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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mercredi 16 juin 2010




Sur le divan, même à 80 ans
Par Betty Mamane
12/06/2010

Pour Catherine Bergeret-Amselek, psychanalyste et présidente du colloque "la cause des aînés" organisé ce week-end, il n'y a pas d'âge pour commencer une psychanalyse.

La psychanalyse Catherine Bergeret-Amselek est la présidente ducolloque "La cause des aînés, pour vieillir autrement... et mieux" qui se tient ces samedi 12 et dimanche 13 juin, à la Maison de la chimie à Paris. Elle expose les raisons qui poussent les plus de 60 ans à faire une psychanalyse.

Passé 60 ans, quel peut être le bénéfice d'entamer un travail sur soi ?

Le processus de vieillissement est une réalité biologique associée à une crise existentielle, au même titre que l'adolescence et la maternité. C'est une période de questionnement sur le sens de la vie liée à un changement inédit de rapport au corps et au temps. On a l'impression de rattraper ses parents sur le chemin de la vieillesse et de la mort. On se met même à leur ressembler... Chacun s'interroge: vais-je vieillir comme eux? Tout l'enjeu est là, vieillir différemment. Rencontrer un psy offre la possibilité de faire ce travail de reconstruction pour trouver une cohérence à sa vie, dans un cadre sécurisant. La présence charnelle de l'analyste, au moment même où l'on a l'impression de perdre ses limites corporelles, permet d'effectuer une "greffe de vie".

Existe-t-il différents types d'approches selon l'âge ?
Quel que soit l'âge du patient, la démarche du psychanalyste reste fondamentalement la même, mais ce sont les questionnements qui changent. A 50 ans, on se demande quel sens a sa vie? Aura-t-on le temps de tout faire? C'est une période de remise en cause, il est encore temps de changer de cap. A 70 ans, on se dit: quel sens a eu ma vie? Ai-je été quelqu'un de bien? C'est un temps d'intégration et d'acceptation, qui permet de rester encore ouvert à la vie.

Quelles sont les spécificités de l'accompagnement psychologique du grand âge ?

Quand on reçoit une personne de 80 ans, on sait que le travail d'analyse risque d'être perturbé par des problèmes pratiques, qui se poseront tôt au tard: que faire, par exemple, si le patient doit être hospitalisé? L'analyste doit-il faire ses séances au sein de l'hôpital, alors que c'est a priori contraire à sa déontologie? Il doit en tout cas être capable de remettre en question son mode habituel de pratique. Chaque cas est particulier. De même, une approche tactile ou affective, contraire à la neutralité bienveillante recommandée aux thérapeutes, peut être réellement bénéfique sur les patients très âgés. Dans le cadre de certaines maladies dégénératives, comme la maladie d'Alzheimer, le praticien doit être capable de prodiguer une sécurité affective qui l'oblige lui-même à se remettre en question. Au moment de l'annonce de la maladie, ce type d'accompagnement peut même être salvateur. C'est un moyen de prendre en charge la souffrance psychique qui s'ajoute aux troubles cognitifs. Mais nous n'en sommes qu'aux prémices... La géronto-psychanalyse a encore beaucoup à prouver.

Héros contemporains et psychanalyse
Et si Sigmund Freud avait rencontré Homer Simpson ?
http://heroscontemporainsetpsychanalyse.wordpress.com/2010/06/12/lost-ou-lillusion-groupale/

Lost, ou l’illusion groupale

« Lost, les disparus » est une série télévisée diffusée depuis 2004 aux États-Unis, 2005 en France, et arrêtée en 2010. Elle comporte 6 saisons.

Lost raconte l’histoire des rescapés du vol 815 d’Oceanic Airlines, partant de Sydney et à destination de Los Angeles. L’avion s’écrase sur une île déserte en plein milieu du pacifique. Cependant les survivants comprendront rapidement qu’ils ne sont pas seuls: une fumée noire attaque certains imprudents s’aventurant dans la forêt, et il existe des installations de la « Dharma Initiative », qui semblent être présents pour effectuer des expériences autour de la particularité magnétique de cette île.

Au-delà des intrigues se déroulant sur l’île, les épisodes de cette séries se construisent autour de flashbacks des personnages principaux: le Docteur Shephard ramenait le corps de son père aux États-Unis pour l’enterrer. On comprend qu’il avait de grandes difficultés relationnelles avec ce dernier (comme son père, il est neurochirurgien, et semble être dans une identification mais également une rivalité avec lui), Kate revient aux États-Unis afin d’être condamnée pour le meurtre de son beau-père… Chaque personnage expose au fil des épisodes son passé, ses problématiques, sa souffrance.

Les rescapés forment un groupe tout d’abord pour fuir cette île, et pour s’opposer aux « Autres ». Il existe dans toutes les saisons un « Autre » inconnu permettant au groupe d’exister. L’illusion groupale (Anzieu, « le groupe et l’inconscient ») est un espace psychique collectif dans lequel les membres du groupe se pensent comme bon groupe. Ce groupe se constitue autour d’un ennemi commun. Il existe un clivage entre bon groupe et mauvais groupe. On pense le groupe comme un bon groupe avec un bon leader si celui-ci ne conteste pas ce statut. L’illusion groupale peut survenir après la domination d’une angoisse de persécution. Shephard semble ressortir de ce groupe comme leader, mais il ne se conçoit pas comme tel et semble être contester, surtout par Sawyer.

L’île, elle-même a une histoire conflictuelle: ses origines se construisent sur une rivalité fraternelle et le parricide: Jacob souhaitant sauver l’île quand la fumée noire, son frère (qui n’a pas de nom), souhaite la détruire.

La fin de la série renvoie beaucoup à des conceptions judéo-chrétiennes: afin d’atteindre le paradis, les personnages doivent résoudre leur conflit et souffrir sur l’île afin d’être apaisés par la suite. L’île semble correspondre aux limbes, et Jacob (dans la bible Jacob se nommera Israël ensuite: « celui qui a lutté avec Dieu ») est son protecteur. Les personnages pourront enfin atteindre le paradis après la résolution de leurs problèmes sur l’île et de leurs souffrances.

Le père de Jack, tel Dieu le Père, réunit tous les membres de l’équipage dans une église et leur ouvre les portes du paradis. Il est bien sûr à noter que le vol était en direction de Los Angeles « La cité des anges ».


 Anakin Skywalker serait borderline 

 Grosse surprise ! Anakin Skywalker aurait une personnalité de type borderline (aussi appelé trouble de la personnalité limite). C’est en tous cas ce qu’affirme Eric Bui, médecin psychiatre au CHU de Toulouse. Non mais sans blague, un type qui coupe la main de son fils et qui pense en plus que c’est le bon moment pour lui révéler qu’il est son père, dire de lui qu’il est borderline est un euphémisme, non ?

Peu importe ce que je pense, Éric Bui a publié un article expliquant son analyse dans la revue Psychiatry Research. Il a expliqué aux journalistes de Libé son raisonnement que vous pouvez suivre en vidéo. Passionnant, et inquiétant puisque 2% de la population mondiale serait borderline et pourrait donc rejoindre le côté obscur de la Force.

samedi 12 juin 2010





10/06/2010

Des psychiatres montent au créneau
Par FTV avec agences

L'Intersyndicale des psychiatres de secteur public (IPP) a réclamé le 9 juin "une loi de santé mentale non liberticide"

L'IPP (regroupant le SPH et l'Idepp, syndicats représentant 80% de la psychiatrie publique) dénonce une loi qui va faire basculer la psychiatrie dans le tout sécuritaire.

La ministre de la Santé Roselyne Bachelot a présenté le 5 mai un projet de loi réformant l'hospitalisation sans consentement, qui doit être débattu au  Parlement à l'automne.

La réforme avait été souhaitée par le président Nicolas Sarkozy en 2008, après la mort, à Grenoble, d'un étudiant poignardé par un malade échappé de l'hôpital.

Ainsi, Jean-Claude Pénochet, président de l'IPP et du Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH) estime que "la psychiatrie est à un carrefour", entre la mise en place de la loi HPST (Hôpital, patients, santé, territoires) et la réforme des soins psychiatriques sans consentement (loi de 1990), dont "le projet de révision apparaît comme une occasion manquée de réviser le système."

