par LIBERATION et AFP publié le 13 mai 2021
Dans un rapport de remis à Matignon, le Conseil national de lutte contre la précarité et l’exclusion sociale (CNLE) fait état d’une pauvreté exacerbée par la pandémie dans l’Hexagone.
Rupture d’activité, suppression des services publics, poids du logement toujours plus lourd : la crise sanitaire a fait sombrer une grande partie des Français dans la pauvreté. Cette fois, l’alerte est sonnée par le Conseil national de lutte contre la précarité et l’exclusion sociale (CNLE), qui a remis son rapport mercredi au Premier ministre, Jean Castex. «Cette crise a été à la fois un révélateur et un amplificateur des inégalités sociales de la pauvreté», explique à l’AFP Fiona Lazaar, présidente du CNLE.
En 2019, la France comptait 9,1 millions de personnes dites «pauvres», c’est-à-dire avec moins de 1 070 euros net par mois. Si les chiffres pour 2021 ne sont pas encore connus, de grandes tendances ont émergé depuis le début de la crise. En fin d’année 2020, les Restos du Cœur indiquaient une hausse de «plus de 30%»des demandes alimentaires en métropole. De même, selon l’Insee, le nombre d’allocataires du RSA a passé la barre des deux millions (+4,8% en un an), et le chômage a augmenté de 6,3% sur un an, selon les derniers chiffres officiels.
Aggravant la situation des plus précaires, la crise du Covid a également «entraîné l’exposition d’un nouveau public à la pauvreté», expliquent les rédacteurs du rapport. Parmi les premiers concernés : les indépendants, salariés en CDD, intérimaires, travailleurs de l’économie informelle ou encore les étudiants, particulièrement touchés par la rupture d’activité.
Si cet impact est avant tout mesuré monétairement, le CNLE n’exclut pas sa dimension multifactorielle. «La crise a également eu un impact en termes d’inégalité face à l’accès à l’éducation, en termes de souffrance psychologique, de souffrance psychiatrique, liée notamment à l’isolement», souligne Fiona Lazaar.
Insuffisance des aides sociales pour les jeunes
Population déjà fragile avant la crise, la génération des 18-25 ans a fait l’objet d’une attention toute particulière par les experts. Le rapport ne nie pas les inégalités intergénérationnelles pouvant limiter les effets de la crise sanitaire chez certains jeunes mais il est catégorique : «Toute la génération a été touchée par les effets de la crise sanitaire.»
Selon les chiffres de l’Insee, c’est pour la catégorie des 18-24 ans que la progression du chômage a été la plus forte (+ 2,8 points) sur l’année 2020. Le rapport met également en lumière l’insuffisance des aides sociales accordées aux plus jeunes. La faiblesse des aides aux étudiantes, malgré la présence des allocations logement, et l’impossibilité de compenser les faibles revenus par un job étudiant ont débouché sur des problèmes de pauvreté très prononcés pour la catégorie de jeunes ne pouvant pas compter sur les revenus familiaux. «Les images dramatiques des files d’étudiants et d’étudiantes faisant la queue pour accéder à l’aide alimentaire, si elles ne reflètent pas la situation de l’ensemble de la jeunesse, témoignent des effets du désavantage structurel de cette catégorie», affirme le rapport.
L’instauration du RSA jeune, proposée par François Ruffin est toujours refusée par le gouvernement, même si celui-ci a tout de même accepté d’assouplir les conditions d’éligibilité à la garantie jeunes, permettant un accompagnement rémunéré vers l’emploi.
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