LUXEMBOURG
Alexandra Parachini 22/09/16
Le fils de Mady souffre depuis cinq ans de schizophrénie. Une maladie insuffisamment prise en charge au Luxembourg, dénonce-t-elle. (illustrartion Editpress/Didier Sylvestre)
À 20 ans, Max est tombé malade. Une maladie méconnue, voire taboue au Luxembourg : la schizophrénie. Cinq ans après, ses proches se battent contre la fatalité et l’ignorance.
Dossier réalisé par Romain Van Dyck
Vacances de Pâques, en 2011. Max (prénom modifié), 20 ans, devient triste, rentre tard, fuit ses proches, s’enferme dans le noir. «Au début, on pensait à une déprime, car il avait raté ses examens d’université. Ou à une déception amoureuse. Impossible de discuter avec lui pour savoir ce qui le torturait», raconte sa mère.
Aujourd’hui, Mady sait : Max est schizophrène. Une maladie sournoise. Elle est souvent confondue avec un vague à l’âme, une dépression ou une double personnalité. Tout ceci n’a pourtant rien à voir avec cette maladie qui entraîne des troubles du comportement et des hallucinations.
Selon une étude publiée en 2015 par le Luxembourg Institut of Health, les troubles mentaux et du comportement ont représenté en 2009 la première cause d’hospitalisation (en nombre de journées) avec 23,5% du total des journées. Avec 479 lits hospitaliers, 17% des lits des hôpitaux du pays sont consacrés à la psychiatrie. Le Luxembourg compte 15,5 psychiatres pour 100 000 habitants. 12,7% des jeunes ont pensé au suicide dans les douze derniers mois, 6,4% des jeunes ont fait une tentative de suicide. Un cinquième de la population a reçu au moins un remboursement de psychotropes en 2010 comprenant les antidépresseurs, les tranquillisants, les somnifères, les neuroleptiques et les psychostimulants, soit 24,9% des femmes et 15,1% des hommes.
Une maladie complexe, aussi. Car le chemin jusqu’au diagnostic n’a pas été facile. «Son comportement envers nous a changé au point que je ne reconnais plus mon enfant.» En témoigne cette crise survenue en septembre. «Il était enfermé dans la salle de bains, par moments, je l’entendais gémir, sans obtenir une réponse. J’ai essayé d’enfoncer la porte, sans succès, et j’ai dû appeler le 112. Les pompiers et la police sont venus. Il est resté sous observation pendant 48 heures à l’hôpital, puis on l’a relâché. Parce qu’il était soi-disant normal.»