Pour l'IPP, qui envisage "un boycott généralisé" à l'automne des structures où siègent ses membres, comme les Commissions médicales d'établissement, il faut ouvrir des "négociations immédiates" pour obtenir "une loi spécifique et sanitaire sur la psychiatrie"

Norbert Skurnik, secrétaire général de l'Idepp, s'interroge: "Verra-t-on imposer une loi sécuritaire alors que la psychiatrie est complètement désorganisée par la loi HPST ?" Et d'ajouter: "On n'a plus de place nulle part".

Quant à Denis Legay, vice-président du SPH, il estime "indispensable de redéfinir le champ de la psychiatrie dans la société". Selon lui, "c'est le soin qui prime, parce que c'est le soin qui fait la prévention".

Le Dr Pénochet, selon lequel "l'ordre public ne fait pas partie de la psychiatrie", a souligné que le projet de réforme permettra au préfet de maintenir hospitalisé - contre l'avis du médecin - un patient qu'il estime "porteur de troubles à l'ordre public". Mais si "effectivement, il y a quelques patients qui peuvent être dangereux au nom de l'ordre public", "ces patients contaminent le système qui bascule totalement dans le sécuritaire", a-t-il regretté.


Selon le Syndicat des Psychiatres d'Exercice Public (Ppep), la schizophrénie touche 1% de la population, soit 600.000 personnes en France et le caractère dangereux des malades mentaux est largement surévalué. Pour étayer cette opinion, il cite des statistiques de 2003, où sur 47.655 personnes mises en examen pour actes de délinquance (crimes ou délits), seulement 285 étaient déclarées irresponsables en raison d'une maladie mentale, soit 0,59 %. En revanche, la fréquence des crimes à l'encontre des malades mentaux est 11,8 fois plus importante que dans la population générale, tandis que celles des vols dont ils sont victimes est 140 fois plus élevée.

Modes d'hospitalisations en psychiatrie

Les différents modes d'hospitalisation en établissement psychiatrique vont de l'admission libre à l'hospitalisation d'office (HO) sans consentement du patient s'il représente un danger pour lui-même ou autrui.

L'hospitalisation d'office, d'après la loi du 27 juin 1990, modifiée par la loi du 4 mars 2002, dite loi Kouchner relative aux droits des malades, a un objectif sanitaire et un autre sécuritaire (empêcher le patient de nuire). Elle est généralement prononcée par arrêté préfectoral au vu d'un certificat médical circonstancié précisant que les troubles mentaux du patient compromettent gravement la sûreté des personnes et l'ordre public.

Pour le patient refusant l'hospitalisation mais dont l'état impose des soins immédiats et une surveillance constante en milieu hospitalier, ou dont les  troubles rendent impossible le consentement, il existe également l'hospitalisation à la demande d'un tiers (HDT), famille, entourage, assistante sociale...), nécessitant deux certificats médicaux datant de moins de 15 jours.

L'HDT peut aussi être décidée en cas de "péril imminent", ou danger pour la santé (accès à des toxiques...) ou la vie (suicide) du patient refusant les soins, dûment constaté par un médecin. L'admission peut alors intervenir au vu d'un seul certificat (émanant éventuellement d'un médecin exerçant dans l'établissement d'accueil).


Gros plan sur les UHSA et les UMD

Les Unités hospitalières spécialement aménagées (UHSA) s'ajouteront à d'autres structures de prise en charge des détenus atteints de maladies psychiatriques telles que les Unités pour malades difficiles (UMD) et les Secteurs de psychiatrie en milieu pénitentiaire (SPMP).

Les UHSA, "hôpitaux-prisons" créés par une loi de septembre 2002, dont la première unité a ouvert le 21 mai 2010 à Lyon, dépendront de l'administration pénitentiaire et accueilleront des personnes détenues, atteintes de troubles psychiatriques trop lourds pour être maintenues dans une structure pénitentiaire ordinaire. Neuf UHSA, qui devraient prendre en charge environ 600 détenus d'ici 2012, doivent être construits.

Les Unités pour malades difficiles, structures sécurisées implantées dans des centres hospitaliers spécialisés, accueillent des malades issus du milieu hospitalier - qui ne peuvent plus les garder du fait de leur violence - ou dumilieu carcéral. Les UMD, qui dépendent du ministère de la Santé, prennent également en charge des malades ayant eu affaire au système judiciaire mais déclarés pénalement irresponsables. Il existe cinq UMD en France, d'une capacité globale d'environ 500 lits.

Depuis 1986, lorsque les soins psychiatriques en milieu pénitentiaire ont été confiés au service public hospitalier, chaque région pénitentiaire a été dotée d'un ou plusieurs Secteurs de psychiatrie en milieu pénitentiaire (SPMP). Ils comprennent notamment un "service médico-psychologique régional", service de consultations ambulatoires implanté dans la prison. Il existe par ailleurs à Fresnes, dans le Val-de-Marne, un Centre socio-médico-judiciaire de sûreté, créé par la loi du 25 février 2008 et chargé d'accueillir les condamnés placés en rétention de sûreté à la fin de leur peine. Personne n'y est pour le moment retenu.






L'hôpital psychiatrique : 40 patients dangereux attendus en 2011

10 juin 2010

CHALONS-EN-CHAMPAGNE (Marne). Une unité pour malades difficiles est actuellement en cours de construction à l'hôpital psy. Quels profils présenteront les patients ? Comment fonctionnent ces unités ? Le directeur du centre hospitalier spécialisé de Sarreguemines (disposant d'une UMD) nous fait partager son vécu.

Ancien… service de sécurité

Dans le projet châlonnais, 40 patients présenteront des diagnostics divers : psychopathes, psychotiques, schizophrènes, délirants chroniques non schizophrènes, ou encore des patients en hospitalisation d'office judiciaire car considérés comme non pénalement responsables de leurs actes devant la justice car leurs troubles ont altéré leur discernement ou entravé leur contrôle au moment des actes… Ils seront accueillis dans cette UMD, où une équipe d'environ 90 personnes est attendue. Ces patients qui nécessitent des protocoles thérapeutiques intensifs et adaptés en état « dangereux majeur, certain ou imminent » sont incompatibles avec un maintien en unité d'hospitalisation classique. Ils seront admis dans l'unité châlonnaise, soignés avant de repartir dans des services psy plus traditionnels.
Comment fonctionnent ces UMD ? Comment y travaille-t-on au quotidien ? Jean-Claude Kneib, directeur du CHS (Centre hospitalier spécialisé) de Sarreguemines, comportant une UMD de 162 lits aujourd'hui (soit 40 % des places en France) nous fait part de son expérience. « Appelée service de sécurité jusqu'en 1994, notre UMD composée de 9 fois 18 lits accueille un bon nombre de patients psychopathes, mais aussi de nombreux profils criminels et autres récidivistes. Pour certains, c'est donc un hôpital prison ! ». Le patron de la première UMD du quart Nord-Est se félicite de la durée moyenne des séjours qui a considérablement diminué dans son unité.

Séjours plus courts

« Historiquement, la moyenne de séjour était de 36 mois, aujourd'hui, elle est d'un peu moins d'un an. Les nouveaux traitements administrés sont efficaces. En plus de la phase de soins, la rééducation par le sport, les loisirs et certaines thérapies innovantes portent leur fruit », explique M. Kneib. Si dans son établissement, une stabilité est enregistrée au niveau des ressources humaines, car l'UMD « historique » est bien organisée, il n'empêche que les troubles du comportement de certains patients peuvent décourager plus d'un professionnel. Il faut avoir la « niaque ». « Il est clair que nous sommes souvent confrontés à des agressions sur autrui (patient, personnel de santé…) qui prennent la forme de coups, de tentatives de strangulation, c'est un milieu particulier où de ce fait nous enregistrons pas mal d'arrêts ou d'accidents du travail. Toutes les semaines, il y a des agressions. Mais rassurez-vous les tentatives d'évasion sont avortées vu le dispositif de sécurité ». Si à l'hôpital général, le personnel est féminisé à 75 %, c'est tout le contraire en UMD…

David ZANGA




08/06/2010
Evin détaille la feuille de route de l’ARS d’Ile-de-France

Lors d’un colloque organisé ce mardi matin, Claude Evin a annoncé les « trois grandes priorités » de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France, qu’il dirige depuis le 1er avril (1). L’ancien ministre de la Santé souhaite « réduire les inégalités de santé », « maintenir la qualité des services rendus des établissements » et renforcer « l’efficience de la dépense ».
Claude Evin a précisé les grandes étapes de l’ARS dans la préparation de son projet régional de santé. « Nous devrons définir un schéma régional de l’organisation des soins ambulatoires, un schéma régional de prévention et un schéma régional d’organisation médico-sociale. Nous voulons publier ces trois schémas pour juillet 2011 ».
La Conférence régionale de santé et de l’autonomie (CRSA), qui comprendra notamment des représentants de l’administration et des associations d’usagers de la santé, et sera selon Claude Evin « le parlement de santé en Ile-de-France », sera quant à elle installée le 1er juillet 2010.
Claude Evin a par ailleurs indiqué que 31 objectifs seraient mis en place pour mesurer l’action des ARS parmi lesquels la réduction de la mort prématurée de la population, le taux d’obésité des enfants en grande section de maternelle ou la réduction des déficits des hôpitaux. « Ces objectifs seront contenus dans des contrats pluriannuels de moyens conclus entre l’ARS et le ministère de la Santé », a conclu Claude Evin.

