Samedi, deux jours après le rejet par la majorité d’une proposition de loi visant à faire passer la durée de ce congé de cinq à douze jours, Emmanuel Macron a « demandé au gouvernement de faire preuve d’humanité ».
« Douze jours, je pensais que ça passerait comme une lettre à la poste. » A l’image de François Ruffin, député (La France insoumise, LFI) de la Somme, de nombreux élus et personnalités publiques ont fait part de leur indignation à la suite du rejet par la majorité d’une proposition de loi Union des démocrates et indépendants (UDI)-Agir visant à porter de cinq à douze jours le congé donné aux parents après le décès d’un enfant.
Samedi 1er février, deux jours après le vote, le président de la République Emmanuel Macron a « demandé au gouvernement de faire preuve d’humanité », a fait savoir l’Elysée.
La ministre du travail Muriel Pénicaud a reconnu le même jour que le gouvernement avait fait « une erreur » en s’opposant à cette proposition. « Face au deuil, il faut du soutien psychologique et nous allons le renforcer. Mais il faut aussi un temps de répit », a-t-elle ajouté, s’engageant « à trouver dans les prochains jours les solutions » pour un passage à douze jours.
Vendredi, une « concertation » avait été annoncée par Muriel Pénicaud et le secrétaire d’Etat chargé de la protection de l’enfance Adrien Taquet afin de « déterminer les mesures pertinentes de soutien aux parents en cas de perte d’un enfant, y compris une meilleure organisation des congés ».
« Pas à la hauteur pour reprendre pied »
Le vote sur la proposition de loi avait eu lieu jeudi, son rapporteur, le député (UDI-Agir) du Nord Guy Bricout, jugeant que les cinq jours donnés actuellement ne sont « pas à la hauteur » pour « reprendre pied suite à la mort d’un enfant ».
En réponse, la députée (La République en marche, LRM) de la Sarthe Sereine Mauborgne avait défendu la « possibilité pour l’employeur de créer un compte de don » de RTT par les collègues du salarié endeuillé. De son côté, la ministre du travail avait aussi mis en avant que le texte tel qu’il était rédigé ne reposait pas sur la solidarité nationale, mais sur un congé « payé à 100 % par l’entreprise ».
Ces propos ont soulevé l’indignation dans l’hémicycle. « On parle de la tragédie des tragédies », a lancé François Ruffin, dénonçant une majorité « mesquine », tandis que le député (apparenté Les Républicains, LR) des Ardennes Pierre Cordier dénonçait une « honte ». Bruno Retailleau, le patron des sénateurs LR, a lui indiqué qu’il proposerait « à l’ensemble des groupes politiques du Sénat de déposer en commun et de voter cette proposition de loi ». « Une question d’humanité » a-t-il ajouté.
Vendredi matin, c’est le président du Medef lui-même, Geoffroy Roux de Bézieux, qui a demandé un nouveau vote en faveur des douze jours. « C’est une évidence et c’est lancé », a-t-il répondu dans un tweet à l’ancienne présidente de l’organisation patronale Laurence Parisot, qui avait estimé un peu plus tôt que « le Medef s’honorerait à demander un nouveau vote de cette proposition ».
Chaque année en France, 4 500 enfants meurent avant d’avoir atteint la majorité.
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