Comme la meilleure arme contre la pédophilie est certainement la détermination à en parler et à briser enfin le silence assourdissant qui facilita trop longtemps sa relative impunité, et que la première information requise, pour mieux la dénoncer, c’est déjà d’évaluer son étendue précise, une équipe de l’Université du Québec à Montréal (Canada) a réalisé une enquête auprès de 8 194 adolescents (âge moyen = 15,35 ans), dans un « échantillon représentatif d’adolescents et d’adolescentes des écoles secondaires » du Québec. Objectif des chercheurs : estimer la prévalence des agressions sexuelles pendant l’enfance et des associations éventuelles avec divers problèmes de santé mentale ou de comportements à risque (en particulier les addictions). Notons que cette recherche s’appuie sur des données plus générales, les résultats d’une « enquête sur le parcours amoureux des jeunes »[1].
Les principaux problèmes de santé mentale observés sont la détresse psychologique, une symptomatologie de stress post-traumatique, des idées ou comportements suicidaires, et des attitudes à risque pour la santé physique ou/et mentale, en particulier la consommation d’alcool, de cannabis ou d’autres drogues.
Un risque accru de détresse psychologique
Constatant qu’environ « près de 15 % des filles et de 4 % des garçons déclarent avoir vécu une agression sexuelle durant l’enfance », les auteurs observent aussi que cet antécédent traumatique est « associé à un risque accru de détresse psychologique, à une plus grande utilisation des services de santé et à une fréquence plus élevée de comportements à risque », même après contrôle des données pour certains facteurs sociodémographiques et pour d’autres formes de maltraitance que la maltraitance sexuelle.
Cette enquête permet ainsi de documenter la triste réalité des agressions sexuelles sur mineurs et de confirmer leur association fréquente avec un risque d’une multitude de conséquences négatives. Mais cette meilleure connaissance de la situation ne doit représenter bien sûr qu’une première étape, pour inciter à développer ensuite « des stratégies de détection précoce et des programmes de prévention et d’intervention » pouvant combattre ce problème efficacement.
Dr Alain Cohen
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