CH. G.

(1) Claude Evin s’exprimait lors des Asclépiades, manifestation organisée par Décision Santé et Janssen-Cilag.
Quotimed.com




09/06/2010
Le prérapport de la commission Attali n’oublie pas la santé

La commission pour « la libération de la croissance », que préside Jacques Attali, a rendu mardi un prérapport* à Nicolas Sarkozy dans lequel elle formule des propositions pour sortir la France de l’impasse économique, financière et sociale.
Le secteur de la santé y trouve une bonne place. D’abord parce que la commission Attali regrette que le gouvernement n’ait pas, en la matière,« réellement engagé les recommandations » qu’elle avait inscrites il y a deux ans dans son premier rapport (développement de l’HAD, rationalisation des actes médicaux, doublement du financement de la prévention…). Ensuite pour constater que les pouvoirs publics n’ont pas de plan de maîtrise des dépenses de Sécurité sociale.
Surtout, le prérapport qui recommande, tous secteurs d’activité confondus, de« distinguer les "bons déficits" (ceux qui financent les dépenses d’avenir) des "mauvais déficits" (le financement à crédit des dépenses courantes », insiste sur le potentiel de l’activité « santé » en termes de croissance, au même titre que la… défense.
« La France dispose d’un potentiel considérable pour faire de la santé et de la défense des secteurs d’excellence industrielle, et non pas simplement des sources de coût et de dépense publique qu’il faudrait à tout prix comprimer », écrit la commission qui relève un paradoxe : ces deux secteurs « alimentent la dépense publique en offrant des produits toujours plus sophistiqués et coûteux » mais ils sont aussi « à haute valeur ajoutée » et constituent à ce titre « des gisements d’innovation et d’emplois souvent non délocalisables ».

K. P.

Prérapport consultable sur liberationdelacroissance.fr
Quotimed.com






Le FMI nous envoie chez le psychiatre

"Le FMI nous envoie chez le psychiatre” c’est le titre d’un article publié dans un quotidien grec, repris sur le web aujourd’hui.
Les entrées dans un hôpital athénien ont doublé au cours de 4 derniers mois, c’est le cas notamment en psychiatrie.
La raison est simple : la Grèce est en pleine crise, tout augmente. Les Grecs ont peur de l’avenir. Du coup, lesmédecins et les psychiatres sont débordés. Les patients veulent un médicament qui leur permette de mieux vivre ces moments difficiles.

En Chine, quatorze Chinois se sont échappés d’un camp en ligotant leur instructeur. Ces jeunes âgés de 15 à 22 ans étaient dans un camp de réhabilitation pour les accros à Internet. Ils devaient y rester plusieurs mois pourguérir leur addiction.
En Chine, près de 24 millions de jeunes souffrent d’une dépendance à l’internet.
La Chine pourrait même devenir le premier pays au monde à classer la “dépendance à Internet” comme “maladie clinique”.





25/05/2010

Interprète à l’hôpital, pour dire les maux
Par
ERIC FAVEREAU

Aziz Tabouri est interprète. Il le dit simplement : «Comment est-il possible à un médecin de parler avec un patient si celui-ci ne comprend pas les questions qu’on lui pose ?» Ou encore : «Comment le médecin peut-il se satisfaire d’un hochement de tête poli de la part d’un patient étranger ? Le médecin n’est pas un vétérinaire.» Entre un médecin et un malade, les mots peuvent être vides de compréhension. Récemment, s’est tenu un colloque au ministère de la Santé sur cette question de l’interprétariat pour les patients non francophones. Une pratique encore très marginale, et bizarrement très peu valorisée par les médecins.

«Une fois les patients dans notre cabinet, on ne va pas les renvoyer chez eux sous prétexte que nous n’avons pas d’interprètes», se défend un médecin généraliste dans Impact médecin. Alors il  se débrouille. Lui comme d’autres. Ce généraliste ajoute que de nombreux patients viennent avec leur famille ou des amis pour faire la traduction. Et qu’en fait,il n’a pas d’objection. Quid alors du secret médical ? N’y-a-t-il pas un risque de passer à côté de quelque chose de délicat ? «Le patient a droit à l’intimité et à la confidentialité lors d’un entretien médical, et également le droit de comprendre ce qui lui arrive», poursuit Aziz Tabouri, qui est vice-président de l’association Inter service migrant interprétariat. Exemple où les choses ne sont pas si simples : «L’annonce d’une séropositivité, ce n’est pas rien. Ou l’annonce d’un décès prochain. Cela renvoie chacun des patients à ce que nous avons de plus profond : la langue qui nous a bercés.» Pour lui, le manque est criant : «La langue maternelle permet d’exprimer le sentiment d’angoisse qui nous étreint, le doute qui nous assaille. C’est à ce moment précis où une personne se confronte à un diagnostic grave que le besoin d’un interprète se fait sentir avec acuité.»

En France, l’interprétariat n’existe formellement qu’à l’hôpital, Et encore, à très petites doses. Les médecins hospitaliers disent, eux aussi, se débrouiller. «C’est pourtant essentiel, reprend Aziz Tabouri. Quand on intervient au chevet d’un malade qui souffre, les difficultés sont nombreuses. Et pas seulement d’ordre linguistique. Les questionnements renvoient à des modèles de représentations du monde, de l’organisation d’un hôpital, de la mixité hommes-femmes, du rapport à la nudité, à la sexualité, à la famille, à la nourriture.» Et de citer d’autres cas : «Une jeune mère chinoise de la province de Wenzhou reçue à la maternité de l’hôpital Lariboisière n’a rien à voir avec une mère en provenance du Mali. L’interprète doit leur expliquer les propos du médecin plus par des images et des périphrases que par des mots.» A l’issue de ce colloque, la Direction générale de la santé a demandé «une évaluation des différents services d’interprétariat en France».





LA PLACE DE L’HOSPITALISATION PRIVÉE EN EUROPE

Des envies de développement malgré la crise

Réunis à Paris à l’occasion du premier congrès européen de l’hospitalisation privée, les dirigeants du secteur ont fait le pari de la croissance malgré la crise. Partout les cliniques se regroupent, les financiers investissent, tandis que l’actionnariat médical marque le pas. La crise du recrutement médical est elle aussi européenne.

QUELS SONT les taux d’emprunt en vigueur dans tel et tel pays ? Et un scanner, ça coûte combien ? Les questions échangées dans les couloirs du congrès européen de l’hospitalisation privée reflètent l’état d’esprit du secteur : optimiste. Et entreprenant. En Allemagne, en Espagne, les rachats d’établissements, gelés pendant la crise, redémarrent.

La France est le pays d’Europe qui a le plus grand nombre de cliniques privées (en pourcentage du total de lits publics-privés – voir carte –, elle n’est plus en tête). C’est elle aussi, qui, la première, a vu arriver des groupes financiers prendre des parts de marché. La tendance gagne progressivement le reste de l’Europe. « Quand il s’agit de mettre des millions sur la table pour racheter un établissement, les banques font davantage confiance à des financiers qu’à un groupe de médecins, observe le Dr Paul Garassus, vice-président de la société française d’économie de la santé. En une décennie s’est jouée une véritable révolution. L’actionnariat médical, partout en Europe, est en recul. »

Il existe autant de paysages hospitaliers que d’États membres, en raison du principe de subsidiarité. Partout où s’ouvre une brèche, les groupes de cliniques se positionnent. En Allemagne, qui privatise certains hôpitaux publics, Rhön-Klinikum a repris plusieurs établissements dont un CHU. La chaîne a doublé son nombre de lits en dix ans. Wolfgang Pföhler, directeur général du groupe, a des projets pleins la tête. « Nous voulons développer notre secteur. Notre défi principal est de baisser les prix ». En Espagne, Capio prend en charge un territoire de santé entier avec un paiement à la capitation. « La première décision de Capio a été d’investir dans la prévention pour limiter les dépenses en soins à venir, raconte Paul Garassus. J’y vois la preuve que le mode de financement des établissements influence directement l’offre de soins. »

Batailles en vue.

