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lundi 23 juillet 2018

« Six semaines après », une exposition sur la réalité quotidienne des mères

Sophie Motte | 


Saint-André-Lez-Lille

La dépression post-natale n’est pas uniquement féminine, elle touche également des hommes. Photo Delphine Chenu
La dépression post-natale n’est pas uniquement féminine, elle touche également des hommes. Photo Delphine Chenu

« Il s’agit d’une exposition sur la réalité quotidienne des mères et non sur la dépression post-natale. À travers elle, nous voulons informer sur ce qu’être mère veut dire, loin des clichés qui nous sont véhiculés. » Patricia Do Dang est pédopsychiatre au sein de l’établissement de santé mentale de Saint-André-Lez-Lille. Depuis 2011, conjointement avec le Conseil lillois de santé mentale, l’établissement mène un projet pour « prévenir et accompagner la dépression post-natale ». C’est dans ce cadre qu’est née l’idée de mettre en œuvre deux projets artistiques : une pièce de théâtre et une exposition de photos.

«   La dépression post-natale touche entre 10 % et 20 % des femmes, c’est un vrai problème de santé publique   »
Entre la pression sociale toujours plus forte qui s’exerce sur les mères et leur désir d’hédonisme propre à notre société, les femmes qui souffrent d’une dépression post-natale sont de plus en plus nombreuses aujourd’hui   : «  Cette dépression touche entre 10 % et 20 % des femmes, c’est un vrai problème de santé publique, explique la pédopsychiatre. Il s’agit d’une vraie dépression qui peut avoir des conséquences importantes sur la relation mère-enfants.  » Une maladie qu’il est important de ne pas confondre avec une autre : «  Le baby-blues touche en moyenne 80 % des femmes. C’est une crise émotionnelle due à la chute des hormones et à la fatigue, qui intervient entre le troisième et le cinquième jour après l’accouchement. »
L’objectif de l’exposition est d’agir de manière préventive sur le facteur socio-culturel de la dépression post-natale : «  Combattre les croyances erronées notamment celle qui suppose que la maternité est forcément heureuse ou que l’instinct maternel existe et que le rôle d’une femme est d’être mère.  » Pour illustrer le décalage qui existe entre les croyances et le vécu, un appel à modèles a été lancé. Le profil recherché : des femmes volontaires, mère d’un bébé âgé de 6 à 12 semaines, là où se situe le pic de la dépression.
«  Elles étaient courageuses de montrer leur quotidien à une inconnue.  » Delphine Chenu est la photographe qui a participé au projet. Spécialisée dans le portrait depuis 13 ans, elle a été impressionnée par ces mannequins d’un jour : «  Ces mamans ont toutes été touchantes dans le sens où elles se sont investies dans le projet et ont compris le message qu’il fallait délivrer. J’ai passé en moyenne entre une et deux heures avec chacune d’entre-elles. On co-créait la séance ensemble. Au début, je leur demandais « qu’est ce qui est problématique dans votre quotidien ?» Puis, elles réalisaient cette tâche pour que je puisse les photographier.  »

Un prix coup de cœur
Le 30 mai dernier, les deux projets artistiques coordonnés par l’EPSM de l’agglomération lilloise et le Conseil lillois de santé mentale, se sont vus décerner le prix coup de cœur du jury culture-hôpital de la Fédération hospitalière de France. Les 20 clichés qui forment l’ensemble de l’exposition sont visibles jusqu’au dimanche 22 juillet à la maison folie de Moulins à Lille. Les photographies de l’exposition sont également disponibles à la circulation pour toutes structures souhaitant sensibiliser son public aux problématiques qui entourent les notions de parentalité et d’enfance.
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