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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

vendredi 3 janvier 2014

Égypte : une femme à la tête du syndicat des médecins

 02/01/2014





Le Dr Mona Mina est élue secrétaire générale du syndicat des médecins d’Égypte. - Crédit photo : DR
Le Dr Mona Mina a été élue secrétaire générale du syndicat des médecins d’Égypte. Selon une information de RFI, elle devient à 55 ans la première femme à prendre la tête de cette organisation qui était depuis plusieurs années aux mains des Frères musulmans.
Fondatrice du mouvement contestataire « Médecins sans droits », la pédiatre a organisé des grèves de médecins en 2011 et 2012 pour réclamer la revalorisation des salaires des jeunes médecins et la sécurisation des hôpitaux publics.
Le Dr Mina a tenu un rôle actif pendant la révolution égyptienne, participant notamment au soulèvement contre l’ex-président Hosni Moubarak le 25 janvier 2011, en soignant les manifestants blessés sur la place Tahrir, au Caire.

jeudi 2 janvier 2014

Des chercheurs découvrent une molécule protégeant le cerveau de l'addiction au cannabis



Des chercheurs ont découvert qu’une molécule produite par le cerveau constituait un mécanisme naturel de défense contre les effets néfastes du cannabis, selon une étude publiée jeudi dans la revue américaine Science. Cette découverte pourrait ouvrir la voie à de possibles traitements contre l’addiction à cette drogue.

« C'est la consommation précoce de cannabis qui est dangereuse »

Le Monde.fr | 
Propos recueillis par 
Comment parler du cannabis, notamment aux jeunes ? Certains multiplient les alertes sur ses dangers alors que d'autres appellent à la dépénalisation d'une drogue qui s'est banalisée. Dans Le Monde daté du 2 février 2013, le psychiatre Amine Benyamina, responsable de l'unité d'addictologie de l'hôpital Paul-Brousse, à Villejuif (Val-de-Marne), appelle à trouver un discours commun entre médecins.
Avec 39 % des 15-16 ans ayant expérimenté le cannabis, la France arrive en tête en Europe. Comment cela s'explique-t-il ?
Pour comprendre pourquoi nous en sommes là, il faut explorer bien des pistes. D'abord, la France est cosmopolite. C'est un brassage de populations dans lequel chacun est venu avec sa culture, notamment du Moyen-Orient, du Maghreb et d'Afrique. Le cannabis, même s'il n'est pas comme le vin ancré historiquement dans sa culture, fait partie des apports dont la France est le réceptacle. De plus, l'Hexagone est coincé entre deux vastes zones de consommation et de commerce. Le Maroc et les Pays-Bas.
Il faut ajouter une piste sociétale. Dans ce pays de débats, le cannabis est un point de clivage politique, comme la peine de mort ou le mariage gay. En fonction de sa position - pour ou contre la dépénalisation -, on est situé à gauche ou à droite. Mais le fait que ce produit soit intéressant pour le débat d'idées empêche de trouver une position consensuelle.

La légalisation du cannabis, « un jeu gagnant-gagnant économiquement »

LE MONDE | Propos recueillis par 
A Denver, le 31 décembre 2013.
A Denver, le 31 décembre 2013. | AP/Brennan Linsley
Pierre Kopp, économiste à Paris-I, souligne le coût élevé des politiques répressives et les recettes potentielles provenant d'une taxation de la marijuana.
L'Uruguay et l'Etat du Colorado optent pour la légalisation du cannabis. Comment peut-on en arriver à une telle décision, contraire, en outre, à la convention internationale sur les stupéfiants de 1961 ?
C'est le contexte qui veut cela. Depuis plus de vingt-cinq ans, la guerre à la drogue est menée sans succès, notamment dans le domaine du cannabis, et elle a un coût exorbitant aux Etats-Unis, comme ailleurs. Quand la consommation ne diminue pas, qu'une économie parallèle s'est créée, que des pans entiers d'une classe d'âge, plongée dans l'illégalité, sont en contact avec des réseaux criminels, en bref, quand la politique menée coûte cher et ne marche pas, arrive un moment où se pose la question de son changement. Si la plupart des pays n'en changent pas, comme la France, c'est parce que les gouvernements ont le sentiment que cela coûterait plus cher politiquement que cela ne rapporterait.
Quel impact faut-il attendre d'une légalisation ?
Il faudra observer de près les résultats des expérimentations lancées. La légalisation devrait aboutir à une baisse de la criminalité pour des raisons économiques, car la méthode consiste à s'attaquer à la motivation première des réseaux criminels : les profits. Le produit devenant légal, le risque diminue, les superprofits doivent donc baisser aussi. Le trafic de cannabis cesse alors d'être une activité criminelle intéressante.