L’hospitalisation privée européenne, pour poursuivre son essor, réclame une équité de traitement avec le secteur public. Elle s’est trouvé un slogan : le meilleur soin, au meilleur coût. Les batailles à mener varient selon les pays. Les cliniques françaises veulent obtenir une convergence tarifaire avec les hôpitaux. L’Europe de l’Est doit lutter contre la corruption. En Roumanie, l’hospitalisation privée en est à ses balbutiements. Sofia accueille le premier établissement, sur le sol européen, de la chaîne japonaise Tokuda. Les frontières s’estompent, et les investisseurs voient loin. « Mis à part Capio et Générale de santé, la plupart des groupes de cliniques européens étaient jusque-là strictement nationaux », rappelle le Dr Garassus, qui table sur de rapides évolutions : « Tous les groupes ont fait une étude de marché, et savent dans quels pays ils peuvent investir ». La France ne fait pas figure de favorite. « L’incertitude sur les tarifs hospitaliers empêche une visibilité à long terme. »

Autre tendance commune à toute l’Europe, le tapis rouge déroulé sous les pieds des médecins. Crèche, inscription à l’école, accompagnement de carrière pour le conjoint : les cliniques allemandes ne se contentent pas d’offrir leur plateau technique aux jeunes recrues. « La crise du recrutement est européenne, constate Paul Garassus, et les groupes privés font tout pour être attractifs et recruter de bons médecins. »

DELPHINE CHARDON

Voir la carte des lits privés dans l’Union européenne (pourcentages)

Le Quotidien du Médecin du : 31/05/2010

Éditions Hermann

Tracer / désirer
Le dessin d'enfant dans la cure psychanalytique
Sous la direction de Céline Masson

Descriptif

Les psychanalystes demandent fréquemment aux enfants, lors des séances, de dessiner. Les dessins constituent un support remarquable d’expression de l’inconscient : ils sont l’exposition graphique de la complexité psychique du jeune analysant. Ils reflètent en quelque sorte sa subjectivité, projetée – et sublimée – sur la surface du papier. Par ces représentations, les enfants parviennent à exprimer ce qu’ils ne parviendraient pas à dire, faute de mots pour le faire. Autant dire que les dessins d’enfant permettent l’ouverture d’un espace inédit où le désir se déploie, et où l’image inconsciente du corps se construit.Plus encore, les dessins participent pleinement de l’élaboration de la relation transférentielle. C’est pourquoi, lors d’une cure, l’acte même de dessiner prime sur le contenu du dessin. Il reviendra ensuite à l’analyste de traduire ces représentations, de les interpréter avec les mots que l’enfant emploie. Mais il faudra du temps à l’analyste pour apprendre à les lire, à les entendre, à les interpréter. Il devra s’efforcer de prêter l’oreille à un sens qui demande encore à être ouvert, à une énigme qui semble toujours résister à son déchiffrement. Car le dessin fait appel à la mémoire, en construction, du jeune patient et sa ligne trace, dans le mouvement du transfert, ce dont la parole a du mal à se saisir. En paraphrasant Paul Klee, on pourrait dire que les dessins d’enfant n’ont pas à reproduire le visible mais à rendre visible.

Avec les contributions de : ANNIE ANZIEU, ANGÉLIQUE CHRISTAKI, ANNE CIANI-HOLTZ, VÉRONIQUE DUFOUR, LAURENCE JOSEPH, MARYSE KLEIN-MÉLONIO, JOHANNA LASRY, CRISTINA LINDENMEYER, CÉLINE MASSON, CLAUDE SCHAUDER.






La caféine s’oppose au déclin cognitif de la neurodégénérescence


Des études épidémiologiques et des recherches fondamentales sur des modèles animaux suggèrent que la caféine pourrait être protectrice contre le déclin cognitif associé au vieillissement mais aussi à des démences ou à la maladie d’Alzheimer. Alexandre de Mendonça et coll. rappellent que « les premières études épidémiologiques ont d’abord révélé une association inverse entre une consommation chronique de caféine et l’incidence de la maladie de Parkinson ».

Ce qui a été conforté par les études sur des modèles animaux de maladie de Parkinson, montrant qu’une administration régulière de caféine prévient pour une part les déficits moteurs et la neurodégénérescence.

Par la suite, il y a eu d’autres travaux épidémiologiques qui ont montré qu’avec l’avancée en âge, que la caféine, consommée à doses modérées, prévient le déclin cognitif associé au vieillissement.

On observe aussi une réduction de l’incidence de la maladie d’Alzheimer. Là aussi, les résultats d’études animales ont conforté la notion, avec une prévention de la détérioration de la mémoire et une réduction de la production de la protéine bêta-amyloïde.

Dr B. V.

« Journal of Alzheimer’s Disease », 17 (2010) S1-S2.
Quotimed.com, le 19/05/2010

Et Nietzsche a pleuré


Il aura fallu du temps pour que la France découvre Irvin Yalom. Avec la traduction toute récente d'un de ses ouvrages publiés en 1992, Et Nietzsche a pleuré, c'est désormais chose faite, et il n'est donc plus d'excuse pour ne pas s'intéresser aux romans du psychiatre californien. Ce dernier livre ainsi mis à la portée du lecteur français encore rétif, on le sait bien, à la lecture en version originale, permet de se convaincre du talent de l'écrivain.
 
L'idée est intéressante, il s'agit d'imaginer une éventuelle rencontre entre Joseph Breuer et Friedrich Nietzsche. Quand ? En 1882. Où ? A Vienne. Le premier est un médecin viennois, excellent diagnosticien. Mais c'est aussi l'un des pères de la psychanalyse moderne, le premier médecin d'Anna O, hystérique, elle-même bien connue pour avoir été ensuite soignée par Freud, ami de la famille Breuer. Le second, naturellement, nul n'est besoin de le présenter.

Et c'est par la séduisante Lou Salomé, amour éphémère du philosophe, que les deux hommes furent amenés à se rencontrer. Celle-ci, au détour d'un café pris à Venise, réussit à convaincre Breuer de s'occuper du cas de son ancien amant. Celui-ci, éconduit, se porterait au plus mal. C'est donc d'un "médecin du désespoir" - l'expression est jolie - qu'il aurait besoin. Une cure par la parole.
 
Le stratagème se met en place, Nietzsche ne doit pas être au courant. Rancunier à l'endroit de la jeune Lou, il ne serait certainement pas enthousiaste à l'idée de consulter un médecin de cette sorte. Ses amis réussissent toutefois à le persuader de se rendre à Vienne pour consulter le Docteur Breuer, afin de frotter le cas de ses atroces migraines à l'excellent diagnostic de ce dernier. Et c'est là, progressivement, que se scelle le pacte entre les deux hommes. Nietzsche, non sans réticence, accepte de rester. Toutefois, c'est à un véritable échange que les deux hommes devront se livrer. Nietzsche s'occupe de Breuer, un Breuer supposé simuler. Breuer s'occupe de Nietzsche. Analyse - bien que le concept soit encore anachronique - réciproque.

L'allemand se prend au jeu, et la conversation entre les deux sommités est brillante. D'un semblant de patient, Breuer en devient un véritable, guérissant ainsi ses obsessions, tout pénétré qu'il est des préceptes philosophiques de Nietzsche. "Deviens qui tu es" résonne, les deux hommes se livrent. Yalom parvient à récréer les conditions de cette formidable émulation intellectuelle. Au surplus, et au détour d'une écriture agréable, ce roman est une invite à redécouvrir l'oeuvre du philosophe dont l'écrivain réussit le tour de force d'en mettre les éléments cardinaux à la portée du lecteur. Breuer versus Nietzsche, Nietzsche versus Breuer, des balbutiements de la psychothérapie à l'initiation philosophique, c'est assurément là un roman complet que livre Yalom.

