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Dès la rentrée, les premières formations d’infirmiers en pratique avancée
– statut hybride entre l’infirmier et le médecin – verront le jour.
Ces professionnels pourront notamment être chargés de la prescription
médicamenteuse.
C’est une petite révolution, après des années de blocages et de
polémiques, qui va transformer l’offre de soins en France. Au terme de vives
négociations, entamées en 2016 suite à la
loi santé de Marisol Touraine, les infirmiers de pratique avancée (IPA) -
dont le statut est considéré à mi-chemin entre le médecin et l’infirmier -
commenceront à être formés dès la rentrée 2018. Cette option de parcours, déjà
existante depuis les années 60 au Royaume-Uni et au Canada, vise à
renforcer l’autonomie de ces professionnels de santé qui, selon les termes du
décret entré
en vigueur le 19 juillet au Journal officiel,«participeront
désormais à la prise en charge globale des patients.» Une nécessité,
en France, compte tenu du manque criant de médecins dans de nombreuses zones du
territoire.
Quel sera le rôle de l’infirmier de pratique avancée ?
L’infirmier de pratique avancée sera autorisé à intervenir dans trois
domaines : les pathologies chroniques stabilisées, la prévention et
polypathologies courantes en soins primaires – avec une liste précise de
pathologies concernées (comme le diabète ou la maladie d’Alzheimer) –
l’oncologie et l’hémato-oncologie et dans les cas de maladies rénales
chroniques, les dialyses et les transplantations rénales.
Dans le cadre d’un travail d’équipe coordonné par un médecin, l’infirmier
de pratique avancée sera disposé à conduire un entretien avec le patient, de se
pencher sur ses antécédents et de procéder à son examen clinique. Par ailleurs,
il pourra entreprendre des actes techniques, se charger de la prescription
médicamenteuse (renouveler et adapter des traitements) comme de certains
examens de biologie médicale. L’infirmier pourra en outre organiser des
parcours entre les soins de premier recours, les médecins spécialistes et les
établissements de santé ou médico-sociaux.
Comment se déroulera la formation ?
Contrairement au parcours infirmier actuel, qui vise à l’obtention d’un
diplôme d’Etat après validation de trois années de formation en institut de
formation en soins infirmiers (Ifsi), l’infirmier de pratique avancée doit
suivre un master (bac +5) à l’université après avoir justifié de trois années
d’activité professionnelle.
Pour l’heure, très peu d’établissements sont à même de proposer une
formation pour les IPA dès septembre. Jusqu’alors, seules les universités
d’Aix-Marseille et de Versailles
Saint-Quentin-en-Yvelines, proposaient déjà un master en pratique avancée
(Master Sciences clinique en soins infirmiers). Selon Thierry Amouroux, le
porte-parole du syndicat national des professionnels infirmiers, 400 infirmiers
ont été formés dans ce master à ce jour. Les ministères de la Santé et de
l’Enseignement supérieur ont toutefois précisé œuvrer pour qu’une formation, a
minima, soit ouverte par région à l’horizon 2019. Enfin, le gouvernement s’est
engagé à former 5 000 IPA d’ici à la fin du quinquennat.
Concernant le contenu de cette formation, un tronc commun comprendra des
cours de santé publique, de sciences infirmières et de pratiques avancées,
ainsi que des cours d’anglais médical, en amont des périodes de stage. Du côté
des enseignements pratiques, les étudiants seront notamment formés aux travaux
de recherche et à la pratique d’examens cliniques.
Enfin, à la fin de leur parcours, trois mentions relatives aux domaines
d’interventions ouverts aux futurs praticiens seront proposées : oncologie
et hémato-oncologie, maladie rénale chronique, dialyse, transplantation rénale,
pathologies chroniques stabilisées ou prévention et polypathologies courantes
en soins primaires. D’après les informations de l’Étudiant,certaines
facultés pourraient offrir uniquement cette dernière mention.
Ce nouveau statut est-il contesté ?
Le principal point de friction concerne l’autorisation de prescription
attribuée aux IPA, une compétence jusqu’alors exclusivement réservée aux
médecins. «La prescription est le cœur du métier de médecin et ne peut
être déléguée sans protocolisation», déplorait le docteur Jean-Paul
Ortiz, président de la confédération des syndicats médicaux français, dans un
article de Generaliste.fr suite
à la présentation du projet de décret en mars 2018.
Si l’extension du champ de compétences des infirmiers de pratique avancée
semble, à première vue, satisfaire une demande de longue date des syndicats
infirmiers, nombre d’entre eux l’estiment insuffisante, à l’instar de Marianne
Pache, secrétaire générale du syndicat national des infirmiers et infirmières
libéraux et infirmière de pratique avancée en exercice. «Grâce aux
compétences acquises lors de ces deux années de master, une infirmière de
pratique avancée est tout à fait en mesure de travailler seule, déclare-t-elle
à Libération. Or, le décret qui vient d’être publié montre que les
infirmiers auront encore l’obligation de suivre un protocole entièrement choisi
par le médecin. Le gain d’autonomie est insuffisant en regard de
l’investissement qu’implique ces deux années d’études supplémentaires.»
Du même avis, Patrick Chamboredon, le président du conseil national de
l’ordre des Infirmiers, insiste toutefois sur le bénéfice de cette initiative
dans le cadre de la lutte contre les déserts médicaux : «Même si
les textes auraient pu aller plus loin en donnant davantage d’autonomie aux
futurs IPA, la création de ce nouveau professionnel de santé constitue une
réelle avancée pour la profession d’une part, mais surtout pour l’amélioration
de l’accès aux soins. L’IPA pourrait, face au vieillissement de la population,
à l’explosion des maladies chroniques et à l’inégale répartition des
professionnels de santé sur le territoire, combler un déficit dans l’offre de
soins.»
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