Cannabis : les Français restent opposés à une dépénalisation, mais les lignes bougent

LE MONDE | Par 
Du cannabis en accès libre ? La France, qui détient le malheureux titre de championne européenne de la consommation chez les adolescents – en 2011, 24 % des jeunes de 16 ans fumaient un joint au moins une fois par mois –, n'en est pas là.
Le gouvernement prône le statu quo en matière d'évolution de la législation, même si des ministres comme Vincent Peillon ou Christiane Taubira, sans avancer de position personnelle contrairement à Cécile Duflot, ont estimé que le problème que représente le cannabis mérite débat. A l'Elysée, mercredi 1er janvier, on rappelait la position officielle : « Pas favorable à la dépénalisation. »
Mais qu'en pensent les Français ? Seraient-ils pour un aménagement de la loi française, l'une des plus répressives en matière d'usage de cannabis ? Les lignes semblent bouger. Selon l'institut CSA, qui a posé la question dans le cadre d'un sondage plus général, fin novembre 2013, 55 % jugent négativement la dépénalisation (contre 19 % positivement). Ceux qui en ont l'image la plus négative sont les plus de 65 ans, à 73 % (contre 11 % d'opinions positives), contre 44 % pour les 18-24 ans (contre 25 %).

«Chacun veut se réapproprier le contenu de son assiette»

LAURE NOUALHAT



INTERVIEW

Prolifération des régimes, allergies supposées ou réelles, les comportements alimentaires s’individualisent… Au point de ne plus manger ensemble ? Le sociologue Claude Fischler passe à table.

Si Molière moquait la gloutonnerie dans l’Avare, avec la célèbre réplique«il faut manger pour vivre, et non pas vivre pour manger», quelques siècles plus tard, nous mangeons pour nous distinguer. Ce qu’il y a dans mon assiette m’appartient et me caractérise. En conséquence, le temps où la maîtresse de maison apportait un plat unique dont chaque convive se régalait semble désormais révolu. Des régimes amincissants à l’obsession du manger sain, de nos manières de table à la phobie de l’inconnu gustatif, une vingtaine de chercheurs se sont intéressés à nos nouvelles façons de manger. Leurs recherches, compilées dans un ouvrage collectif dirigé par le sociologue Claude Fischler, à la tête du centre Edgar-Morin de l’Ecole des hautes études en sciences sociales, suggèrent une question en apparence anodine : mangerons-nous encore ensemble demain ?
La publication de cet ouvrage résulte d’un colloque sur les alimentations particulières. Comment vous est venue l’idée d’un tel thème ?
A un colloque, justement ! C’était en Australie. Le traditionnel dîner offert aux intervenants avait lieu dans un restaurant chinois de Canberra. Sur la longue carte, ma voisine de table avait choisi des gluten free springrolls, des rouleaux de printemps sans gluten. J’entamai la conversation avec cette ethnologue qui travaillait dans un groupe d’aborigènes. Souffrait-elle de la maladie cœliaque, l’intolérance au gluten ? «Probablement», me dit-elle. Mais elle n’en avait pas la preuve, n’ayant jamais reçu de diagnostic : son abstinence était le fruit d’un«choix personnel» et depuis, elle se «sentait mieux». Les rouleaux de printemps contenaient-ils généralement beaucoup de gluten ? Elle n’en était pas sûre, mais les choisir ainsi était une précaution supplémentaire.

