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lundi 27 juillet 2020

Voir le syndrome d’alcoolisation fœtale en face

Publié le 27/07/2020


Le syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF) détermine des lésions cérébrales responsables d’un large spectre de handicaps nécessitant une prise en charge pendant la vie entière. De surcroît, l’intoxication est également la cause de malformations viscérales multiples, de retard de croissance intra-utérine et post-natale, de microcéphalie et de dysmorphie faciale caractéristique.

Des praticiens et psychologues australiens font part de leur expérience au sein d’un centre consacré aux troubles du développement. Les patients examinés étaient adressés pour perturbation du développement psychomoteur (40 %), suspicion de SAF (40 %) ou les deux (20 %). Le bilan comportait une analyse rigoureuse des traits de l’enfant en se basant sur un guide australien de diagnostic définissant chaque anomalie faciale et en s’aidant de photos tirés d’un site américain qui montraient les traits dysmorphiques indépendants des différences ethniques. Les 3 points caractéristiques étaient des fentes palpébrales étroites (>2 DS au-dessous de la moyenne), un philtrum lisse et une lèvre supérieure réduite. En leur présence, le diagnostic était assuré.

En cas de tableau incomplet, un audit standard d’un proche de la mère permettait de mesurer la consommation alcoolique.

Un minimum de 3 domaines sur 10 du développement était évalué portant sur les anomalies neurologiques : microcéphalie, malformation cérébrale (corps calleux), convulsions, handicap moteur et sur la motricité fine, les connaissances, le langage, la scolarité, la mémoire, l’attention, le fonctionnement exécutif, la communication et les capacités d’adaptation. Ce bilan était complété par les tests génétiques.

Reconnaître le SAF devant des troubles du développement psychomoteur

Sur une période de 20 mois, le diagnostic de SAF a été porté 37 fois. L’âge moyen des enfants était de 6,4 ans ± 1,04 et 80 % étaient des garçons ; 73 % étaient d’origine européenne, les autres Aborigènes ou d’autres ethnies. Les résultats ont montré le grand impact du SAF sur le cerveau. Tous les enfants souffraient d’un certain niveau de handicap dans au moins 5 des 10 domaines évalués. Les anomalies cotées sévères étaient les malformations cérébrales (20 %), les troubles de l’attention (87 %), des conduites adaptatives (67 %), de la motricité fine (53 %), du langage (33 %) avec un retentissement sur les connaissances et la scolarité. De surcroît, des diagnostics psychiatriques étaient souvent associés, déficit de l’attention avec hyperactivité (73 %), voire autisme (7 %). Malheureusement, 73 % des enfants avaient un environnement familial très perturbé par des violences et des atteintes psychiatriques.

En conclusion, le syndrome d’alcoolisation fœtale doit faire partie du diagnostic des troubles du développement psychomoteur. Tout pédiatre et toute personne prenant en charge ces enfants doit être entraîné à reconnaitre les traits caractéristiques à l’aide de photos.

Pr Jean-Jacques Baudon
RÉFÉRENCE
Webster H et coll. Community-based child development service fetal alcohol spectrum disorder assessment: a retrospective clinic audit. J Pediatr Child Health 2020;56;777-785.

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