Mesure-phare du projet de loi bioéthique, actuellement en deuxième lecture, l’extension de la PMA aux femmes seules et aux couples de femmes est une promesse de campagne d’Emmanuel Macron.
« Disparition » du père, ouverture de la « boîte de Pandore » vers la gestation pour autrui (GPA) : les opposants à la PMA pour toutes les femmes, disposition-phare du projet de loi bioéthique, sont revenus à la charge, mardi 28 juillet, en deuxième lecture à l’Assemblée.
Après un examen poussif des premiers amendements depuis l’ouverture des débats lundi, les députés ont entamé dans la soirée ceux dédiés à l’article 1er du projet de loi. Il élargit la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires, promesse de campagne d’Emmanuel Macron.
Dans une atmosphère tendue, une batterie d’amendements de suppression ont été défendus en vain sur cet article, objet à lui seul de plus de 550 amendements, sur les quelque 2 300 que les députés doivent examiner d’ici à la fin de la semaine.
« Ligne rouge »
Les Républicains (LR), farouchement opposés à la PMA pour toutes, ont dénoncé la création d’emblée « d’orphelins de pères » ou le risque d’une « marchandisation de la procréation », réaffirmant leur inquiétude que l’ouverture de la PMA ne mène « inéluctablement » à la GPA. « Quand on dépasse les bornes, il n’y a plus de limite », a notamment lancé Julien Aubert.
Valérie Six (UDI) a aussi exprimé une crainte que l’extension de la PMA ne conduise à « une marchandisation du vivant », tandis que Laure de La Raudière (Agir) a dit sa « perplexité » devant un texte qui, selon elle, revient à priver « volontairement d’une figure masculine paternelle certains enfants ». Farouche opposante à la PMA pour toutes, l’ex-LRM Agnès Thill (UDI) a accusé la majorité, dans une longue tirade, de « dépasser les limites humaines ».
La « marcheuse » Blandine Brocard, qui avait voté contre l’article en première lecture, a aussi estimé que la mesure « laisse en suspens les conséquences sur l’enfant, le plus vulnérable d’entre nous ».
Le corapporteur Jean-Louis Touraine (LRM) a défendu pour sa part un article « essentiel », le « fondement même de notre loi », estimant que l’idée que cela mène vers la GPA relève du « fantasme ». Le premier ministre, Jean Castex, issu de LR, a encore insisté mardi sur le fait que l’interdit de la GPA demeure une « ligne rouge ».
« Outrances »
Le ministre de la santé, Olivier Véran, a pour sa part argué que « l’amour est la base du foyer familial », vantant un nouveau droit pour « des milliers de familles qui feront des milliers d’enfants ». Son propos a suscité des tensions avec les LR, pour qui l’argument de l’amour est « trop facile ». M. Véran a en particulier eu un accrochage avec Xavier Breton, inquiet de voir un jour « trois adultes » vouloir un enfant, le ministre lui lançant : « Vous comparez la polygamie avec des femmes qui veulent avoir des enfants dans le cadre d’une PMA, c’est indécent ! »
Les LR ont ensuite critiqué le départ du ministre, remplacé au banc par Adrien Taquet (enfance et familles), lui reprochant de « fuir » le débat. Ils se sont vus accusés à leur tour par Aurore Bergé (LRM) d’avoir « rompu » la sérénité des discussions avec des « outrances ».
En toute fin de soirée, des amendements PS, LFI et LRM visant à ouvrir la PMA aux hommes transgenres ont été rejetés. Comme en première lecture, le gouvernement y était défavorable. Le débat, nourri, a révélé des divergences dans la majorité.
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