La carte corporelle des émotions dressée par des Finlandais

03/01/2014

Des auteurs finlandais ont mené une étude originale pour réaliser une cartographie corporelle des émotions. Ils observent que« la plupart des émotions de base sont associées à une augmentation de l’activité dans la région thoracique haute, correspondant à des changements de rythme respiratoire et cardiaque ». Les sensations au niveau céphalique sont présentes également dans toutes les émotions (activation musculaire de la face, augmentation de la température, larmoiement).
Dans les émotions en relation avec les autres (colère, joie), les sensations prédominent au niveau des membres supérieurs. À l’inverse, la sensation d’une réduction d’activité des membres inférieurs est un trait marquant de la tristesse.

mercredi 1 janvier 2014

La Poste : le suicide d’un cadre reconnu comme «accident du travail» selon la CGT

Le suicide d’un cadre de La Poste en février a été reconnu comme «accident du travail» par la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) du Val de Marne, a affirmé mardi la CGT.
Le syndicat rappelle que fin septembre, l’inspection du travail avait estimé dans un courrier adressé au Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), que ce geste avait «bien un lien fort» avec le travail.

La philosophie américaine souhaite se féminiser

Le Monde Blogs 
Baltimore vient d'accueillir, du 27 au 30 décembre, un étonnant rite d'initiation, la cooptation d'une nouvelle génération de philosophes par leurs aînés. Les universités mettent à profit la trêve des confiseurs pour faire leur recrutement. C'est à cette période que se tient chaque année le congrès de l'Association américaine de philosophie (APA) qui donne lieu à une vaste bourses à l'emploi. De quoi gâcher le Noël d'anxieux candidats.
Venue de Chicago, Deborah Goldgaber a fait le déplacement, plus de 1100 kilomètres dans l'espoir de trouver un poste. Le Grinell College, prestigieuse institution d'enseignement universitaire, souhaitait la rencontrer et s'est montrée intéressée par ses travaux sur le XXe siècle français. «Cela fait trois ans que je cherche un CDI. Je cumule les CDD, sans savoir où j'habiterai dans un an, si je ne devrai pas déménager parce que l'on m'aura offert un poste ailleurs que dans l'Illinois.»

mardi 31 décembre 2013

Annoncer une maladie génétique : les enjeux du diagnostic

19/12/2013

A.-C. MAZERY
Psychologue clinicienne, Service de génétique médicale, Hôpital Necker-Enfants Malades, Paris
Dès qu’une maladie génétique est suspectée chez un enfant, parents et pédiatres se mettent en quête d’un diagnostic. Expertises cliniques, examens paracliniques et investigations génétiques sont leurs armes tout au long de leur quête. Mais si le plan de bataille proposé par le généticien est clairement consenti par les parents, le sens et la portée du diagnostic ont-ils la même résonance pour chacun ?

Une année de campagne pour des mains sans bijoux

23/12/2013

Une Equipe Opérationnelle d’Hygiène (EOH) a lancé en 2012 une campagne « zéro bijoux sur les mains », pré requis indispensable pour une hygiène des mains efficace. Il a ainsi été proposé aux soignants portant des bijoux de les appliquer sur une boîte de Pétri afin de voir la présence de micro-organismes après incubation. Les deux audits réalisés en janvier 2012 et mars 2013 ont évalué respectivement 1 233 et 1 264 soignants. Il en ressort que le taux de porteurs est passé de 41,5 % à 16,9 % (- 59 %). L’EOH prévoit un nouvel audit en 2014 afin de s’assurer de la pérennité de ces résultats.
Dr Muriel Macé
RÉFÉRENCES
M. Ravry et coll. : Une année de campagne pour des mains sans bijoux.
33ème Réunion Interdisciplinaire de Chimiothérapie Anti-Infectieuse (Paris) : 21-22 novembre 2013.

