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dimanche 15 août 2021

Pandémie Variant delta  : les enfants, plus ciblés que jamais  ?

par Elhia Pascal-Heilmann

publié le 14 août 2021
La hausse des cas positifs et des hospitalisations chez les moins de 12 ans inquiète quant à la dangerosité de la quatrième vague pour les plus jeunes. 

Aux Etats-Unis, Ava Rivera, âgée de 11 mois, est devenue un symbole du rebond épidémique de Covid-19. En détresse respiratoire, l’enfant, originaire de Houston (Texas), a été transportée d’urgence en hélicoptère vers un service de réanimation le 7 août pour y être intubée. D’après les chiffres du Centre américain pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), elle fait partie des centaines de jeunes enfants hospitalisés chaque jour après une contamination au coronavirus aux Etats-Unis, qui enregistre le rajeunissement le plus important des admissions depuis le début de la pandémie. Les formes graves et les décès restent néanmoins rares chez les moins de 12 ans, inéligibles à la vaccination, mais la forte contagiosité du variant delta y compris chez les enfants inquiète à travers le monde.

Transformation de l’épidémie

L’Indonésie ne connaît que trop bien les ravages de l’épidémie chez les plus jeunes. Frappé de plein fouet cet été par une vague meurtrière le pays, qui compte moins de 10 % de vaccinés, enregistre l’un des taux de mortalité les plus importants chez les enfants avec plus de 1 200 décès, dont la majorité entre juin et juillet. Mais si le virus frappe fort parmi les plus jeunes là où le système de santé est le plus défaillant et où la couverture vaccinale est moindre, le cas des Etats-Unis suggère une potentielle transformation de l’épidémie, qui toucherait également les pays les plus avancés dans la vaccination. Face aux chiffres qui s’affolent, plusieurs chercheurs, en majorité américains, osent l’hypothèse. Et si la quatrième vague était celle des enfants ? Plus dangereux et plus contagieux, le variant delta, quasi majoritaire dans le monde, le serait aussi pour les enfants, jusqu’ici épargnés par les mutations et les vagues successives. Soumis à leur entourage, notamment leurs parents, les enfants subiraient un report de la maladie sur les populations non vaccinées, donc plus vulnérables. Médecin à l’hôpital des enfants de Houston, au Texas, le Dr James Versalovic en veut pour preuve la baisse de l’âge moyen des hospitalisations : entre juin et août, il est passé de 16 ans en moyenne à 5 ans.

Au-delà des frontières américaines, les cas positifs chez les moins de 19 ans grimpent aussi en flèche en France. Alors qu’on enregistrait en moyenne 400 cas par jour en juin, on en déclare désormais plus de 5 000, dont une vingtaine en réanimation. Un chiffre loin d’être anodin pour les médecins de l’hôpital pour enfants de Nice (lire ci-contre), qui alertent sur l’augmentation du nombre de nourrissons et de bébés dans leurs services. En dehors de l’Hexagone, on se veut également prévoyant. Le 10 août dernier, la chancelière allemande Angela Merkel appelait ses concitoyens à la prudence pour les plus jeunes : «On se vaccine aussi pour ceux qui ne le peuvent pas», déclarait-elle, évoquant la question des enfants.

Vaccination des moins de 12 ans ?

En annonçant l’extension du pass sanitaire, le «badge vert», aux enfants de 3 ans et plus à partir du 18 août, Israël opte aussi pour une politique de précaution, si la dangerosité du delta devait s’avérer effective pour les plus jeunes. En dépit des alertes, il est toutefois encore impossible pour les chercheurs de trancher définitivement et de ­soulager les parents inquiets. Car de cette quatrième vague, plus de questions émergent que de réponses et les gouvernements tâtonnent.

En France, comme dans la majorité des pays, ni l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) ni la Haute Autorité de santé (HAS) ne se sont prononcées en faveur de la vaccination des enfants des moins de 12 ans. Reste alors la vaccination des ­femmes enceintes et des nouveaux parents comme solution privilégiée par le gouvernement français pour éviter la contamination des nourrissons et les risques de naissances prématurées liées au Covid-19.

Après plusieurs mois d’atermoiements, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a tranché le 20 juillet en faveur de la vaccination des femmes enceintes dès le premier ­trimestre. L’injection était jusqu’alors ­conseillée seulement à partir du deuxième. Une semaine plus tard, ­seringue en main, plantée dans l’épaule de sa collègue enceinte Olivia Grégoire, le ministre a réitéré son incitation devant les caméras dans un coup de communication remarqué à l’hôpital Necker, à Paris. L’ex-députée fraîchement vaccinée évoquait, elle, un acte «de précaution et de responsabilité».


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