Irvin Yalom, Et Nietzsche a pleuré, Galaade Editions, 2007, 416 pages, 24 €





http://unmondedesoeuvres.blogspot.com/2007/09/et-nietzsche-pleur.html






Possibilité du kangourou
Par EDOUARD LAUNET

«Comment sauteraient les kangourous si les lois du mouvement étaient un peu différentes ?» C’est l’incipit d’un ouvrage passionnant, la Théorie littéraire des mondes possibles, tout juste paru aux éditions du CNRS. Il s’agit des actes d’un séminaire organisé il y a quelques années à l’université Paris-VII au cours duquel des personnes a priori saines d’esprit se sont demandé si, pour étudier les œuvres littéraires, il n’y aurait pas des outils à aller piocher du côté de la logique mathématique, étant donné que la grille d’analyse structuraliste a fait son temps. Ceux qui ne sont pas familiers avec la sémantique de Kripke pourraient se heurter ça et là à des difficultés de lecture. Faut-il se laisser rebuter pour autant ?

D’abord, la proposition liminaire sur les kangourous est très stimulante. Certes, il ne sera plus une seule fois question de marsupiaux dans le reste de l’ouvrage (il s’agissait juste d’un exemple), mais c’est trop tard : la simple irruption du mot kangourou dans un texte de théorie littéraire a des propriétés stupéfiantes. Peut-être parce que ce mot dérive de gangurru, qui, selon la légende, signifie "Je ne te comprends pas" dans la langue de la tribu aborigène Guugu Yimidhirr. Donc supposons, comme on nous y invite, que les kangourous soient posés sur de toutes petites pattes riquiqui et que leurs membres supérieurs soient d’énormes battoirs. Ces pauvres bêtes se casseraient la figure en permanence, écrasant à chaque bond des familles entières d’ornithorynques. Imaginons en sus que, dans la banlieue d’Adélaïde, Madame Bovary exploite un élevage de ces kangourous lamentables et que, conséquemment, elle ne rêve que d’aller boire des bières à la grande ville. Nous commençons à tenir là un monde possible, pas nécessairement folichon, mais fait-on de la bonne littérature avec de bons sentiments ?

Ceci, et d’autres choses, permettent au chercheur Marc Escola d’affirmer que «définis à partir d’une représentation structurale d’actualisations sémantiques concrètes pour permettre la comparaison et la définition de règles de transformation, on peut mobiliser les possibles textuels tant pour analyser rhétoriquement, avec Eco, la dynamique de la lecture et les prévisions du lecteur que pour confronter, métatextuellement, le texte tel qu’il est à ce qu’il aurait pu être». Ce qui, pour quelques kangourous mal foutus, est tout de même beaucoup dire. Lors du séminaire, l’intervention d’Escola suscita chez sa collègue Sophie Rabau cette remarque judicieuse : «Quand Marc travaille sur le texte, il crée un M2. Or, je me demande si c’est un monde possible alternatif, ou le même monde corrigé ?» Ce à quoi l’intéressé répondit : «Je dirai que l’auteur d’une réécriture produirait un M2, un commentateur classique chercherait à décrire simplement M1, mais que je cherche plutôt à produire spéculativement un M1bis - dont le statut peut paraître problématique en regard du partage institutionnel entre texte, littérature "seconde", et métatexte.» Imaginons maintenant que le kangourou ait deux têtes et trois pattes.

mercredi 9 juin 2010





Parler psychisme dans le désert
08 Juin 2010
Par pleineaile
http://www.mediapart.fr/club/edition/contes-de-la-folie-ordinaire/article/080610/parler-psychisme-dans-le-desert

A force de lire attentivement les articles sur la psychiatrie, ici et ailleurs, de lire les commentaires les plus divers, de regarder les films et vidéos consacrés au sujet, je prends conscience de deux ou trois choses que je sais d'elle.

- Qu'on le veuille ou non, les aventures des théories et vaticinations sur la psyché et ses déroutes débordent largement le champ d'une spécialité médicale. La vie psychique de l'être humain interpelle, à l'asile mais aussi au travail, dans les relations sociales et leurs avatars judiciaires traités en "faits divers", dans les débats de société et les conflits, armés ou non, des disciplines variées, de l'éthologie à la politique en passant par l'anthropologie, la philosophie, et d'autres. Faut s'y faire! Les spécialistes ne suffisent pas à rendre compte de ce qu'est la maladie psychique...

- Qu'on le veuille ou non, l'organisation des soins et accompagnements aux patients ne peut se résumer à la délivrance (!) de soins si techniquement parfaits et appropriés qu'ils soient. Car la souffrance psychique convoque des contextualités extrêmes: la peur atavique de l'incompréhensible; la rupture inexplicable des liens relationnels; le désordre de pensées, de paroles et d'actes non conformes aux standards; le désir mêlé de compassion et de rejet, d'apitoiement et de pulsion répressive et de mise à l'écart...
L'organisation de la prise en compte des maladies psychiques renvoie donc aux instruments mêmes de l'organisation sociale dans son hétérogénéité et ses articulations nécessaires; ça avait été le propos des "inventeurs" de la psychiatrie à la française", autrement dit la politique du Secteur de Psychiatrie Générale, dans les années 1960.
Ringarde ou pas aux yeux des experts scientistes à la mode libéralo-simpliste, c'est la seule logique pensable: "administrer" le sort des malades au sein même de la société dont ils font partie, et dont parfois ils constituent les prophètes ou les "éclaireurs obscurs".

- Qu'on le veuille ou non, le système sanitaire actuel a délibéré de "foutre en l'air" cette politique saine, interrelationnelle avec toutes sortes de partenaires de la "cité", pluridisciplinaire, s'adossant bien entendu sur une clinique pointue, sur les outils thérapeutiques les plus divers (sans les ostracismes désormais posés sur des techniques largement éprouvées dans leur réalité quotidienne, par exemple les enveloppements humides, les psychothérapies d'inspiration analytique, et sans exclusive des écoles variées: behaviorisme, cybernétique sociale...), et sur des théorisations aussi variées que la psychanalyse, la sociologie, l'anthropologie ou les réflexions politiques marxistes, en passant par la participation croisées de tous les acteurs associatifs, familiaux, responsables locaux, réseaux citoyens, etc.

-Qu'on le veuille ou non, cette érosion d'un dispositif à mon sens assez génial dans sa forme théorique révèle en pratique plusieurs clés:

 *la négligence grave des psychiatres eux-mêmes, qui ont trop longtemps boudé l'application des directives de la fameuse circulaire de Mars 1960 mettant en place le Secteur, et dont beaucoup, par la suite, assujettis dans leur formation par les dogmes universitaires les plus riquiquis et les plus aveugles, centrés sur l'illusion du biologique exclusif, se sont laissés prendre de manière bien complaisante par les sirènes expertales, la simplification codifiée du jugement diagnostique, la réponse a-théorique, an-idéologique et in-humaine consistant à faire taire les symptômes, sans vouloir rien savoir du, je cite "contenu de la boîte noire".

*le mépris grandissant des organisateurs sociaux et politiques pour la singularité, la subjectivité, et surtout la dimension humaine de ce qu'ils ont à gérer. Ceci au nom d'une économie rationnelle de la politique de santé, terme qui en fait recouvre l'objectif envahissant tout l'espace de pensée collective de l'"Occident": la marchandisation de tout ce qui bouge ssur la planète. De vie et de mort, de santé ou de souffrance, de diversité et d'aspirations singulières, plus question: tous dans le rang, tous pareils, tous normalisés et tarifés

*la stupidité des modalités d'un "contrôle qualité" représenté par des procédures, des protocolisation des soins et actes d'accompagnement des malades, des certifications qui, pressurant de paperasses et d'idéologie de bazar les équipes de soignants, prétendent découper en tranches "évaluables" l'intervention des professionnels. Façon ISO 2009, comme pour le jambon et les missiles sol-air. Tout cela inspiré, si l'on ose dire ainsi, par le fantasme à la mode, mais délétère, du "risque zéro", celui qui nie que la vie soit en elle-même un risque, des risques à prendre et à assumer pour devenir des humains.

*La folie obsessionnelle qui s'est emparée de nos dirigeants et de leurs acolytes experts, de tout vouloir trier par catégories, tout mettre, je cite, en "groupes homogènes de malades" (entendez; de pathologies), afin paraît-il d'être plus efficaces. IL suffit d'avoir éprouvé les drames des transitivismes pathogènes et des pathologies potentialisées en miroir dans les institutions pour comprendre cette aberration mentale, prémisse probablement au retour du "grand renfermenent". Si, comme je l'ai suggéré plus haut, la prise en considération des situations de maladies psychiques doit se calquer sur l'organisation de la cité, c'est bien dans la diversité et dans l'hétérogénéité des personnes, mais aussi des pratiques et des disciplines, dans les entrelacs de positionnements transversaux au sein des collectifs, dans la multiplication des lieux et des relais, que se situe la restauration espérée des liens sociaux et existentiels des gens que nous avons à soigner.