Des ados déprimés aux urgences

20/12/2013


L’estimation de la prévalence de la dépression dans la population des adolescents varie largement selon les pays : en France, elle pourrait être de l’ordre de 5 %. Le suicide en est la manifestation la plus sévère  et elle est à l’origine de troubles fonctionnels, de perturbations du sommeil, de difficultés familiales, scolaires et sociales, affectant tous la qualité de vie.
Les services d’urgences hospitalières pourraient représenter un lieu favorable au dépistage de ces troubles dans la mesure où 15 % des patients accueillis sont des adolescents de 12 à 18 ans alors qu’ils représentent 10 % de la population. C’est ce qu’a voulu vérifier une étude française menée dans trois établissements : hôpital Ambrose Paré à Boulogne, hôpital de Versailles et intercommunal de Créteil, ces centres ayant été choisis pour pouvoir  étudier des milieux sociaux différents et parce qu’ils comprennent une unité consacrée aux adolescents.

Un projet visionnaire à New York, le « Metropolome »

25/12/2013





Couverture The New Yorker
A l’heure où la multiplication des approches « omiques » pour appréhender la complexité du vivant a donné naissance au génome et ses cousins le nutrigénome, l’épigénome, le méthylome et le transcriptome, au phénome, au microbiome, au métabolome, au lipidome et son voisin le protéome dirigé par l’interactome, au connectome et j’en oublie (1), le magazine The Scientist nous propose un inédit, le « métropolome » (2).

L’histoire débute lorsqu’une petite fille de 6 mois fait pâlir d’angoisse son père, le Dr Christopher Mason, généticien au Weill Cornell Medical College de New York, en partageant tous ses jouets à la garderie avec les autres enfants et en les portant à la bouche. Lorsqu’il apprend l’existence d’un projet de microbiome de la garderie mené par des chercheurs de l'Université Drexel et Brooklyn College, une grande idée germe chez le chercheur: pourquoi ne pas explorer le microbiome de la ville de New York ?

Des accidents avec les chaises hautes de bébé !

 30/12/2013




Les chaises hautes et les rehausseurs de chaise sont utilisés pour les nourrissons qui tiennent assis, surtout au moment des repas. Ils sont généralement considérés comme  sûrs, mais une enquête ne confirme pas cette opinion.

samedi 28 décembre 2013

Les élites débordées par le numérique

Le Monde 




| ELZO DURT

Septembre 2013. Un bijoutier niçois tue son agresseur et reçoit, en cinq jours, plus d’un million de soutiens sur Facebook. Massif, ce mouvement numérique a laissé l’appareil d’Etat « comme une poule avec un couteau », avoue aujourd’hui un membre d’un cabinet ministériel. « Devant ces nouveaux usages en ligne,ajoute-t-il, nous avons du mal à formuler des réponses. »
Qu’il y ait eu ou non manipulation des chiffres, cette mobilisation hors norme est intéressante, quand on sait qu’un rassemblement en soutien au bijoutier, organisé à Nice le 16 septembre, n’a pas réuni plus de 1 000 personnes. « On a toujours relié manifestation physique et soutien affectif, observe le PDG d’Ipsos, Jean-Marc Lech. Or le numérique entraîne une révolution de l’appréhension sociologique. » Surtout, ce mouvement sociétal d’un nouveau type révèle que, dans leur grande majorité, les élites tombent de l’armoire numérique et ne soupçonnent pas la lame de fond sociétale qui se forme. L’« homo numericus » avance à toute vitesse. Bien plus vite que les gouvernants, institutions et intellectuels, souvent dépassés.

vendredi 27 décembre 2013

«On assiste à une forte dérive de la psychiatrie»



Denys Robiliard poursuit son chemin. Dans une relative solitude, ce député socialiste du Loir-et-Cher a porté pendant un an une «mission d’information sur la santé mentale et l’avenir de la psychiatrie». Il l’a fait, sans œillère, recevant tous les acteurs de cet univers fragmenté. En mai, dans un prérapport, il avait pointé une «hausse énorme» du nombre d’hospitalisations en psychiatrie sans le consentement de la personne : plus de 50% en cinq ans. Etat des lieux, à l’occasion de la fin de sa mission, d’une psychiatrie publique en panne d’avenir.

