Par Yves Gigou
Édition : Contes de la folie ordinaire
Communiqué du collectif des 39
contre la nuit sécuritaire
7 juin 2010
La psychiatrie à la télé : ceci n’est pas une fiction mais une anticipation !
Deux documentaires diffusés récemment montrent une certaine image des services de psychiatrie : patients traités de manière autoritaire ou négligente quand ils ne sont pas abandonnés et livrés à eux-mêmes, « soins » se résumant aux médicaments et aux électrochocs quand les patients sont calmes, aux injections, à la chambre d’isolement et à la contention quand ils sont agités ou seulement « désobéissants ». L’absence de réflexion semble généralisée. Un séjour en psychiatrie s’apparente à une maltraitance insupportable.
Ces documentaires ne sont pas une fiction, puisque les scènes filmées ont réellement eu lieu. Nous ne pouvons nier que ces situations surviennent parfois dans les services.
En revanche, ce concentré de scènes violentes est vraisemblablement une anticipation : quand la psychiatrie se voit régie par des principes essentiellement gestionnaires et sécuritaires - ce qui est le cas depuis plusieurs années et s’accentue avec les lois récentes et projets de loi en cours - le soin lui-même a toutes les raisons de se transformer en maltraitance.
En effet, ces documentaires fournissent une projection de ce qui pourrait constituer le quotidien de tous les services de psychiatrie dans un futur proche, lorsque seront définitivement appliqués les principes rentabilistes de la nouvelle organisation hospitalière, ainsi que les principes répressifs et sécuritaires du projet de loi réformant les hospitalisations sans consentement.
Ce travail journalistique, qui peut paraître orienté et extrême, semble toutefois avoir saisi l’essence de ce que devient un service de psychiatrie sans moyens, sans formation des soignants et dénué de réflexion sur le sens du métier. Or, le métier de professionnel dans le champ de la psychiatrie nécessite, plus qu’un autre, du sérieux et de la rigueur.
Ce sérieux et cette rigueur, qui consistent en une analyse approfondie et une mise en question permanente, à partir d’éléments cliniques, de nos pratiques psychiatriques, sont les grands absents de la politique actuelle de soin. Prônant une approche gestionnaire et sécuritaire, cette politique propose des réponses- recettes superficielles et démagogiques à coup d’enfermement, de sédation chimique ou physique, d’évaluation des pratiques sur la base de critères économiques.
Ces documentaires montrent très exactement ce que nous dénonçons : une psychiatrie honteuse et toxique dénuée d’analyse institutionnelle et d’humanité. Celle que les réformes actuelles favorisent, à leur insu, ou non. Plus que nos discours et nos argumentaires, ces images suscitent un malaise profond et une indignation salutaire.
Ce n’est pas la psychiatrie que nous voulons mais, si nous n’y prenons garde collectivement, c’est la psychiatrie que nous aurons.
Nous souhaitons attirer l’attention des patients, des familles et de l’opinion publique sur le fait que les solutions simplistes proposées pour les soins psychiatriques (tri des patients par pathologies, multiplication des unités pour malades difficiles...) génèrent par elles-mêmes ce que ces documentaires nous ont montré.
Aussi, parce que nous savons qu’une autre psychiatrie est possible, a existé, existe encore actuellement, humaine et engagée, c’est d’une voix indignée et émue que nous nous écrions, face aux pratiques montrées dans ces documentaires : « ça suffit ! »
Pour faire vivre ce débat :
Deux forums du Collectif des 39- Contre la Nuit Sécuritaire auront lieu prochainement :
« À propos de l’obligation de soin »
Vendredi 11 juin à 20h 92 Bd du Montparnasse, Paris
« Psychiatrie et démocratie »
Samedi 26 juin de 9h à 12h30 Mairie de Reims Place de l’Hôtel de Ville, Reims
www.collectifpsychiatrie.fr
Enfin, nous rappelons l’existence d’autres documentaires, tel celui de Philippe Borrel, Un Monde sans fous ?, diffusé sur FR5 en avril.
