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mercredi 16 mars 2022

Royaume-Uni Harcèlement de rue : Londres pousse les hommes à réagir

par Katia Dansoko Touré   publié le 17 mars 2022

Initiée par le maire de la capitale, Sadiq Khan, la campagne «Have a word» invite les hommes à recadrer leurs amis dans les cas de harcèlement de rue. Une initiative saluée au Royaume-Uni, notamment par les associations.

Sadiq Khan, maire de Londres, a fait de la lutte contre les violences faites aux femmes l’une de ses priorités. Le 13 mars, il a levé le voile sur une campagne de sensibilisation contre le harcèlement de rue. Intitulée «Have a word» («Dites quelque chose»), elle invite les hommes à recadrer leurs amis, plutôt que de rester spectateurs, quand ceux-ci harcèlent sexuellement une femme dans la rue ou tiennent des propos misogynes.

Cette campagne, qui complète un projet de la municipalité d’aide aux femmes victimes de violences domestiques, se déploie sur les murs de la capitale britannique et via les réseaux sociaux. Le 14 mars, Sadiq Khan a posté sur Twitter et Instagram le spot vidéo de l’opération, avec la légende suivante : «La violence des hommes envers les femmes commence par des mots. Si vous assistez à une telle scène, discutez avec vous-mêmes – puis avec vos amis. #HaveAWord».

La vidéo d’une minute et cinquante-deux secondes met en scène un groupe de jeunes hommes qui se retrouvent dans les rayons d’une épicerie pour acheter des chips et de quoi boire avant de continuer à discuter, en chahutant, devant l’entrée de l’établissement. L’un d’eux aperçoit une jeune femme sur un banc, elle attend un taxi en consultant son portable. Il fait signe à ses amis et lui lance un «Ça va ma chérie ?» Bientôt, il s’installe à côté d’elle, ses amis approchent aussi. Là, il lui propose, ou plutôt lui ordonne, de prendre une chips. Visiblement effrayée, la jeune femme ne dit rien, l’homme commence à l’invectiver.

«Tu ne vas rien dire là ?»

Puis un des copains-spectateurs se retrouve téléporté face au miroir de sa salle de bains. Son reflet s’adresse à lui : «Non mais Jacob, tu ne vas rien dire là ? Regarde-la, mec.» La jeune femme se lève pour tenter d’échapper au harceleur qui ne la lâche pas d’une semelle.«Qu’est-ce que tu fais ? Tu dois dire quelque chose. Ce n’est plus une blague là», reprend le reflet de Jacob. La jeune femme est au bord des larmes tandis que le harceleur continue de lui crier dessus. C’est là que Jacob intervient enfin : «Mais qu’est-ce que tu fais ? Ça suffit. On y va.» La jeune femme entre en pleurs dans le taxi tandis qu’une voix off dégaine le propos de la campagne.

Un détail d’importance est à relever : le harceleur est blanc et le défenseur, noir. En 2014, un spot du même acabit, tourné à New York par une association américaine de lutte contre le harcèlement de rue, dénonçait le problème en mettant en avant une jeune femme blanche uniquement alpaguée par des hommes noirs ou latinos…

81% des femmes déjà victimes en France

La campagne de Londres a été saluée en Angleterre par des associations féministes ou de lutte contre les violences faites aux femmes mais aussi par des clubs de football comme l’AFC Wimbledon ou, en Premier League, Chelsea, le Brentford FC ou Arsenal.

En France, en novembre 2015, le gouvernement avait mis en place une campagne contre le harcèlement dans les transports en commun avec une vidéo de vingt secondes où une femme se faisait notamment traiter de «sale chienne» pour ne pas avoir répondu à un homme.

Trois ans plus tard, en mars 2018, le groupe RATP et la région Ile-de-France déployaient des affiches où les harceleurs étaient représentés par des animaux (loup, requin, ours, …) prêts à bondir sur des jeunes femmes effrayées. Un étrange parti pris qui avait d’ailleurs fait grincer des dents.

En avril de la même année, c’est la ville de Lausanne, en Suisse, qui imaginait un musée fictif du harcèlement de rue dans une vidéo qui reprenait, notamment, le fameux «les attraper par la chatte» de Donald Trump.

Malgré la multiplication de ce type d’initiative, le harcèlement de rue reste un fléau. En juillet 2020, une enquête Ipsos révélait, qu’en France, 81% des femmes avaient déjà été victimes de harcèlement sexuel dans les lieux publics. Seuls 20% d’entre elles déclaraient avoir été aidées. Et 86% des gens indiquaient ne pas savoir comment réagir quand ils étaient témoins de harcèlement de rue.

En mars 2021, Ipsos établissait également que, depuis le début de la pandémie de Covid-19, une femme sur trois avait été victime d’au moins une situation de harcèlement sexuel dans un lieu public malgré les couvre-feux et confinements successifs.


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