*la maladie sécuritaire, qui en gonflant, avec la complicité de medias complaisants, des "passages à l'acte" indubitablement cruels, voire abominables (surtout par leur caractère incompréhensible au plus grand nombre, à l'opposé des crimes passionnels et crapuleux, des actes terroristes des actes de belligérance, qui eux choquent moins, pour si horribles qu'ils puissent être aussi, du fait que les chroniqueurs peuvent apposer des références à leurs narrations et commentaires), mobillisent des armées de contempteurs de tout ce qui bouge (encore?) dans le domaine de la psychiatrie, et ce de manière, comment dit-on en Méditerranée orientale? disproportionnée?

-Qu'on le veuille ou non, la diversité des écoles de pensées, des chapelles, des tenants de telle ou telle théorie, des "croyant à ce qu'ils font", le reste étant plus que sujet à caution voire méfiance, conduit à des confusions regrettables dans l'esprit des gens qui voudraient bien s'informer,ou même militer: "ces psys, ils ne sont jamais d'accord entre eux, qui croire?"
Même chez les professionnels qui vraiment réfléchissent consciencieusement à leur travail et à ses supports théorico-pratiques, il y a franchement bien trop de querelles de prestance, de présupposés indélébiles, de chipotages langagiers qui se compliquent en refus de travailler avec l'autre-différent. Bien entendu, vivant et travaillant dans le bain langagier de la souffrance humaine et dans le champ incertain du désir (le sien et celui de l'autre), on peut, on doit culturellement accepter les divergences de positions et de compréhension de la mouvante "matière" humaine.
Pourtant il est inadmissible que ces divergences prêtent à engendrer la confusion de ceux qui nous écoutent, de nos partenaires professionnels les plus divers, des patients et de leurs familles aux politiciens non distraits, en passant par tous les partenaires d'une psychiatrie pensée et pratiquée là où elle doit se faire, au sein du champ social au sein du territoire des hommes. La chose doit pouvoir s'entendre, j'en veux pour preuve les récents (hélas déjà trop lointains) Etats Généraux de la psychiatrie, à Motnpellier: là, toutes sortes de gens, aux cultures et pratiques professionnelles très variées, ont réussi en grande partie à surmonter les malentendus inhérant à nos statuts d'êtres parlants, a fortiori "supposés savoir"

Sur ce journal en ligne, quelques uns font effort pour exprimer à la fois des réalités et leur sentiment sur icelles. Ca ne peut suffire.

Aussi j'en appelle à la création d'un corps mixte de traducteurs de notre dialecte professionnel, d'historiens des pratiques de soins en psychiatrie, de formateurs capables de "dé-formater" les jeunes soignants et d'aider à l'éclairage des associations et groupements concernés par la psychiatrie, et enfin (anti)experts capables de parler aux élus de ce qui se passe vraiment dans notre monde qu'ils ignorent quasi totalement, de leur aveu même....

E che la nave va!!
JCD




Par Yves Gigou
Édition : Contes de la folie ordinaire
Communiqué du collectif des 39
contre la nuit sécuritaire


7 juin 2010

La psychiatrie à la télé : ceci n’est pas une fiction mais une anticipation !


Deux documentaires diffusés récemment montrent une certaine image des services de psychiatrie : patients traités de manière autoritaire ou négligente quand ils ne sont pas abandonnés et livrés à eux-mêmes, « soins » se résumant aux médicaments et aux électrochocs quand les patients sont calmes, aux injections, à la chambre d’isolement et à la contention quand ils sont agités ou seulement « désobéissants ». L’absence de réflexion semble généralisée. Un séjour en psychiatrie s’apparente à une maltraitance insupportable.

Ces documentaires ne sont pas une fiction, puisque les scènes filmées ont réellement eu lieu. Nous ne pouvons nier que ces situations surviennent parfois dans les services.
En revanche, ce concentré de scènes violentes est vraisemblablement une anticipation : quand la psychiatrie se voit régie par des principes essentiellement gestionnaires et sécuritaires - ce qui est le cas depuis plusieurs années et s’accentue avec les lois récentes et projets de loi en cours - le soin lui-même a toutes les raisons de se transformer en maltraitance.

En effet, ces documentaires fournissent une projection de ce qui pourrait constituer le quotidien de tous les services de psychiatrie dans un futur proche, lorsque seront définitivement appliqués les principes rentabilistes de la nouvelle organisation hospitalière, ainsi que les principes répressifs et sécuritaires du projet de loi réformant les hospitalisations sans consentement.

Ce travail journalistique, qui peut paraître orienté et extrême, semble toutefois avoir saisi l’essence de ce que devient un service de psychiatrie sans moyens, sans formation des soignants et dénué de réflexion sur le sens du métier. Or, le métier de professionnel dans le champ de la psychiatrie nécessite, plus qu’un autre, du sérieux et de la rigueur.

Ce sérieux et cette rigueur, qui consistent en une analyse approfondie et une mise en question permanente, à partir d’éléments cliniques, de nos pratiques psychiatriques, sont les grands absents de la politique actuelle de soin. Prônant une approche gestionnaire et sécuritaire, cette politique propose des réponses- recettes superficielles et démagogiques à coup d’enfermement, de sédation chimique ou physique, d’évaluation des pratiques sur la base de critères économiques.

Ces documentaires montrent très exactement ce que nous dénonçons : une psychiatrie honteuse et toxique dénuée d’analyse institutionnelle et d’humanité. Celle que les réformes actuelles favorisent, à leur insu, ou non. Plus que nos discours et nos argumentaires, ces images suscitent un malaise profond et une indignation salutaire.

Ce n’est pas la psychiatrie que nous voulons mais, si nous n’y prenons garde collectivement, c’est la psychiatrie que nous aurons.
Nous souhaitons attirer l’attention des patients, des familles et de l’opinion publique sur le fait que les solutions simplistes proposées pour les soins psychiatriques (tri des patients par pathologies, multiplication des unités pour malades difficiles...) génèrent par elles-mêmes ce que ces documentaires nous ont montré.

Aussi, parce que nous savons qu’une autre psychiatrie est possible, a existé, existe encore actuellement, humaine et engagée, c’est d’une voix indignée et émue que nous nous écrions, face aux pratiques montrées dans ces documentaires : « ça suffit ! »

Pour faire vivre ce débat :
Deux forums du Collectif des 39- Contre la Nuit Sécuritaire auront lieu prochainement :
« À propos de l’obligation de soin »
 Vendredi 11 juin à 20h 92 Bd du Montparnasse, Paris

« Psychiatrie et démocratie »
Samedi 26 juin de 9h à 12h30 Mairie de Reims Place de l’Hôtel de Ville, Reims

www.collectifpsychiatrie.fr


Enfin, nous rappelons l’existence d’autres documentaires, tel celui de Philippe Borrel, Un Monde sans fous ?, diffusé sur FR5 en avril.

La Librairie d'Osons Penser et Agir
mardi 8 juin 2010






Un monde sans limite / Jean-Pierre LEBRUN









ISBN : 978-2-7492-1025-4
EAN : 9782749210254
368 pages
12.00 €
(1ère édition parue en 1997 dans la Collection Point Hors Ligne)


Jean-Pierre Lebrun est psychiatre et psychanalyste, agrégé de l’enseignement supérieur de l’Université Catholique de Louvain. Il a été président de l’Association freudienne de Belgique et de l’Association lacanienne internationale (ALI).

Il dirige la collection « Humus, subjectivité et lien social », aux éditions Ères. Il exerce à Namur en Belgique.

Présentation des éditions ERES
 Un monde sans limite, paru en 1997, a été l’une des premières tentatives de rendre compte de l’effet sur la subjectivité d’un social sous la houlette de la science et non plus de la religion. L’ouvrage se plaçait sous le couvert de Freud, lorsque ce dernier prenait la psychanalyse comme point d’appui pour aborder le social, mais aussi sous celui de Lacan, qui, dès le début de son œuvre, avait souhaité que le psychanalyste rejoigne la subjectivité de son époque.

Les questions soulevées par Un monde sans limite ont généré de nombreux débats, comme si elles constituaient en elles-mêmes le symptôme de la mutation profonde de société à laquelle nous assistions. Dans ce premier moment d’appréhension du phénomène, nous avions bien identifié les conséquences à l’œuvre du déclin de la fonction paternelle, sans pour autant distinguer clairement, à l’époque, fonction paternelle et fonction patriarcale.

