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jeudi 7 juillet 2022

Charge mentale Pour organiser les vacances aussi, pas de congés pour les premières de corvée

par Lucie Beaugé   publié le 7 juillet 2022 

 Dans la continuité des inégalités de genre, une étude de l’Ifop révèle ce jeudi que 66% des femmes estiment en faire plus que leur conjoint lorsqu’il s’agit de planifier ces deux mois d’été.

On espérait au moins un allègement. Et si, durant la période des congés estivaux, les hommes mettaient plus la main à la pâte pour aider leur conjointe, car dépourvus de leurs obligations professionnelles ? Force est de constater que non. La charge mentale ne prend pas de vacances et les femmes restent toujours les premières de corvée. Dans une étude de l’Ifop réalisée pour Voyage avec nous et publiée ce jeudi, 66% d’entre elles estiment en faire plus que leur conjoint lorsqu’il s’agit d’organiser une virée à la montagne ou un séjour à la mer.

En amont des vacances, 48% des femmes se chargent notamment seules du choix de l’hébergement, contre 26% des hommes. «Si c’était mon copain qui réservait les vacances, je pense qu’on ne partirait simplement pas ! Des multiples recherches sur les sites de comparateurs de prix à la réservation de l’hôtel selon les avis, en passant par le choix des dates, je fais absolument tout», témoigne Marine, 23 ans, auprès de Libération. Lors d’un dernier week-end à la mer, son compagnon a même oublié son maillot de bain. «Non, je ne fais pas encore sa valise !» admet ironiquement la jeune femme.

«Quand les enfants étaient là, je me sentais moins en vacances»

Sur place, le train-train des inégalités continue. Selon l’étude, 54% d’entre elles préparent les repas en vacances, contre 24% des hommes, et 53% des femmes assument personnellement le ménage et l’entretien du lieu de villégiature, contre 15% des hommes. Pour François Kraus, directeur du pôle «Genre, sexualité et santé sexuelle» à l’Ifop, le déséquilibre structurel que l’on constate déjà dans les tâches du quotidien se perpétue sans surprise au soleil. «Les vacances n’échappent pas au privilège de genre. Même pour s’occuper des enfants durant le voyage, la prise en charge est plus féminine que masculine», rapporte-t-il à Libé.

Encore une fois, les chiffres parlent d’eux-mêmes : 78% des Françaises préparent les valises des bambins et 75% nettoient leur linge. Virginie (1), 53 ans, se souvient des escapades avec son mari et ses filles, lorsque celles-ci vivaient encore à la maison. «Quand les enfants étaient là, je me sentais moins en vacances. Je continuais de préparer les repas, d’impulser les douches, de prévoir les tenues suivant la météo… Maintenant qu’on est que deux, il y a une vraie différence car chacun sait se gérer de son côté», constate cette mère de famille.

«L’automobile est un objet de pouvoir, de prestige et de contrôle»

Une tâche échappe cependant au constat fait par l’étude. 58% des hommes se chargent de conduire sur le trajet des vacances contre 18% des femmes. «L’automobile est un objet de pouvoir, de prestige et de contrôle, trop chargé symboliquement pour que son partage entre les deux sexes ne soit pas perçu comme une remise en cause de leur virilité. Il y a une forme d’expertise attribuée de facto aux hommes, analyse François Kraus. C’est ce que l’on avait déjà remarqué dans une étude l’année dernière, indépendamment des vacances : les rôles de genre évoluent très peu dans l’habitacle des voitures familiales.»

Sara entre parfaitement dans ce schéma. Pour se rendre en Normandie cet été, elle ne devrait pas toucher au volant. «Je n’ai pas le droit de conduire sa voiture, mais je dois dire que ça me va très bien aussi», admet la trentenaire, ajoutant que son conjoint possède le véhicule «le plus gros», un aspect pratique lorsqu’il s’agit de voyager avec leurs enfants respectifs. Mais cette prise d’initiative en voiture n’efface en rien la charge mentale subie par les femmes le reste du temps.

Voilà plusieurs années que le terme se popularise, permettant d’impulser des études plus pointues pour mesurer les inégalités au sein du couple. En mai, Libération reprenait notamment cet autre chiffre de l’Ifop : 81% des femmes affirment en faire plus que leur conjoint dans les corvées liées aux animaux de compagnie. «La charge mentale et le déséquilibre de la répartition des tâches sont un sujet extrêmement large. Il ne s’agit pas uniquement de se rendre compte de qui fait le plus le ménage, soulève François Kraus. Les inégalités existent à la fois au quotidien mais aussi dans ce qui relève de l’exceptionnel, comme les vacances.»

(1) Le prénom a été modifié.


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