| 23.05.2018
Constitué au mois de février, le groupe de réflexion initié par le Syndicat des managers publics de santé (SMPS) et la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH)* a rendu aujourd'hui ses propositions en vue du projet de transformation du système de santé. Délibérément muet sur les questions relatives aux nouveaux modes de financement, ce super think tank s'affirme convaincu que « la contrainte financière ne peut rester l'unique levier de mobilisation collective ». Il aspire à prendre de la hauteur sur les transformations de l'hôpital public tout en proposant des mesures« concrètes, innovantes et opérationnelles ».
Les 26 membres du groupe – médecins, directeurs, soignants et patients – ont donc formulé des propositions en sept points visant à « remettre la santé au cœur de l'hôpital public ». Parmi les chantiers principaux, restaurer la confiance et redéfinir la gouvernance interne et externe des hôpitaux.
Mieux gérer les conflits
Lors de la présentation du rapport, le président du SMPS et leader du groupe Jérémie Sécher a clairement affiché son ambition : « Il faut restaurer la confiance dans le système de santé. » À juste titre, car plusieurs sondages récents (sondages Odoxa du 10 octobre 2017 et du 26 mars 2018) ont pointé d'une part l'insatisfaction des usagers et d'autre part le malaise des professionnels hospitaliers. Côté patients, le taux de personnes insatisfaites de leur dernier séjour à l'hôpital a atteint la barre des 25 %. Côté professionnels, 79 % d'entre eux estiment que leur travail n'est pas reconnu à sa juste valeur alors qu'un sur trois considère manquer de temps pour l'accomplir. Pour y remédier, le « Groupe des 26 » préconise d'associer directement les patients aux directoires des établissements et de consulter systématiquement des comités de citoyens sur les grands projets hospitaliers territoriaux. Concernant les professionnels et pour répondre au malaise ambiant, le groupe veut combattre le mal à la racine. Au niveau de l'établissement comme au niveau territorial, une structure devra être mise en place pour détecter les potentiels conflits. « Un baromètre social sera réalisé annuellement auprès de l'ensemble des salariés d'un établissement », indique également le rapport. Sur le manque de temps, « les 26 » recommandent la création de nouveaux métiers – en ingénierie, en codage ou en secrétariat – destinés à réduire les lourdeurs administratives qui imputent aux professionnels hospitaliers.
Docteur et manager
Moins de travail administratif, mais plus de gestion des troupes. Car pour le Dr Philippe Denormandie, praticien hospitalier et co porte-parole du groupe de réflexion, le plus important est de redéfinir la gouvernance des établissements en y incluant de manière plus approfondie les médecins. « Il faut réenchanter l'aspect managérial du métier », a-t-il répété. Plusieurs pistes sont proposées dans ce sens. La plus emblématique d'entre elles : dé-correler le statut de manager du statut d'expert en professionnalisant – par une formation initiale ou continue – les acteurs de santé. Le « Groupe des 26 » est convaincu que c'est en donnant du sens au management de proximité que les différentes communautés professionnelles de l'hôpital pourront s'entendre et collaborer efficacement. Des « animateurs d'équipe » seront alors nommés, pour une durée déterminée, au sein des différents services de l'hôpital. Cette méthode de travail devra s'accompagner de la mise en place de moments d'échange entre les professionnels afin qu'ils puissent évaluer leur pratique.
Ces propositions tous azimuts qui se veulent des pistes innovantes pour accompagner la transformation du système de santé seront prochainement présentées au ministère.
* Actionnaire du « Quotidien »
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