Cette critique pertinente nous a contraint à poursuivre notre réflexion dans « Malaise dans la subjectivation » (dans Les désarrois nouveaux du sujet, érès, 2001) et à soutenir que c’était surtout l’exercice concret de la fonction paternelle qui était mis en difficulté, étant donné précisément le déclin, voire la péremption, du patriarcat. »
J-P. L.

Voici donc réunis ici les deux textes essentiels qui ont ouvert un champ entier pour la psychanalyse : ils rendent compte du travail en profondeur que Jean-Pierre Lebrun, psychanalyste à Namur (Belgique), mène depuis des années autour des conséquences de la mutation du lien social sur la subjectivité de chacun.

Le blog des littératures
http://blogs.mollat.com/litterature/2010/06/04/ignatio-garate-martinez-et-la-psychanalyse/

Psychanalystes en devenir

Les constructions d'une clinique
Anahit Dasseux ter mesropian, Ignacio Garate-Martinez, Laurence Joseph, Cosimo Santese, Candela Zurro
Ignacio Garate-Martinez (1953) écrivain et psychanalyste. Né à Burgos en Espagne, il est installé en France depuis 1971 où il pratique la psychanalyse à Paris et à Bordeaux.
Formé dans le sillon de Freud et de Lacan, il a construit son rapport à l'éthique de l'expérience psychanalytique à partir de l'héritage spirituel de Maud Mannoni et l'empreinte vivace de l’enseignement de Francesc Tosquelles, Octave Mannoni, Michel de Certeau, Xavier Audouard, Joël Dor.
Il participe à l'institution psychanalytique, d'abord dans un cartel de l'École freudienne de Paris (79-80), à la Cause freudienne ensuite (80-81), puis, après la dissolution de la Cause et la mort de Lacan, hors école, jusqu'en 1988 où il choisit de travailler avec Maud Mannoni au CFRP (il y passe son jury d'Association comme membre durant l'année 1992) et de la suivre dans la fondation d'Espace Analytique. C'est dans ce cadre qu'il anime des séminaires cliniques à Paris et Madrid, en Argentine et au Mexique. De 2000 à 2002, à la suite de Joël Dor, il est rédacteur en chef de la revue Figures de la Psychanalyse, Logos ◊ Ananké, nouvelle série.
En 2003, il fonde Espace Analytique d’Aquitaine et du Sud-Ouest, groupe local d’Espace Analytique dont il est le directeur.
En 2004 il crée pour les éditions érès la collection La clinique du transfert. En 2005 il crée la collection La parole en acte qu’il dirige pour les éditions Les Belles Lettres - Encre-Marine.

Derniers ouvrages parus chez Encre Marine : Guérir ou désirer ? Petits propos de psychanalyse vivante (2007) et L'histoire de Paulina Luz, héroïne du silence, 40 années d'internement moderne
(2008)




08/06/2010
Plusieurs milliers d’infirmiers anesthésistes ont bloqué la place de l’Étoile, à Paris

Entre 1.500 (police) et 5.000 (CGT) infirmiers anesthésistes ont manifesté ce mardi à Paris dans le cadre d’une journée de grève nationale pour réclamer notamment la reconnaissance de leur compétences et au niveau master (bac+5) de leur spécialité.

Rejoints par des infirmiers de bloc opératoire, les infirmiers anesthésistes, venus de toute la France et vêtus de leurs tenues de bloc (blouses bleues, chapeaux et masques), ont bloqué la place de l’Etoile et ont tourné autour de l’arc de Triomphe avant de rejoindre le ministère de la Santé, à l’appel de Sud, de la CGT et des collectifs organisés dans les hôpitaux.

Alors qu’une délégation de manifestants a été reçue au ministère, l’atmosphère s’est tendue avec les forces de l’ordre, qui ont procédé à des tirs de gaz lacrymogène. Quatre interpellations ont été effectuées, selon la police."« Aucune de nos revendications n’a été entendue et nous appelons à la reconduction du mouvement et à cesser les actes dans les blocs opératoires », a déclaré à l’AFP Sylvie Breuil, de l’UFMICT-CGT.Les 7.500 infirmiers anesthésistes en France suivent cinq ans d’études: trois en formation initiale pour le diplôme d’Etat puis après deux années d’exercice du métier, deux nouvelles années de formation.Le mouvement de protestation dure depuis le mois de mars. Lors de leur dernière journée de mobilisation, le 18 mai, les infirmiers anesthésistes avaient bloqué pendant plusieurs heures les voies de la gare Montparnasse.

››› VOIR LES PHOTOS DE LA MANIFESTATION
passiondulivre.com
http://www.passiondulivre.com/livre-89554-psychanalyse-n-18-cartels-segregation-anorexie-le-pere-et-ses-noms.htm

Psychanalyse, n° 18. Cartels, ségrégation, anorexie : le père et ses noms








Éditeur : Erès, Toulouse, France
Collection : Revue Psychanalyse
Prix : 20.00 € / 131.19 F
ISBN : 9782749212289
GENCOD : 9782749212289
Sorti le : 27/05/2010

La présentation de l'éditeur
«... la discrétion est incompatible avec un bon exposé d'analyse ; il faut être sans scrupules, s'exposer, se livrer en pâture, se trahir, se conduire comme un artiste qui achète des couleurs avec l'argent du ménage et brûle les meubles pour chauffer le modèle. Sans quelqu'une de ces actions criminelles, on ne peut rien accomplir correctement». Ces lignes sont de Freud, en réponse à un article de Pfister concernant un exposé de cas, qui sera publié en 1910. Elles peuvent prêter à un contresens, à cause du terme «discrétion». Cette discrétion qui ne doit pas avoir cours concerne non l'analysant, mais l'analyste. Cette conception de la clinique n'est pas la plus répandue, les analystes aseptisant souvent le récit de leur conduite en ne retenant que leur «vertu». Ceci explique peut-être la vindicte de certains contre les vignettes cliniques, et chez d'autres leur «I would prefer not to» portant sur la passe. Le courage que Freud eut pour publier l'interprétation de ses rêves est solidaire de son courage à avoir avancé et soutenu des thèses impensables d'avant... Freud d'ailleurs, dans ce passage même, prouve encore ce courage par une bévue : quand Bernard de Palissy brûle ses meubles, c'est pour découvrir le secret de l'émail et non pour «chauffer le modèle» ! Ô rêveries !

Ont participé à ce numéro : Balbino BAUTISTA - Therese CHARRIER - Claire HARMAND - Jean-pierre LEBLANC - Pascale MACARY-GARIPUY - Jean-louis MEURANT - Christine RAGOUCY - Massimo RECALCATI - Marie-claire TERRIER - Lina VELEZ - VOLUMARD-DEBRY -

Directeur de la revue : Laure Thibaudeau





03/06/2010
Le cri d’alarme des médecins de La Poste

« La Poste crée des "inaptes" physiques et psychologiques », s’alarme, sous la signature du Dr Jean-Paul Kaufmant, le Syndicat professionnel des médecins de prévention de La Poste, dans une lettre de 6 pages adressée au président du groupe Jean-Paul Bailly, avec copie aux ministres de tutelle, au président de l’Ordre et aux inspecteurs du travail. Les médecins alertent depuis plusieurs années, souligne le texte, sur la dégradation de la vie au travail, qui se traduit par des suicides ou des tentatives de suicide, un taux d’absentéisme pour maladie qui « atteint des seuils sans précédent », une très forte augmentation des accidents du travail et des maladies professionnelles, un mal-être qui touche tous les niveaux opérationnels de l’entreprise et des situations d’épuisement physique et psychique pour les agents de distribution.

Le syndicat, dont la lettre est mise en ligne sur le site du syndicat Sud, met en cause les nouvelles organisations du travail, les dépassements des horaires de travail, les non-remplacements des absents, la pression commerciale exercée sur les guichetiers, la quasi-impossibilité de reclassements professionnels, les pressions sur les agents jugés en surnombre pour les inciter à partir...

Le syndicat des médecins de prévention souligne aussi les problèmes des médecins du travail, qui n’ont que de faibles moyens d’action et dont « les avis sont niés ou bafoués ». Il estime que l’indépendance du médecin du travail n’est plus assurée, certains praticiens ayant « à supporter des pressions inadmissibles » de la part de dirigeants.