Ces dernières années, il y a eu beaucoup de rapports sur la psychiatrie qui préconisaient souvent des recommandations similaires. Mais ils n’ont pas été suivis d’effet…
Aucune des recommandations n’a en effet été mise en œuvre. Peut-être que cela pointe une force d’inertie du côté des soignants en psychiatrie, une sorte de résistance au changement.
Quel est votre diagnostic ?

Un rapport et des chiffres à donner le cafard



Le monde de la psychiatrie déteste les chiffres, considérant que les patients ne peuvent être réduits à un numéro. Dans le rapport de la mission parlementaire, des chiffres, il y en a pourtant en pagaille. Et rien que de les énoncer, cela donne une image cruelle de la situation.

Jean Starobinski: «La mélancolie peut être généreuse»

© Manuel Braun pour PM
Alors qu’il n’a cessé d’explorer dans les pas de Rousseau et de Baudelaire l’aspiration à une vie recommencée, à un autre monde, cet esprit enjoué, féru d’opéra et de spectacles, voit dans les masques la voie la plus courte vers l’authenticité.

SUICIDE MÉDICALEMENT ASSISTÉ : L’IFOP EST POUR

 

Un projet de loi autorisant le suicide médicalement assisté devrait voir le jour en 2014. Un institut de sondage y aura contribué via une «conférence de citoyens» controversée qui. Le président du Comité d’éthique anticipe-t-il le souhait de François Hollande ?

La Renaissance du sujet et l’Intelligence du rêve

Michele di Ridolfo del Ghirlandaio, d’après Michel-Ange, Allégorie de la Nuit, vers 1553-1555. Huile sur bois, 135 x 196 cm. Rome, Galleria Colonna. © Galleria Colonna, Rome
« La Renaissance et le rêve » : le titre de l’exposition est une promesse. Présentée au Musée du Luxembourg jusqu’au 26 janvier 2014, cette excursion dans la nuit de l’homme, dans sa renaissance et son éveil, explore les nouvelles perspectives nées de la révolution humaniste. Anne Dufourmantelle, philosophe et psychanalyste, auteur de l’“Intelligence du rêve” et de “Puissance de la douceur”, dévoile l’élargissement intellectuel, artistique et psychique dont témoigne ce renouveau dans la représentation du rêve. Où l’on découvre que la Renaissance fraie la voie royale de l’interprétation, en transgressant les frontières de l’art : un rappel heureux de la puissance de l’imaginaire et de l’intelligence du rêve.

«Un médiéviste est bien armé pour comprendre Internet»

INTERVIEW
Sienne 1338, le pouvoir sophistiqué des cités-républiques médiévales s’essouffle et celui des seigneuries revient sourdement. Sur les murs du Palazzo Pubblico de la puissante commune toscane, le peintre Ambrogio Lorenzetti peint des allégories sur le Bon et le Mauvais Gouvernement. Il commet un acte à la fois artistique et politique. Dans un essai magnifiquement illustré, Conjurer la peur, Patrick Boucheron, médiéviste, dévoile page après page les détails de la fresque de Lorenzetti. Tout le talent de l’historien consiste à faire résonner notre présent dans cette œuvre du passé.
Pourquoi Sienne ? Vous la décrivez comme capitale de l’art politique ou capitale de la politisation de l’art…
L’Italie médiévale est le plus urbanisé des pays d’Europe. Sienne n’est pas aussi importante que Florence ou Milan, mais à l’époque, avec ses 40 000 habitants, c’est avec une capitale européenne comme Paris ou Londres qu’il faut la comparer. L’ambition culturelle de la cité toscane est encore très sensible à qui la visite aujourd’hui. La ville semble figée dans une grandeur artistique un peu décalée par rapport à sa prospérité économique, comme si l’une compensait l’autre. Au moment où débute ce récit, on assiste à l’explosion d’une énergie culturelle, dans un contexte d’affaissement économique, la splendeur bancaire appartenant déjà au passé. Cette révolution symbolique est la traduction d’une urgence politique. Ce surinvestissement fiévreux dans l’art, et dans une intense communication politique, conjure la menace qui pèse sur le régime communal. Sienne est alors l’une des dernières cités-républiques d’Italie à tenir bon sur ses principes civiques avec un système politique très élaboré : rotation des charges, élections, décisions collégiales…

