par Léa Masseguin publié le 11 mars 2022
L’intensification des combats en Ukraine a déjà contraint plus deux millions de personnes à prendre le chemin de l’exil. Les treize équipes de l’Unicef, l’agence onusienne consacrée à l’amélioration et à la promotion de la condition des enfants, viennent en aide aux familles en Ukraine et dans les pays frontaliers. La plupart des mineurs sont «traumatisés et terrifiés», décrit Ann Avril, directrice générale de l’Unicef France.
Sur plus de deux millions de personnes qui ont fui l’Ukraine, la moitié sont des enfants. Est-ce un phénomène propre à ce conflit ?
Dans toutes les guerres, ce sont les familles et les personnes âgées qui partent les premières. Cette crise ressemble malheureusement à toutes les autres situations de conflit. Au vu de la structure de la population ukrainienne, il est donc normal qu’un réfugié sur deux soit un enfant. Or, les mineurs sont des populations vulnérables à beaucoup d’égards. Il faut donc être en capacité de les prendre en charge de manière adéquate durant leur exil.
Quels sont les premiers besoins de ces enfants lorsqu’ils arrivent hors d’Ukraine ?
En Ukraine et dans plusieurs pays frontaliers (Roumanie, Pologne et bientôt Moldavie), nous avons mis en place des «blue dots», des espaces sécurisés, facilement reconnaissables, pour les enfants et leurs familles. De tels dispositifs avaient déjà été mis en œuvre sur la route des Balkans en 2015, lorsque des millions de réfugiés syriens avaient fui leur pays. L’idée est de les accueillir durant quelques heures, voire quelques jours, pour ne pas les sédentariser. Nous leur fournissons des services d’accès à l’eau, d’assainissement et d’hygiène, ainsi que des repas et des vêtements chauds. Beaucoup ont passé plusieurs jours à attendre dans le froid, alors que les infections respiratoires sont la première cause de mortalité infantile. Des psychologues et des psychiatres sont également présents pour prendre en charge les traumatismes qui peuvent être énormes chez les enfants.
Dans quel état les enfants arrivent-ils aux frontières ?
Ils sont traumatisés, terrifiés, veulent que leur calvaire se termine. Ils ont tous quitté leur foyer de manière brutale, souvent du jour au lendemain. Plusieurs centaines d’enfants arrivent aussi sans leurs parents, restés combattre en Ukraine, ou qu’ils ont perdus en route. D’autres ont été confiés à des amis, à des voisins. On sait que les enfants isolés, dans une position d’extrême vulnérabilité, peuvent être victimes d’abus (adoption abusive, agressions sexuelles, travail forcé, etc.). On met alors tout en place pour leur assurer une protection et réussir à retrouver les familles, quand cela est possible.
Près de 100 000 enfants ukrainiens, dont la moitié en situation de handicap, sont pris en charge dans des institutions ou internats. Comment s’assurer qu’ils pourront fuir les combats ?
C’est effectivement un phénomène inquiétant et propre à l’Ukraine. L’Unicef était d’ailleurs en discussion avec les autorités avant l’intensification du conflit pour améliorer cette situation. Nous sommes inquiets pour ces enfants, encore plus vulnérables que les autres. Beaucoup sont pris au piège dans les combats et il est souvent difficile de les faire sortir en raison de leur handicap. Nous travaillons activement pour s’assurer qu’ils puissent être mis à l’abri.
Le nombre de réfugiés va-t-il augmenter ?
Oui, on s’attend à beaucoup d’arrivées à mesure que les combats se rapprochent des Ukrainiens, ou qu’ils les affectent directement. On estime que quatre millions de personnes pourraient être amenées à quitter leur pays, dont deux millions d’enfants.
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