Édition : Contes de la folie ordinaire
Communiqué du collectif des 39
contre la nuit sécuritaire
7 juin 2010
La psychiatrie à la télé : ceci n’est pas une fiction mais une anticipation !
Deux documentaires diffusés récemment montrent une certaine image des services de psychiatrie : patients traités de manière autoritaire ou négligente quand ils ne sont pas abandonnés et livrés à eux-mêmes, « soins » se résumant aux médicaments et aux électrochocs quand les patients sont calmes, aux injections, à la chambre d’isolement et à la contention quand ils sont agités ou seulement « désobéissants ». L’absence de réflexion semble généralisée. Un séjour en psychiatrie s’apparente à une maltraitance insupportable.
Ces documentaires ne sont pas une fiction, puisque les scènes filmées ont réellement eu lieu. Nous ne pouvons nier que ces situations surviennent parfois dans les services.
En revanche, ce concentré de scènes violentes est vraisemblablement une anticipation : quand la psychiatrie se voit régie par des principes essentiellement gestionnaires et sécuritaires - ce qui est le cas depuis plusieurs années et s’accentue avec les lois récentes et projets de loi en cours - le soin lui-même a toutes les raisons de se transformer en maltraitance.
En effet, ces documentaires fournissent une projection de ce qui pourrait constituer le quotidien de tous les services de psychiatrie dans un futur proche, lorsque seront définitivement appliqués les principes rentabilistes de la nouvelle organisation hospitalière, ainsi que les principes répressifs et sécuritaires du projet de loi réformant les hospitalisations sans consentement.
Ce travail journalistique, qui peut paraître orienté et extrême, semble toutefois avoir saisi l’essence de ce que devient un service de psychiatrie sans moyens, sans formation des soignants et dénué de réflexion sur le sens du métier. Or, le métier de professionnel dans le champ de la psychiatrie nécessite, plus qu’un autre, du sérieux et de la rigueur.
Ce sérieux et cette rigueur, qui consistent en une analyse approfondie et une mise en question permanente, à partir d’éléments cliniques, de nos pratiques psychiatriques, sont les grands absents de la politique actuelle de soin. Prônant une approche gestionnaire et sécuritaire, cette politique propose des réponses- recettes superficielles et démagogiques à coup d’enfermement, de sédation chimique ou physique, d’évaluation des pratiques sur la base de critères économiques.
Ces documentaires montrent très exactement ce que nous dénonçons : une psychiatrie honteuse et toxique dénuée d’analyse institutionnelle et d’humanité. Celle que les réformes actuelles favorisent, à leur insu, ou non. Plus que nos discours et nos argumentaires, ces images suscitent un malaise profond et une indignation salutaire.
Ce n’est pas la psychiatrie que nous voulons mais, si nous n’y prenons garde collectivement, c’est la psychiatrie que nous aurons.
Nous souhaitons attirer l’attention des patients, des familles et de l’opinion publique sur le fait que les solutions simplistes proposées pour les soins psychiatriques (tri des patients par pathologies, multiplication des unités pour malades difficiles...) génèrent par elles-mêmes ce que ces documentaires nous ont montré.
Aussi, parce que nous savons qu’une autre psychiatrie est possible, a existé, existe encore actuellement, humaine et engagée, c’est d’une voix indignée et émue que nous nous écrions, face aux pratiques montrées dans ces documentaires : « ça suffit ! »
Pour faire vivre ce débat :
Deux forums du Collectif des 39- Contre la Nuit Sécuritaire auront lieu prochainement :
« À propos de l’obligation de soin »
Vendredi 11 juin à 20h 92 Bd du Montparnasse, Paris
« Psychiatrie et démocratie »
Samedi 26 juin de 9h à 12h30 Mairie de Reims Place de l’Hôtel de Ville, Reims
www.collectifpsychiatrie.fr
Enfin, nous rappelons l’existence d’autres documentaires, tel celui de Philippe Borrel, Un Monde sans fous ?, diffusé sur FR5 en avril.
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