Des bébés délaissés pleins de ressources pour tisser des liens

26 DÉCEMBRE 2013
Mélanie a cinq jours et elle n’ouvre plus les yeux. Poupée de chiffon, elle laisse ses pieds et ses bras ballants lorsqu’on la soulève, ne se blottit pas, s’endort en plein biberon. A sa naissance, pourtant, Mélanie était un bébé tonique, yeux grands ouverts. Que s’est-il passé ? On cherchera en vain une maladie. Mélanie, bébé délaissé, souffre d’une absence de liens. Et la compréhension des causes de son atonie, tout comme le récit joyeux de son retour à la vie, forment l’un des chapitres les plus émouvants et instructifs du livre du pédopsychiatre Daniel Rousseau, le Pouvoir des bébés.

jeudi 26 décembre 2013

Handicap et international



Installée depuis quatre ans dans une pépinière d’entreprises face au canal Saint-Martin, à Paris, Yoola fait voyager les handicapés. Une idée évidente à laquelle personne n’avait pensé avant que son jeune fondateur, Malik Badsi, n’innove en abordant le créneau du handicap comme un marché… éthique. Avec 65 voyageurs en 2010 et 800 deux ans plus tard, Yoola a connu un élan remarquable, dû en partie à la détermination de son créateur.
Pour parvenir à ses fins, ce dernier s’est posé dès 2007 les bonnes questions. Quels obstacles concrets s’opposent au voyage des personnes à mobilité réduite ? Quels moyens techniques et humains doit-on mettre en œuvre pour ouvrir l’aventure à tous ? La solution qu’il offre aujourd’hui lui a valu le prix Talents des cités en 2012 et le grand prix de l’Innovation de la Ville de Paris en 2013.

Le présent n’a que 150 ans

Il y a ceux qui décollent soigneusement le papier. Ceux qui déchirent sauvagement l’emballage. Ceux qui secouent le paquet. Qu’on le place sous le sapin, dans l’assiette ou les souliers, qu’on l’achète à la dernière minute ou le planque pendant des mois, le cadeau de Noël, c’est tout un rituel. Un cérémonial familial tellement rodé qu’on le penserait ancré depuis des milliers d’années. Or, il date tout juste du XIXe siècle. Pire, toute cette tradition a été inventée. De quoi choper les boules ? Dans le Cadeau de Noël, histoire d’une invention (1), la sociologue Martyne Perrot conte à grands renforts de légendes, gravures, affiches des grands magasins l’émergence progressive de cette tradition qui touche toutes les sociétés occidentales. Si les «box» ont remplacé l’orange ou le ramasse-miettes (très en vogue au XIXe), le cadeau de Noël reste synonyme de fête. Déballage en cinq lettres.

Emmanuelle Guattari. Une saine enfance

ERIC FAVEREAU

Manou, fille de Félix Guattari… il y a pire comme filiation. Emmanuelle, dite «Manou», est la fille de ce magnifique philosophe, au sourire chaleureux, qui longtemps a codirigé, avec Jean Oury, ce lieu unique qu’a été - et qui reste - la clinique de La Borde, près de Blois (Loir-et-Cher).
Cet automne, Emmanuelle Guattari a publié deux petits livres autour de ce lieu mythique, dont la Petite Borde. L’air de rien, avec des mots ciselés, dans les petites histoires qu’elle raconte, transparaît le miracle de cet endroit qui voyait vivre ensemble des grands fous, des soignants, mais aussi leurs familles.