Grace Ly —
Il nous aura fallu le coronavirus pour saisir que la maladie du racisme anti-asiatique se niche dans notre chair.
«Ils mangent tout, ces gens-là», «Ça ne m'étonne pas que ça vienne de Chine, parce que l'hygiène, là-bas…», «Gardez votre virus chinois!».
L'épidémie de coronavirus 2019 n-Cov qui sévit en Chine depuis décembre 2019 a ouvert la boîte de Pandore du racisme anti-asiatique partout dans le monde. Les réseaux sociaux débordent d'insultes, les médias font gonfler la psychose, les gens se sentent autorisés à répandre leur racisme dans la rue envers des personnes perçues comme asiatiques, et les enfants répètent dans la cour d'école tout ce qu'ils entendent.
C'est moche, je vous l'accorde. L'autre jour, au café, en me voyant arriver au comptoir, un homme a gloussé en direction de ses copains: «Vite, mettez vos masques!» La pharmacie au coin de ma rue est en rupture de stock de masques chirurgicaux, alors que les professionnel·les de santé ont affirmé qu'ils étaient inutiles pour les populations saines.
Pas le premier symptôme
Ma triste expérience de Parisienne n'est rien comparée aux violences graves –exclusion, agressions– éprouvées par nombre d'Asiatiques en France, dont beaucoup ont témoigné spontanément sur les réseaux sociaux grâce au hashtag #JeNeSuisPasUnVirus.
Rien de tout cela n'est normal. Rien de tout cela n'est acceptable. Le coronavirus est un prétexte, bien sûr. Le racisme anti-asiatique n'a pas été fabriqué à Wuhan, épicentre du virus en Chine: il nous hante depuis bien longtemps. La peur de la maladie a dévoilé les vrais visages et gratté la terre fertile d'un racisme ancré dans nos mentalités.
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