaliser

Le Temps

Marie-Pierre Genecand  Publié lundi 17 février 2020










SUISSE


La descendance, c’est un des ciments du couple, mais elle le met aussi à l’épreuve. Pour retrouver leur élan d’avant, les parents doivent apprendre à communiquer à un niveau élevé, préconise le psychiatre Stephan Eliez

Comment arriver à enrayer la machine à reproches? Il faut mettre du doute dans nos phrases. 
— © Westend61/Getty Images

La naissance des enfants. Leur éducation. Le partage des tâches. La gestion du budget. Le poids du travail. Les relations compliquées avec la belle-famille. La libido contrariée… Les raisons pour lesquelles les parents ne peuvent plus être les amants flamboyants d’antan ne manquent pas. Et ce qui est vrai pour la passion amoureuse l’est aussi pour la communication.
Irritation, incompréhension, mépris, sarcasmes: professeur ordinaire au Département de psychiatrie de la Faculté de médecine de l’Université de Genève, Stephan Eliez dresse la liste de tous les biais toxiques que la parole prend quand le couple n’est plus en phase. Mais le psychiatre, qui a dirigé pendant treize ans l’Office médico-pédagogique genevois, ne s’arrête pas là. Dans Etre parents et s’aimer comme avant, un ouvrage qui vient de paraître aux Editions Odile Jacob, l’auteur donne aussi une solution: la mentalisation, ou comment réinstaller un dialogue sain, respectueux et même joyeux entre les amoureux éprouvés.

"Qu'est-ce que comparer?" ou l'anthropologie comme art de la découverte : Leçon de clôture de Philippe Descola

LES COURS DU COLLÈGE DE FRANCE
17/02/2020
58 MIN

Pourquoi les invariants anthropologiques ne sont-ils pas des universaux? s'interroge Philippe Descola dans la leçon de clôture de son enseignement. Il propose une conclusion synthétique à son ultime série, "Qu'est-ce que comparer?" et il explique comment il envisage lui-même le comparatisme.
Reflet du visage d'un chaman achuar dans un miroir brisé, (Equateur en 1994)
Reflet du visage d'un chaman achuar dans un miroir brisé, (Equateur en 1994) Crédits : Francois ANCELLET/Gamma-Rapho via Getty Images - Getty
Médaille d’or du CNRS en 2012, directeur d'études à l’EHESS, normalien,  philosophe de formation, Philippe Descola a été professeur au Collège de France, titulaire de la chaire Anthropologie de la nature de 2000 à 2019. Pour son ultime série de cours, dans l’institution pluriséculaire, où Claude Lévi-Strauss et Françoise Héritier l’on précédé, Philippe Descola nous propose un retour à la fois réflexif et rétrospectif sur la démarche comparatiste qui anime les disciplines de sa vie, qu’il soit passé par l’ethnographie, l'ethnologie ou l’anthropologie. Il est l’auteur d’une thèse d’ethnologie sous la direction de Claude Lévi-Strauss, sur les Indiens Achuars en Haute Amazonie qu’il a étudiés à la fin des années 1970 et dont il est devenu le spécialiste.
Au fil de cette série, nous avons découvert toute la complexité de la tâche de l'ethnographe-ethnologue-anthropologue, mais aussi les chausse-trappes des méthodes à côtés des riches découvertes
Philippe Descola indique :
"À grands traits, je pourrais dire que je suis passé en une quarantaine d'années d'un comparatisme naïf, intuitif et commandé par l'émerveillement devant ma découverte en Amazonie, de manières de faire et de penser, qui était pour moi d'une radicale originalité, à un comparatisme plus ample et plus méthodique, marqué par la conviction que ce n'est pas un seul peuple ou même un seul style de vie régional qui pourra contribuer à enrichir l'intelligence du monde, mais bien la connaissance de la pluralité des formes d'expression sociale et culturelle, pourvu, pourvu que l'on sache faire jaillir des contrastes que ces formes présentent, les étincelles d'une pensée moins convenue de la façon dont les humains s'associent entre eux et avec d'autres êtres. C'est aussi la condition pour concevoir d'autres formes d'association qui n'ont jamais été inventoriées par les ethnologues ou par les historiens, mais que l'état du monde présent exige avec urgence que nous tentions de les imaginer."