Pierre Kopp, économiste à Paris-I, souligne le coût élevé des politiques répressives et les recettes potentielles provenant d'une taxation de la marijuana.
L'Uruguay et l'Etat du Colorado optent pour la légalisation du cannabis. Comment peut-on en arriver à une telle décision, contraire, en outre, à la convention internationale sur les stupéfiants de 1961 ?
C'est le contexte qui veut cela. Depuis plus de vingt-cinq ans, la guerre à la drogue est menée sans succès, notamment dans le domaine du cannabis, et elle a un coût exorbitant aux Etats-Unis, comme ailleurs. Quand la consommation ne diminue pas, qu'une économie parallèle s'est créée, que des pans entiers d'une classe d'âge, plongée dans l'illégalité, sont en contact avec des réseaux criminels, en bref, quand la politique menée coûte cher et ne marche pas, arrive un moment où se pose la question de son changement. Si la plupart des pays n'en changent pas, comme la France, c'est parce que les gouvernements ont le sentiment que cela coûterait plus cher politiquement que cela ne rapporterait.
Quel impact faut-il attendre d'une légalisation ?
Il faudra observer de près les résultats des expérimentations lancées. La légalisation devrait aboutir à une baisse de la criminalité pour des raisons économiques, car la méthode consiste à s'attaquer à la motivation première des réseaux criminels : les profits. Le produit devenant légal, le risque diminue, les superprofits doivent donc baisser aussi. Le trafic de cannabis cesse alors d'être une activité criminelle intéressante.