En mai dernier, l’Agence régionale de santé (ARS) annonçait le transfert d’une partie du service psychiatrique du Centre hospitalier Buëch-Durance (CHBD) de Laragne vers le Chicas de Gap. Ce “programme régional de santé” prévoit l’installation de 25 lits d’accueil hospitalier en psychiatrie dans un étage inoccupé de l’hôpital de Gap.
Une « aberration » selon Anéïla Lefort, cheffe du service de psychiatrie générale. Le personnel soignant et les élus se sont mobilisés, par crainte de voir la fin de l’hôpital psychiatrique de Laragne.
« Assurer une continuité »
« Il ne suffit pas d’avoir 25 lits disponibles pour ouvrir une unité psychiatrique, lance Anéïla Lefort, en réponse au projet porté par Claude d’Harcourt, directeur général de l’ARS Paca. Un étage fermé ne peut pas garantir de bonnes conditions d’accueil pour des patients atteints de troubles psychiatriques. » Si seuls les lits d’accueil sont transférés, les patients seraient baladés de Gap pour le début de l’hospitalisation, puis à Laragne en “post-crise” avant d’être accompagnés par une structure ambulatoire proche de son domicile.
« En psychiatrie, il faut beaucoup d’espace et une équipe médicale qui assure une continuité, explique la psychiatre. À Laragne, nous avons de bonnes conditions d’exercice, tout est ouvert, les patients ne sont pas enfermés, c’est très verdoyant et agréable. » Le Dr Lefort déplore néanmoins la vétusté des locaux, datant de 1959, et la distance qui sépare le centre hospitalier des proches des patients. La psychiatre n’est pas contre une installation du service de psychiatrie à Gap mais dans un endroit qui puisse offrir les meilleures conditions de traitement aux malades. « Gap, c’est la cité du département, c’est là qu’il y a les activités, les familles, du personnel soignant disponible. Parce qu’à long terme nous allons avoir un problème de recrutement des médecins psychiatres, peu d’entre eux accepteraient encore de venir jusqu’à Laragne pour exercer. »
Un groupe de consensus qui ne convainc pas
Anéïla Lefort alerte sur le besoin de réfléchir à la réorganisation globale de la psychiatrie dans les Hautes-Alpes. « Nous faisons de la bonne psychiatrie dans les Hautes-Alpes avec un maillage territorial performant. Cependant un service hospitalier à temps plein à Laragne n’a pas beaucoup d’avenir à cause de la démographie médicale », analyse-t-elle.
Et sur ce sujet, elle se retrouve déçue du “groupe de consensus” créé par l’ARS : « J’espérais un groupe de travail mais finalement je ne vois pas vraiment son utilité. » L’unique question posée aux élus et personnel médical composant ce groupe est “voulez-vous transférer des lits de psychiatrie au Chicas ?”. Oui ou non, la réponse va vite. Le groupe de consensus ne souhaite pas que ses discussions soient publiques avant l’audit commandé par l’ARS. L’avenir de la psychiatrie dans les Hautes-Alpes est donc en attente. Les observations de cette étude seront connues à l’automne.
La Psychiatrie de Laragne à Embrun Seul le secteur public assure un service médicalisé en psychiatrie dans les Hautes-Alpes. L’hôpital de Briançon couvre l’est du département jusqu’au Guillestrois, le reste dépend de Laragne. o L’hôpital de Laragne comprend trois pavillons psychiatriques. Le Provence est dédié à 23 lits d’hospitalisation, l’Edelweiss peut recevoir jusqu’à 15 personnes en situations de handicap mental lourd et le Gentiane dispose de 15 lits de “post-crise”, transition entre l’hospitalisation complète et le retour à domicile. Le service d’addictologie est doté de 20 lits. o En complément, des structures ambulatoires (à Veynes, Gap, St-Bonnet et Embrun) assurent un suivi et un traitement des patients n’ayant pas besoin d’une hospitalisation. Les psychiatres et les acteurs sociaux assurent le maillage territorial qui permet de soigner 85 % des patients admis en psychiatrie
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