La Poste, qui emploie quelque 300 000 salariés, a entrepris depuis plusieurs années une grande restructuration pour se préparer à l’ouverture européenne du marché courrier à la concurrence. Une situation qui n’est pas sans évoquer celle de France Telecom : « Il faut engager des actions concrètes pour enrayer ce qui pourrait vite devenir un processus morbide, connu aujourd’hui par d’autres entreprises », souligne le syndicat des médecins de prévention.

Le constat est jugé « excessif » par le Dr Bernard Siano, chargé par La Poste de coordonner les 150 médecins du travail du groupe. La Poste n’a pas attendu ce courrier pour mettre en place une stratégie de prévention des risques psychosociaux, indique-t-il à l’AFP. Un dispositif d’évaluation du stress professionnel, doté d’un conseil scientifique présidé par le Pr William Dab, a été créé en septembre 2009, et devrait rendre un rapport dans les mois qui viennent. « Ce dispositif est centré sur les médecins du travail, qui en sont partie prenante et sont consultés par questionnaires », précise encore le Dr Siano.

R. C.
Quotimed.com




Le syndicats des médecins de La Poste sonne le tocsin
LEMONDE.FR | 03.06.10 |

Le syndicat professionnel des médecins de La Poste a adressé au président du groupe, Jean-Paul Bailly, un courrier dans lequel il s'alarme d'une forte "dégradation de la vie au travail" dans la société, suicides à la clé, selon une information dans Le Télégramme de jeudi. Dans le cadre de la réorganisation de l'entreprise publique, "les accidents du travail et les maladies professionnelles sont en très forte augmentation", relèvent les médecins du travail dans ce texte, dont copie a été adressée aux ministres du travail, de la santé et de l'économie.

"Des suicides ou des tentatives de suicide, dont on peut penser qu'ils sont exclusivement liés à des situations de vie professionnelle, surviennent dans toutes les régions, dans tous les métiers et aux différents niveaux de l'entreprise", selon les praticiens. En particulier, "les agents de distribution sont confrontés à des situations d'épuisement physique et psychique", relève le syndicat, en soulignant que "cela est lié aux nouvelles organisations du travail".

"ENRAYER UN PROCESSUS MORBIDE"

Le rapport fait état d'une explosion des congés non accordés et de pressions exercées sur certains salariés pour qu'ils quittent l'entreprise. Selon le syndicat de médecins, "il faut engager des actions concrètes pour enrayer ce qui pourrait vite devenir un processus morbide connu aujourd'hui par d'autres entreprises", comme France Télécom. "Nous avons loyalement alerté nos directions et notre filière de cette situation alarmante et sommes déçus par le peu de considération apportée, voire, plus grave, par le déni manifeste", soulignent les praticiens.

La directrice de la prévention de la santé et de la sécurité au travail de La Poste, Pascale Duchet-Suchaux, interrogée par Le Télégramme, a contesté ce rapport et l'a jugé "très catégorique". La Poste, qui emploie quelque trois cent mille salariés, a entrepris depuis plusieurs années une vaste restructuration interne pour se préparer à l'ouverture européenne du marché du courrier à la concurrence.




Vitré
Un même toit pour améliorer l'accueil psychiatrique
08 juin 2010

Un meilleur accès aux soins des personnes présentant des troubles mentaux : c'est l'objectif de cette nouvelle structure, dénommée La Valière, qui a été inaugurée hier soir.

Un objectif thérapeutique ambitieux

La Valière regroupe sous un même toit, depuis plusieurs mois déjà, un CMP (centre médico-psychologique), un CATTP (centre d'activités thérapeutiques à temps partiel) et un hôpital de jour. La nouvelle structure a ouvert ses portes en janvier 2010, 15, boulevard Denis-Papin, sur la zone de la Baratière.

Le CMP accueille en consultation toute personne adulte en souffrance psychologique ainsi que des patients ayant besoin d'un suivi après hospitalisation.

Au CATTP, des activités thérapeutiques sont proposées. Comme, par exemple, des ateliers de dessin ou de poterie qui aident à restaurer la confiance.
L'hôpital de jour, enfin, s'adresse à des patients après hospitalisation et avant leur retour chez eux. Ces trois structures dépendent directement du centre hospitalier Guillaume-Régnier à Rennes.

Favoriser le décloisonnement

Clotilde Tascon-Mennetrier, représentant Jean-Louis Tourenne, président du conseil général, s'est félicitée de l'ouverture du nouveau centre de soins qui « renforce l'ouverture sur la cité, la santé mentale ayant été longtemps taboue », et favorise« le décloisonnement » en rapprochant le secteur social de celui de la santé.

Bernard Garin, directeur du CH Guillaume-Régnier, a souligné, lui, la cohérence entre le découpage des secteurs psychiatriques sur le département (9 au total) et la nouvelle structure mise en place qui correspond approximativement aux limites du pays de Vitré en englobant le canton de Janzé (secteur G06).

Dans ce dispositif, « le CMP est un élément pivot de l'organisation de proximité », a observé Bernard Garin avant d'ajouter : « La Valière est une réalisation à la fois exemplaire et expérimentale. » Son modèle d'organisation devrait, en effet, être reproduit ailleurs. Le directeur a enfin salué « une belle réussite architecturale » en adressant un coup de chapeau à l'architecte, le cabinet Louvel.

Le Dr Pierrick Jago, chef du service de La Valière, a souligné que le centre, après quelques mois de fonctionnement, « donne satisfaction tant aux professionnels qui y travaillent qu'aux usagers ». Il a aussi insisté sur ces trois principes essentiels à ses yeux en matière de psychiatrie : « Continuité des soins, action de proximité, contextualité. »

Les chiffres clefs de La Valière

Fréquentation : en 2009, l'hôpital de jour a accueilli 32 patients pour 3 200 journées. Le CMP a totalisé 1 320 consultations médicales, 1 800 entretiens infirmiers, 1 670 consultations psychologues.

Les moyens humains : un cadre de santé, 8 infirmiers, 4 journées de consultations médicales (3 médecins), 3 journées de consultations psychologues (2 psychologues), une journée de permanence assistante sociale, un temps de secrétariat.

Coût des locaux : 1,3 million d'euros pour une surface des locaux de 500 m2.

Dominique GAYRAUD

dimanche 6 juin 2010





Bachelot et Accoyer déclenchent la guerre des psys
Par Gilbert Charles
02/06/201

Le décret qui fixe depuis quelques jours le statut des psychothérapeutes fait crier les psychologues à l'injustice.

Le ministère de la santé a réussi à liguer contre lui les deux principales associations de psychologues et enseignants en psychologie, qui jusque-là entretenaient entre elles des relations plutôt conflictuelles. Motif de cette union sacrée : le décret le décret d'application réglementant la profession de psychothérapeute, publié le 20 mai au Journal officiel. Destiné à lutter contre le charlatanisme et les "dérives sectaires" de certains psys, il prévoit que toute personne désirant exercer la fonction de psychothérapeute doit être inscrit sur un "registre national" et justifier d'une formation en psychopathologie clinique de 400 heures et d'un stage pratique d'au moins un mois.

Ces dispositions, issues d'un amendement déposé par Bernard Accoyer, l'actuel président de l'assemblée nationale, à la loi de santé publique votée en 2004, n'ont jamais été appliquées depuis, faute de décret. Très attendu par tous les professionnels de la santé mentale, le texte dont vient d'accoucher le ministère, après des années de tergiversations, est pourtant loin de satisfaire le Syndicat National des Psychologues et la Fédération française des psychologues et de psychologie, qui crient de concert à l'injustice. Un article en annexe donne en effet, selon eux, un avantage "exorbitant" aux psychiatres par rapport aux psychologues.

Ces derniers, titulaires pour la plupart d'un master en psychopathologie clinique, devront suivre un complément de formation de 150 heures, dont sont dispensés les psychiatres, qui reçoivent pourtant un enseignement pratiquement identique dans les facultés de médecine. "Cette mesure repose sur une conception purement médicale de la psychopathologie, en contradiction flagrante avec les traditions universitaires françaises", s'indigne Jacques Borgy, le Secrétaire général du SNP.

Un point de vue partagé par le psychiatre et psychanalyste Roland Gori: "Les psychologues sont bien plus au fait de la psychothérapie que les médecins issus des cursus de psychiatrie, où cette formation est au mieux négligée, au pire proscrite, estime-t-il. Le ministère semble céder à la tentation politique de mettre en place une psychothérapie d'État dominée par le psychiatre, supposé plus conservateur, traditionaliste et sécuritaire que le psychologue ou le psychanalyste".